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Les Ford ripostent aux annonces de départ de Blanquefort

Malgré le soutien populaire et celui des élus, la direction de Ford-France s’arque-boute et souhaite partir de Blanquefort. Les salariés exigent une autre stratégie d’entreprise que celle menée depuis 2011, et révélée par un document interne. Enfin, Rue89 Bordeaux refait les comptes : plus de 120 millions d’euros d’aides publiques auraient été touchées par Ford. Bref, ça chauffe à Blanquefort.

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Les Ford ripostent aux annonces de départ de Blanquefort

« J’ai vraiment ressenti du mépris de la part de Ford. On ne répond à rien, on se contente de lire la déclaration prévue, on reporte tout à la semaine prochaine. »

La maire de Blanquefort, Véronique Ferreira laisse échapper son dégoût sur twitter à la fin de la tenue du comité de suivi de l’usine Ford Aquitaine Industrie (FAI). La réunion réunissait ce vendredi la direction de Ford, les élus, le préfet, le délégué interministériel à la « restructuration industrielle » et l’intersyndicale représentant les 910 salariés.

Il s’agit de la première rencontre entre toutes ces parties depuis les souhaits formulés par Ford d’en finir avec son site girondin. Une position confirmée dans un communiqué à l’issue du comité. Après 2019 la direction n’ambitionnerait « aucune opportunité de production Ford » à FAI.

« Nous assumons »

Elle promet de « travailler étroitement avec toutes les parties prenantes afin de rechercher un repreneur potentiel intéressé par le site et engagé à proposer une solution viable et pérenne pour le site de Ford Aquitaine Industries ». Une équipe serait déjà en passe d’être formée pour « l’identification d’un potentiel repreneur ». Elle pourrait être présentée dès le 15 mars au comité d’entreprise. Pour enfoncer le clou, la direction conclut le cœur sur le main :

« Nous sommes conscients qu’il s’agit d’une période difficile pour nos salariés, leurs familles et pour la communauté locale. Nous réitérons que nous assumons pleinement nos responsabilités à l’égard de nos salariés et nous engageons à la plus totale transparence pour les informer, en temps et en heure, de toute avancée significative de développement. »

Face à cette décision, l’opération « Usine morte » lancée par l’intersyndicale (CGT, CFTC, FO, CFDT, CFE-CGC) semble avoir fonctionné. Entre 500 et 250 salariés, élus et citoyens sont descendus dans la rue, au pied de la préfecture de Gironde où se déroulait le comité de suivi.

Salariés et élus mobilisés pour Ford Blanquefort (photo La Clé des Ondes)

Ces 120 millions d’euros d’aides publiques

En fin de semaine dernière, le ministre de l’économie Bruno Le Maire avait assuré les syndicats et élus locaux de son soutien plein et entier. Le secrétaire du Comité d’Entreprise Gilles Lambersend reste donc ferme sur ses positions :

« Il y a un front commun entre les représentants des salariés et les élus locaux voire nationaux pour demander à Ford de revoir sa copie. On reste là pour dire que Ford ne doit pas partir », déclare-t-il à la radio La Clé des Ondes.

Il rappelle d’ailleurs que cette décision ne reste qu’un choix stratégique, que l’entreprise est bénéficiaire et qu’elle compte investir 11 milliards d’euros pour les véhicules électriques à travers le monde – alors pourquoi pas en Gironde. D’autant que pour lui, le constructeur automobile a des comptes à rendre.

Depuis 2008, selon lui, 50 millions d’euros d’aides publiques (dont le crédit impôt compétitivité emploi) ont été perçus par le géant américain. Un document de la CGT Aquitaine, exhumé par Rue89 Bordeaux, estime qu’entre son implantation en 1970 et sa première tentative d’évasion en 2008, l’entreprise a perçu 71,5 millions d’euros de deniers publics.

Un décompte qui ne comprend par les aides à la formation ni celles au titre du chômage partiel de 1979 et 1984, ni celles régionales ou locales pour les investissements productifs ou de recherches précise le document. Bref, malgré les nombreuses données manquantes, depuis 1970, plus de 120 millions d’euros sont sortis des poches des contribuables pour faire tourner l’usine de Ford.

Les leçons apprises de 2008

Si pour mobiliser les réseaux sociaux, la mairie de Blanquefort avait créé son mot-dièse #demandeaford, l’ouvrier CGT et ancien candidat à la présidentielle Philippe Poutou propose son #jettetonouvrier :

En stratège son syndicat a d’ailleurs rendu public un document présenté comme interne et confidentiel revenant pour la direction sur les « leçons apprises » de la tentative de fermeture entre 2008 et 2011. Philippe Poutou promet d’ores et déjà sur France info de « multiplier les actions » et de « toucher l’image » de Ford… comme entre 2008 et 2011. Même si la direction martèle son message et veut affirmer son départ, la bataille ne fait que s’engager.


#usine no futur

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