« On m’accepte et c’est comme un engagement que je dois tenir. Pour les réfugiés, les aides se font sur les salaires des autres. Si tu travailles, tu participes toi aussi. […] C’est comme une façon de vivre ensemble. »
Abeer est un réfugié Irakien arrivé en France en 2015. Avec d’autres réfugiés venus de plusieurs pays, il a accompagné une équipe bordelaise à la réalisation du « Guide du réfugié » (version numérique sur ce lien). Sortie officiellement ce lundi 4 décembre, cette publication est une première du genre :
« Un tel guide n’existait pas, précise la présentation. D’autres outils ont été créés pour les demandeurs d’asiles, les migrants, les immigrés mais pas un Guide pour les réfugiés statutaires. Peu d’associations s’occupent de ces réfugiés une fois le statut obtenu, au moment où commence réellement l’intégration dans la société française et que se posent de nombreux problèmes concrets. »
Réussir l’intégration
30 000 personnes obtiennent en moyenne le statut de réfugié chaque année en France. Pour leurs permettre ensuite de réussir leur intégration dans la société française, Anne Rouffi (cheffe de service du pôle intégration au Centre d’accueil pour demandeurs d’asile), Christophe Dabitch (écrivain), Cami (dessinatrice), et Laurent Labat (graphiste), ont imaginé avec l’association Welcome Bordeaux un outil clair et pratique pour les aider dans les démarches nécessaires pour apprendre la langue française, faire la demande d’une carte de séjour, connaître les conditions pour obtenir un logement, s’assurer une couverture santé…
« L’obtention du statut de bénéficiaire de la protection internationale en France signifie l’entrée concrète et de plein droit dans la société française. Après le départ de leurs pays et l’exil, la demande d’asile semble pour les réfugiés un aboutissement, mais cette étape est en fait le début d’un long parcours fait de démarches concrètes, de complexités administratives, d’apprentissage de la langue, de recherche d’emploi et de logement, d’insertion sociale et culturelle… L’après statut s’avère ainsi un temps difficile durant lequel certains traumatismes du passé peuvent également resurgir », explique Anne Rouffi.
Cette publication, éditée en version papier bilingue français et anglais, mais aussi en plusieurs versions numériques en quatre langues (français-anglais-russe-arabe) s’adresse également aux travailleurs sociaux, associations, organisations, bénévoles et institutions, qui travaillent aux côtés des réfugiés.
Un travail commun
En plus d’Abeer, Hosam le Palestinien, Joseph le Congolais, Anna la Russe, et bien d’autres, ont apporté leurs témoignages et leurs parcours de vie. Leurs expériences ont permis à l’équipe éditoriale d’aborder tout un éventail de renseignements allant jusqu’aux principaux textes de loi et règlements spécifiques concernant les réfugiés sur le sol français tout en évitant un langage « trop administratif ».
Les différentes parties sont ponctuées par des bandes dessinées tirées des témoignages des réfugiés.
« L’originalité du guide est, entre autres, ce travail commun entre réfugiés, travailleurs sociaux et artistes avec les objectifs d’une compréhension et d’une consultation facilitée de même qu’une information au plus près de la réalité », explique Christophe Dabitch.
Amnesty International France et JRS France (Jesuit Refugee Service) ainsi que de nombreuses associations (Cimade, Gisti, France Terre d’Asile, Action Emploi Réfugié, Forum réfugié, Singa, FNARS, Médecins du monde, etc.) apportent leur soutien au Guide du réfugié. Deux mécènes privés, qui souhaitent rester anonymes, ont permis de financer le projet démarré en 2016 de même que le Conseil départemental de la Gironde.
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