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La nature reprend ses droits sur l’Île Nouvelle réensauvagée

Au milieu de l’estuaire, entre Blaye et le Médoc, l’Île Nouvelle est le nouveau berceau de biodiversité du département. Depuis dix ans, ce territoire a vu le retour des oiseaux et de la végétation grâce à son statut d’espace naturel sensible, où la nature a repris le contrôle.

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La nature reprend ses droits sur l’Île Nouvelle réensauvagée

Par une brèche d’un kilomètre créée lors de la tempête Xynthia, l’Île Nouvelle, autrefois terrain des viticulteurs puis des maïsiculteurs vit désormais « au fil de l’eau ». Après son rachat en 1991, le département de la Gironde décide d’y lancer une expérimentation : la dépoldérisation. Aucune digue ne sera donc construite pour lutter contre l’érosion, sauf au sud, qui deviendra dès 2008 un lieu de visite et de découverte de la biodiversité pour le grand public, avec des périodes de fermeture.

« L’île Nouvelle est la seule île publique de Gironde, explique Fabienne Moreau, chargée des projets arts et nature au conseil départemental. En parallèle du village, témoin du passé de l’île, nous souhaitons faire de cette île une nouveau laboratoire expérimental et culturel. »

Une expérience réussie

En laissant l’intérieur de l’île se transformer en marais suite aux tempêtes de 1999 et Xynthia en 2010, les guides et scientifiques ont vu la population d’oiseaux doubler avec notamment le retour d’espèces menacées comme les spatules, grands oiseaux blancs. Pour favoriser le retour de ces espèces et notamment des hirondelles, dix nichoirs ont été installés sur l’île, où l’on veille à préserver la quiétude des oiseaux.

« Avec la disparition de 33% des oiseaux de campagnes, nous avons une responsabilité à agir, estime Jean Touzeau, vice-président du département chargé de la valorisations du patrimoine environnemental et touristique. Il faut dynamiser les politiques dans ce sens. Le département a ainsi acquis plus de 17 000 hectares pour mettre en avant plus de 100 espaces naturels. Avec cette volonté, la population de spatules est passée d’un seul couple à vingt couples, et les sarcelles d’hiver ont quant à elle augmenté de 26 à 2975 couples en dix ans ! »

Les marais de l’Île Nouvelle (JC/Rue89 Bordeaux)

Pour arriver à ces chiffres, les ornithologues ont mis en place un système de baguage des oiseaux qui restent sur l’île afin d’analyser leurs migrations et leur nombre. Des ateliers de baguage sont même proposés aux touristes pour les sensibiliser !

Les oiseaux ne sont pas les seuls à bénéficier de ce cadre spécifique : le retour de la végétation patrimoniale a également été propice à celui dans l’estuaire d’espèces alluviales telles que les anguilles. Les roseaux ont ainsi remplacé les fleurs de moutarde et abritent insectes et petits mammifères nécessaires à la chaîne alimentaire encore fragile de la « mangrove estuarienne ».

Mêler l’homme à la nature

Le site, relié à celui de Certes et Graveyron près d’Audenge, a un rôle de « porte-parole » selon Jean Touzeau. Financé par le département grâce à la taxe aménagement prélevée sur les permis de construire, le FEDER, le FNADT et le Conservatoire du Littoral, les travaux ont permis de construire des digues au sud de l’île, pour préserver les bâtiments de l’ancien village Sans-Pain et mêler histoire et nature.

« On souhaite faire découvrir la biodiversité de l’île et celle de notre région, explique Charles Coup, guide touristique sur l’île. Nous accueillons entre 80 et 150 personnes par jours selon les saisons, toujours dans le respect des oiseaux. »

En expérimentation également, un verger a été reconstitué où aucun intrant chimique ou naturel n’est apporté. L’expérience ayant elle aussi été concluante l’année dernière, il s’agit désormais de comprendre l’évolution de ces arbres fruitiers sur une plus longue période et le rôle des différentes espèces naturelles dans l’épanouissement de l’écosystème de l’île.

Si le sud de l’île est ouvert au public pour de longues balades entre les marais au rythme des explications des trois guides, le nord est inaccessible afin véritablement jouer son rôle de laboratoire. L’Île Nouvelle fait donc partie des 33 espaces naturels sensibles de Gironde, fruit de l’ambition du vice-président d’ « additionner et confondre les territoires pour réellement se saisir de l’enjeu de la biodiversité ».


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