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Expéditions légères : #7 Le fleuve sans débit

Rassemblant une scientifique, une réalisatrice, un écrivain et deux accompagnateurs, l’expédition Alosa alosa, utilise le kayak pour suivre le parcours migratoire des aloses entre leur lieu de naissance et l’océan.

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Expéditions légères : #7 Le fleuve sans débit

(© Mélanie Gribinski)

Ce devait être l’épisode délicat du premier jour. Le passage du rapide des Roches de Reculay, le plus beau site d’eau vive (hors Pyrénées) du Sud Ouest selon Boris. Et le soir, devant le petit feu de camp on se demandait encore si on le franchirait à pieds, avec un portage, ou, au risque de se retourner, en navigant. Mais il s’agissait là d’un imprévu prévu. Moins prévue était l’option de commencer à ramer dès notre arrivée à Nicole, chassés de notre lieu de bivouac par le ronronnement bruyant d’une pompe d’irrigation. Embarquement direct à la recherche d’un lieu plus calme pour passer la nuit.

Dans l’eau verte des bancs de petits poissons nous font comme un comité d’accueil. Parmi, les cyprinidés, les poissons de friture, Françoise croit reconnaître des juvéniles d’alose probablement fallax, feintes. La canne de pêche est vite gréée mais l’asticot empalé sur le petit hameçon ne tente aucun de ces mini prédateurs des premiers niveaux de la chaine trophique. C’est dans le soleil couchant que nous arrivons au petit hameau de Monheurt où une fête se prépare à l’endroit où nous pensions planter nos tentes. Il faut repartir vite et trouver un lieu avant l’obscurité. Vers l’aval une autre pompe se fait entendre. Vers l’amont une petite plage de graviers avec des pans d’herbes à peu près plats avait attiré notre attention mais il faut remonter le courant. Nous choisissons l’effort contre l’incertitude. Contre toute attente, nous remontons sans difficulté : le fleuve est sans débit.

Nous irons plus loin dans le constat désastreux le lendemain matin, après avoir quitté les deux pêcheurs de silure rencontrés la veille et leur prise de la nuit (1,74m de placidité vorace) et alors que nous nous mettrons en route vers les roches. Boris, qui a fait de nombreuses compétitions de kayak dans le secteur, n’a jamais vu le niveau d’eau aussi bas. Plus bas que le niveau d’étiage normalement atteint en septembre. Ce n’est pas un fleuve, c’est un étang constate Françoise, il y a des algues comme ces lagarosiphons une espèce arrivée récemment en Garonne et considérée comme invasive, qui pourrait signaler l’eutrophisation et la concentration des nitrates.

Plus tard, Tonneins la ville fortifiée contre les crues violentes du fleuve, le port des rêves à Lagruère avec sa toise des crues (la plus haute à 10,72 m en 1930,  la plus récente à 8,37 m en 1985) nous renverront au cauchemar inverse. Quant au rapide, un peu crispant pour quatre d’entre nous, il est complétement dégonflé pour l’expert. Pour lui, la « grosse veine », la vague finale, réputée pour sa hauteur, n’aura été qu’un gros remous une promenade de santé.


#Alosa alosa

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