Sans surprise, c’est une majorité absolue que récolte le parti présidentielle au deuxième tour des élections législatives. Sur 577 sièges de députés, La République en Marche (LREM) en a emporté 319 et le Modem 42. Les autres partis se contentent du reste, pour certains comme le parti socialiste, de quelques miettes.
Est-ce à cause du raz-de-marée macroniste annoncé que les électeurs ont boudé les urnes ? Les Girondins, comme tous les Français, ont voté ce dimanche au compte-goutte pour le second tour des élections législatives. Tout au long d’une journée caniculaire, les chiffres les plus faibles tombaient les uns après les autres.
A 12h, le taux de participation en Gironde était de 16,52 % contre 19,27 % au 1er tour. A la même heure, il était de 20,48 % en 2012 et de 25,40 % en 2007. A 17h, toujours en Gironde, pas mieux ! Le taux de participation était de 34,25% contre 42,20 % au 1er tour. En 2012, il était de 45,63 % et de 52,89 % en 2007.
A 20h, les derniers chiffres confirment une abstention nationale record : 56,6%. C’est elle qui attire toutes les attentions. Elle dépasse le niveau déjà historique (51,29%) atteint au premier tour :
« Les gens ne votent pas, ce n’est pas normal. Ils restent chez eux au frais et après ils vont aller se plaindre et manifester dans la rue », s’emportait un partisan de la France Insoumise à la sortie d’un bureau de vote, traitant les abstentionnistes de tous les noms d’oiseaux.
La surprise des 131 voix
Mais finalement, le parti de Jean-Luc Mélenchon peut se réjouir sur les terres girondines. Il s’offre un député inespéré sur la 3e circonscription où son candidat, Loïc Prud’homme, obtient 50.20% des voix et bat le candidat LREM, Marik Fetouh… de 131 voix. Ce dernier, bien avant les résultats, s’était très vite inquiété du taux de participation et « des électeurs démobilisés dont une partie considérait que c’était acquis d’avance ». Même si l’abstention sur sa circo n’était pas la pire (57,18%).
L’insoumis a du attendre 22h pour savourer sa victoire. Même si, dans son QG, vers 21h on rapporte que son adversaire aurait déjà reconnu sa défaite, on a joué la prudence et évité l’emballement. Dans la soirée, le candidat de la France Insoumise avait accumulé près de mille voix de retard avant que la tendance s’inverse et se confirme grâce au bastion béglais.
Les militants laissent éclater leur joie. Loïc Prud’homme rend hommage à ses soutiens et à ceux qui ont appelé pour voter pour lui. Il rappelle que l’abstention à ce suffrage « oblige à la plus grande modestie » et qu’il s’agit une preuve supplémentaire de « l’état de mort clinique de cette 5e république » devant une assemblée réunissant les différents candidats FI, dont Christophe Miqueu défait sur la 12e circonscription.
Pour annoncer la couleur, l’élu appelle aussitôt à rejoindre la manifestation du front social prévu ce lundi à 18h30 place de la victoire à Bordeaux.
Un premier engagement
Malgré sa victoire annoncée face à Nicolas Florian (LR) sur la 1re circo, Dominique David (LREM) a, elle aussi, pointé le faible taux de participation :
« C’était prévisible. On nous a tellement donnés gagnants qu’à un moment ça a démobilisé les électeurs. Ici, en Gironde, on a à la fois souffert des très bons résultats du premier tour, mais aussi, et d’une manière générale, d’une certaine lassitude des électeurs avec ces élections qui s’enchainent et qui durent depuis près d’un an : les primaires, les présidentielles et aujourd’hui les législatives… »
Est-ce que gagner son mandat dans ces conditions rend le poste de député moins légitime ? Celle pour qui c’est une première s’en remet à son travail à venir où elle promet d’ « essayer de faire avancer les choses en France ».
A son QG de campagne, les sourires ne sont pas cachés même si des militants regrettent de passer de 400 à 480 députés espérés à presque 100 de moins. Pourtant, l’assemblée nationale aura bel et bien le pouvoir de décision entre les mains d’un parti unique, LREM, sans la nécessité des voix du Modem, même si la nouvelle député a des nuances à apporter :
« Ce n’est pas un parti unique, il y a des gens qui viennent de différentes tendances et d’horizons très divers. C’est un premier engagement pour moi en politique mais c’est 32 ans de vie professionnelle. Et si je m’engage aujourd’hui dans La République en Marche c’est pour m’affirmer telle que je suis avec mes convictions. Ce sera un engagement très fort et je n’y renoncerai pas parce que je suis au sein d’un parti unique. »
Au final, la Gironde offre 9 députés LREM et 1 député modem, balayant les deux candidates FN, Sandrine Chadourne (10e circo) et Edwige DIAZ (11e), et mettant KO le PS qui voit trois de ses figures disparaître des rangs de l’assemblée : Marie Récalde, Pascale Got et Gilles Savary. Seul le socialiste Alain David sauve la face en gagnant de justesse son duel (50,91%) face à Aziz S’Kalli-Bouaziza (LREM) sur la 4e circo qui a connu le plus fort taux d’abstention du département : 62,65%.
« Envie d’y croire »
Les dégâts chez Les Républicains sont aussi importants avec la défaite d’Yves Foulon face à Sophie Panonacle (LREM) sur la 8e circo et la déroute de Nicolas Florian et Anne Walryck. Cette dernière est sèchement battue par la nouvelle venue, Catherine Fabre, dont le QG au dernier étage d’un immeuble bordelais baignait dans le soleil de cette fin de dimanche. « Une victoire dans la lumière jupitérienne ! » s’emballe un militant.
Mais là encore, c’est le fort taux d’abstention de ce second tour qui fait rebondir l’élue :
« Je m’aperçois que notre premier défi sera de faire renaître la confiance des français afin de les ramener à la politique. »
« Envie d’y croire et de repartir » est donc « l’un des défis essentiel » de Catherine Fabre. Elle assure œuvrer pour des chantiers en lien avec son expertise, à savoir la formation professionnelle des jeunes, le renforcement de l’apprentissage et l’aide à la reconversion professionnelle. Elle y ajoute :
« Je suis consciente de l’enjeu de ce mandat en terme de relance de l’économie, de construction de l’Europe, de refondation de la protection sociale sur des bases à la fois ambitieuses et mieux adaptées au monde d’aujourd’hui. Je me dispose donc à mettre ma patte sur d’autres sujets, et c’est une nouvelle mission que j’aborde avec enthousiasme et responsabilité. »
Mais avant de les mettre en œuvre sur les bancs de l’hémicycle, l’élue devra suivre, dès ce week-end, un séminaire de formation pour préparer la rentrée parlementaire. Une rentrée à laquelle les 12 députés girondins vont devoir répondre présents dès le mardi 27 juin à 15h.
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