L’audience de France Bleu s’érode. Pour la deuxième année consécutive, le réseau des locales de Radio France a perdu des auditeurs (189000, selon Médiamétrie). Et s’il fédère chaque jour 3,7 millions de personnes, cela ne représente plus que 6,8% de parts d’audience.
« Alors que notre étiage était plutôt entre 7,5 et 8%, indique Gabriel Valdisserri, directeur de France Bleu Gironde. Ce n’est pas dramatique, mais il vaut mieux anticiper. »
Aussi, le responsable de l’antenne de France Bleu justifie le choix d’Eric Revel, le directeur du réseau : retirer aux stations locales la tranche 8h45-9h30, pour la confier à l’animateur de TF1, Jean-Luc Reichmann (Les douze coups de midi…).
« Réseau désincarné »
Le hic, c’est que ce créneau est « l’un des plus écoutés de chaque locale », selon la CGT de Radio France. Comme l’ensemble des syndicats, elle appelle à la grève ce jeudi 18 mai, veille d’un CCE (comité central d’entreprise) au cours duquel cette décision doit être présentée. Le mot d’ordre : « Un réseau local désincarné, on n’en veut pas ! »
« On a appris l’arrivée de Jean-Luc Reichmann par la presse, souligne Julien Collin, technicien à France Bleu Gironde et secrétaire Sud du comité d’entreprise Radio France Sud Ouest. C’est une prise de risque délirante et dangereuse. Nous n’avons pas de souci avec Jean-Luc Reichmann, qui a une image populaire, certes pas très service public. Mais ce n’est pas un mauvais casting. En revanche, se faire confisquer par l’antenne nationale un créneau aussi important, le prime time pour la radio, c’est sans précédent. On risque de perdre l’audience pour le reste de la matinée, et je ne comprends pas le message envoyé, alors que ce créneau a toujours été assuré localement, et que c’est un moment d’infos service pour les auditeurs. »
Correction de Gabriel Valdisserri :
« En vérité nous aurons pendant ces 45 minutes un décrochage local toutes les 7 minutes pour de la publicité, la météo, les infos trafic… Je sais que l’idée d’aller chercher une star de la télé énerve. Mais l’érosion de notre matinale en terme de réseau est réelle, il faut bien l’arrêter. Et si on fait venir une prise de guerre, c’est bien pour la programmer aux horaires où elle a une chance de faire de l’audience, et d’être en concurrence frontale avec les autres radios. »
Mauvaises ondes
Mais pour les syndicats, le projet de grille est révélateur d’un mouvement vers la suppression d’horaires et la diminution des moyens des locales. Ils en veulent pour preuve le transfert au national d’un autre créneau, le 14h-16h (déjà rendu par France Bleu Gironde à la Maison Ronde l’an dernier).
« Une fois de plus, on perd une partie de la production faite localement, déplore Ezequiel Fernandez, journaliste et délégué du personnel Sud Radio France. C’est scier la branche sur laquelle on est assis. On pourra de moins en moins justifier d’avoir tant de personnels pour faire tourner la radio. »
La suppression des journaux nationaux de 7 heures, 7h30 et 8 heures pour en confier la réalisation à chacune des 44 rédactions locales, ne trouve pas non plus grâce à leurs yeux (et leurs oreilles) :
« Le traitement d’infos nationales, sur lequel les locales n’apporteront pas de valeur ajoutée, pose de vrais problèmes, estime Julien Collin. Notamment sur l’organisation des rédactions, alors que les matinaliers sont déjà très occupés. »
Ce jeudi, les syndicats espèrent pour cette grève ponctuelle une mobilisation forte avant le CCE :
« Nous voulons montrer qu’on ne laissera pas passer, reprend Julien Collon. La direction n’a pas pris en compte la colère qui monte dans le réseau. Après le CCE, nous verrons s’il faut passer à un mouvement reconductible. »
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