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Alain Juppé accuse Darwin : « Assez de fake news »

Le maire de Bordeaux a tenu à mettre les choses au clair lors d’une conférence de presse ce mercredi, à laquelle ont voulu s’inviter les représentants de Darwin avant d’être refoulés.

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Alain Juppé accuse Darwin : « Assez de fake news »

Rien ne va plus entre Alain Juppé et Philippe Barre. Le maire de Bordeaux et président de la métropole a clairement déclaré avoir perdu confiance dans les interlocuteurs de Darwin. L’édile bordelais espère maintenant de meilleurs résultats avec la nouvelle médiatrice nommée par l’éco-système, Nathalie Bois-Huyghe, dans la crise qui oppose Darwin à Bordeaux métropole aménagement (BMA).

Alors que celle-ci, présidente et co-fondatrice du lycée Edgar-Morin, espère « débloquer le processus, s’assoir et réfléchir », Alain Juppé pose ses conditions : évacuer les tétrodons derrière la caserne où se trouvait le centre d’accueil d’urgence, permettre les travaux dans l’allée cavalière (voie publique qui traverse la caserne), respecter les normes de sécurité pour l’accueil du public, et décider enfin du sort des îlots D17 (hangar des associations où se trouve notamment Emmaüs) et D18 (skatepark).

Les mineurs isolés

Sur le premier point, « le plus sensible », Alain Juppé s’étonne de voir Darwin « occuper des espaces qui ne lui appartiennent pas avec des tétrodons ». Les yeux écarquillés et les sourcils levés, il fait part de sa surprise :

« Il paraît en plus qu’on y met des mineurs isolés ! On ne peut pas mettre des mineurs dans des espèces de boites qui se trouvent sur des terrains d’autrui et dans des conditions insalubres. »

Dans un courrier adressé à Jean-Luc Gleyze, président du Conseil départemental de Gironde ayant la compétence de protéger les mineurs non accompagnés, le maire de Bordeaux dit « mettre en garde contre le caractère périlleux d’une telle initiative » et « suggère, par exemple, l’implantation d’une structure ad hoc dans les “Magasins généreux” que la société Évolution (société-mère de Darwin, NDLR) doit rénover sur le site voisin ».

Alain Juppé fait référence à la défection de Pola du projet des Magasins généreux qui, de ce fait, libère de la place. Au sujet de ce projet, obtenu sur concours face à « une proposition intéressante » et pour lequel il dit avoir mis « une grosse pression pour que l’acte de vente soit signé », le maire de Bordeaux s’étonne par ailleurs :

« Après plusieurs dérogations, le permis leur est accordé. Délivré pourtant il y a sept mois, il ne se passe toujours rien. Ils disent qu’ils sont asphyxiés et pourtant là il y a beaucoup d’oxygène. »

Bénédiction de la ville

Asphyxiés, les Darwiniens disent l’être aussi à cause des travaux prévus dans l’allée cavalière. « Cette voie n’est pas privée », rappelle Alain Juppé qui cite les autres chantiers qui ont lieu à Bordeaux – « Fondaudège, Gambetta, Nancel-Penard… » – que les riverains subissent.

« A la caserne Niel, BMA œuvre pour qu’il y ait le moins de nuisances possibles. Par ailleurs, BMA a aménagé un parking provisoire pour 200 voitures. Je suis surpris que Darwin n’insiste pas plus pour que ses occupants ne se passent de leurs voitures. C’est dans l’esprit de l’éco-système après tout. »

Et toc !

Le maire attend également que les lieux, « qui accueillent des personnes par milliers », soient conformes aux normes de sécurités. Deux mois avant Climax qui se déroule à la Caserne Niel, il rappelle que le « festival doit se faire avec la bénédiction de la ville » et que, en cas de problèmes, « la responsabilité pénale engagée est celle du maire ».

La question des îlots D17 et D18 attend le choix d’Évolution entre un bail emphytéotique ou proposition de rachat. Sur la dernière option, le maire abonde, perplexe : « Ils m’ont dit qu’ils avaient 85 millions d’euros d’avance ». Plus tôt, il avait rappelé :

« Dès l’origine, le skatepark et les hangars pour les associations ne pouvaient être mis à disposition que pour une durée déterminée. Les AOT (autorisation d’occupation temporaire) achevées en 2015, j’ai œuvré pour qu’elles soient réattribuées en 2016. »

Parano

Agacé, le doigt levé, Alain Juppé tonne que Darwin doit « se developper harmonieusement, mais dans la légalité ». Si ces conditions sont respectées, il dit être prêt, « malgré les avis contraires », « à examiner le cas de la ferme urbaine qui serait malgré tout raisonnable de la déplacer vu son secteur pollué ».

Un peu amer, le maire rappelle que « sans la mairie et la métropole, sans [son] soutien personnel, Darwin n’existerait pas ». Il liste les avantages écartant le favoritisme et faisant valoir « un projet culturel » : « Les magasins généraux ont été cédés 30% en dessous du prix », « 1000 m2 achetés par la mairie 2,6 millions d’euros pour aider au développement de Darwin et y implanter une pépinière, le Campement », « des AOT sur les berges de Garonne renouvelées pour 20 ans pour une redevance annuelle de 15000€ par an alors que des activités s’y trouvent pour une grande partie commerciales », « le rachat à BMA du skatepark pour un montant de 3,5 millions d’euros et les travaux de réfections ».

« A l’écart du battage politico-médiatique, ils mobilisent Nicolas Hulot, c’est mon ami, ajoute le maire. Ils sollicitent Edgar Morin, je suis prêt à discuter avec lui. Assez de fake news ! »

A la sortie, Philippe Barre, empêché donc d’assister à la conférence de presse, dit croire Alain Juppé sincère dans son discours, mais… :

« Il y a une dichotomie entre le pouvoir politique et le pouvoir administratif. Il y a des personnes qui ne travaillent ni pour lui, ni pour l’intérêt général. »

Des arguments qui, à la mairie, sont entendus comme de « la pure parano ». Ambiance !


#Cauchemar de Darwin

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