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30/04/2024 date de fin
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Le poinçonneur de pneus bordelais a un « profil de serial killer »

L’homme qui aurait crevé les pneus de 6000 voitures depuis 2011 dans la métropole bordelaise a été arrêté mercredi. La première expertise psychiatrique l’a jugé sain d’esprit et décrit comme « obsessionnel et solitaire ». Le poinçonneur, qui dit avoir été victime de maltraitance pendant son enfance, sera jugé le 18 mai prochain. Il risque 2 ans de prison.

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Le poinçonneur de pneus bordelais a un « profil de serial killer »

Le poinçonneur bordelais a un vrai « profil de serial killer », affirme la procureur Marie-Madeleine Alliot. « Du fait de sa personnalité obsessionnelle et solitaire, il aurait pu commettre d’autres méfaits » plus dangereux, selon la magistrate, qui s’exprimait ce jeudi lors d’un point presse au tribunal de Bordeaux.

Car le Bordelais de 45 ans, interpellé mercredi, agissait depuis 2011 avec méthode : vêtu d’un costard-cravate, il ne jouait du poinçon que la nuit, entre 2h et 6h du matin. Il consignait toutes les voitures attaquées dans un carnet, avec un code permettant de ne pas faire de lien direct avec les crevaisons, et suivait un plan précis des villes de l’agglo et quartiers à écumer – il pouvait poinçonner jusqu’à 35 voitures par nuit.

« Il fallait que ça s’arrête »

Pour ne pas se faire repérer, il portait un costard-cravate, ne se déplaçait qu’à pied et avait repéré toutes les caméras de vidéosurveillance… Toutes, sauf une près du Parc Bordelais, qui a permis de le repérer, grâce au recoupement avec des photos prises précédemment à Talence par des riverains sur le pied de guerre, qui se levaient la nuit pour guetter. Et de l’arrêter dans la nuit du 22 novembre alors qu’il sortait de chez lui, muni de son poinçon.

« Il fallait que ça s’arrête, déclare Brigitte Jullien, inspectrice générale. Cela peut paraitre anodin comme affaire, mais c’était un problème du quotidien pour les particuliers, et cela fait plaisir de dire aux gens qu’on s’est occupé de vous. Les enquêtes pour atteintes aux biens aboutissent rarement mais c’est l’ampleur de celle-ci qui nous a mobilisé. »

Plusieurs services étaient en effet sur la brèche depuis 3 ans, et l’ouverture d’une enquête par le commissariat des Capucins, suite aux dépôts d’une centaine de plaintes pour dégradation de pneus – le poinçonneur crevait toujours les roues avant et arrière du même côté de la voiture, laissant peu de doute sur le vandalisme, et obligeant à changer le train entier de pneumatiques.

Pas de motif politique

Après une garde à vue lors de laquelle il a reconnu les faits, le « serial poinçonneur » – « surnom auquel il tient beaucoup », ont précisé les officiers de police -, a été déféré au parquet. Celui-ci a requis le placement sous bracelet électronique. Le juge des libertés et de la détention a décidé une mesure plus souple de placement sous contrôle judiciaire pour cet homme sans casier, et dont la première expertise psychiatrique a conclu qu’il était pleinement responsable de ses actes.

Présentation à la presse d’extraits du carnet du « serial poinçonneur » (SB/Rue89 Bordeaux)

Il comparaitra le 18 mai 2018 devant le tribunal correctionnel, et devra faire face aux 1100 plaignants qui se sont manifestés. Et ceux-ci pourraient être beaucoup plus nombreux encore puisque le prévenu revendique 6000 voitures touchées… Le montant du préjudice est estimé à 400000 euros, le prévenu risque 2 ans de prison et 300000 euros d’amende pour dégradations et destructions volontaire.

Ce jeudi, les enquêteurs ont écarté tout motif politique – aucun lien avec les Dégonflés, par exemple, même si un propriétaire de 4X4 a été visé à 6 reprises – et crapuleux – le poinçonneur n’était pas de mèche avec Speedy ou les Pneumatiques Jean-Michel. Cette personne sans emploi bénéficiaire de l’allocation adulte handicapé (sans que l’on en sache la cause) est décrite comme « bien intégrée ».

Des complices haut placés

Selon le vice-procureur Jean-Claude Bellot, en charge de l’enquête, l’homme agissait « par vengeance vis à vis de la société », déclarant avoir été victime de maltraitance pendant son enfance :

« Il a besoin d’être reconnu, et le dit ainsi : « Quand je parle, on ne m’entend pas, on ne m’a pas écouté, j’ai trouvé une autre façon de me faire entendre ». »

C’est simplement en trouvant un poinçon dans la rue que ce personnage « assez surprenant, à l’intelligence certaine, et très informé », aurait décidé de s’attaquer aux voitures.

« Il voulait attirer l’attention sur lui, et a pris du plaisir en lisant le récit de ses méfaits dans Sud-Ouest ». « Bravo, vous vous avez été complice du poinçonneur ! » lance alors Marie-Madeleine Alliot aux deux confrères du quotidien régional (plus une consœur de TV7) dépêchés sur place. Faits divers + problèmes d’automobilistes = on ne voit vraiment pas pourquoi la presse en ferait des caisses.


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