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Des Anonymous bordelais dans la rue contre la maltraitance animale

Pour sensibiliser à la violence des traitements subis par les animaux dans certains élevages et abattoirs, « Anonymous for the voiceless » interpellent les passants avec des vidéos chocs. Ils étaient dans les rues de Bordeaux ce samedi 14 avril.

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Des Anonymous bordelais dans la rue contre la maltraitance animale

Visages blancs, moustaches noires et sourires narquois… les masques de Guy Fawkes ont investi la place Saint-Projet ce samedi à 16h30, non loin de la rue Sainte-Catherine bondée. Les militants d’Anonymous for the Voiceless forment un « Cube of Truth » – cube de la vérité – un carré avec quatre participants tenant chacun un écran. Des images violentes défilent pour dénoncer la maltraitance des animaux dans certains élevages ou abattoirs. Porcs, poussins, poissons… Chaque côté du carré expose un cas précis.

Ces militants n’ont pas de liens avec les célèbres hackers (militer dans l’anonymat permet de se proclamer « anonymous »). Ici, pas de piratage donc, mais une performance à la fois artistique et militante. Onze participants ont répondu à l’appel de ce deuxième cube organisé à Bordeaux par la branche locale des Anonymous for the Voiceless. Fondée il y a à peine deux mois sous l’impulsion de Vincent Mezzini, elle compte 75 membres, dont 30 actifs.

Ce mouvement australien a vu le jour en 2016, il y a tout juste deux ans. Il dénombre 3 617 actions dans plus de 500 villes et dans 61 pays à travers le monde. En France, on trouve une trentaine d’antennes.

« Rien que la semaine dernière, cinq ou six ont ouvert », s’enthousiasme Vincent Mezzini.

L’étudiant en troisième année de licence en Sciences de la Terre avait commencé à militer à Toulouse, avant de réaliser en arrivant sur les terres bordelaises « qu’il n’y avait pas d’antenne, et vu que le mouvement vegan prend de l’ampleur ici, je me suis dit qu’il fallait le faire ».

Les militants d’Anonymous for the voiceless place Saint-Projet (TO/Rue89Bordeaux)

Contre le spécisme

Avant le début de l’action, Vincent Mezzini rappelle les règles de base : ne pas chercher à faire du tractage, laisser les gens venir d’eux-mêmes, ne lancer la conversation qu’avec des personnes s’arrêtant plus de quelques secondes… Aussi, penser à distribuer les fascicules proposant des alternatives à la viande, aux œufs, ou encore aux produits laitiers. Et c’est parti.

A peine en place, les passants affluent. Alexandra, une militante également engagée auprès de L214, échange avec les passants. Pour elle, le cube est particulièrement percutant, et sa démarche est efficace :

« On n’impose pas une opinion aux gens, on les amène simplement à s’interroger sur les habitudes de consommation ancrées dans le quotidien, sans forcément les remettre en question. Ils prendront leurs décisions en connaissance de cause. »

Ces activistes luttent contre le spécisme qui revendique la supériorité de l’être humain sur les animaux. Vincent Mezzini rappelle que ces considérations ne portent sur aucun constat scientifique et qu’elles sont l’objet d’une grande subjectivité :

« Pourquoi devrions-nous porter davantage d’intérêt à un chat qu’à un veau ? On accepte leurs souffrances au nom de notre simple plaisir gustatif qui a une durée de quelques minutes seulement… »

La vidéo, ça touche

Un grand nombre de passants affirment avoir déjà eu conscience des violences subies par les animaux en élevage et abattoir, principalement par les réseaux sociaux.

« On voit des images, des vidéos tourner sur Facebook, c’est vraiment dégueulasse, rapporte un jeune étudiant. Ce sont des idées [la maltraitance animale] qui te passent par la tête, mais c’est pas pour autant qu’on change quoi que ce soit. Voir les vidéos ça permet de prendre conscience. »

Dounia confirme. Elle est vegan depuis six mois après avoir vu de nombreuses vidéos et documentaires sur le sujet :

« Avant je pensais à la vache comme elle se présentait sur la brique de lait, heureuse, en plein air… »

Alexandra surenchérit :

« On a beau expliquer en quoi consiste la maltraitance animale avec des mots, là, les passants sont confrontés aux images et ça les touche. Ils ne deviendront pas végétarien ou végan du jour au lendemain. Mais si déjà on arrive à planter une petite graine pour qu’ils se questionnent, c’est une avancée. »

Prochain but pour les Anonymous for the Voiceless de Bordeaux, acquérir des casques de réalité virtuelle où l’utilisateur se retrouve à la place d’un animal. Des « Cube of Truth » devraient avoir ainsi lieu toutes les trois semaines.


#anti-spécisme

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