La salle de 1500 m² dédiée à l’exposition est toujours vide. La poussière présente sur le chantier serait la cause de cette annulation de dernière minute, le musée Marmottan-Monet craignant qu’elle n’endommage les tableaux. Un expert international mandaté par l’institution parisienne aurait également émis des réserves dans ce sens.
Norbert Fradin assure pourtant n’avoir jamais eu accès à ce rapport. Le promoteur immobilier et mécène rappelle l’accord entre les deux établissements de mettre à l’arrêt le chantier dés l’arrivée des œuvres. Pris à témoins, Olivier Athanase, directeur général du groupe de génie climatique CEME, insiste sur le bon fonctionnement du système de filtration :
« Il n’y a pas plus de poussière ici qu’il n’y en a au Louvre. »
Dans un communiqué, l’institution parisienne se défend de n’avoir reçu en temps et en heure les certificats d’assurance. Ce qui l’aurait poussée « pour la première fois de son histoire » à mettre un terme au prêt des 57 œuvres du peintre Claude Monet.
Mais Norbert Fradin le martèle : le Musée Mer et Marine (MMM) a toujours répondu aux demandes de précision émises par Paris sur des questions relatives à la sécurité et à la conservation des œuvres. Selon lui, les experts français mandatés par le groupe AXA ART ont par ailleurs validé les systèmes de surveillance et de protection des tableaux, ainsi que ceux de conditionnement et de régulation de l’air. Ils auraient émis à la suite de ces vérifications une attestation d’assurance, garantissant le respect de tous les cahiers des charges émis par Marmottan.
Un arrangement amiable espéré
Le fondateur du nouveau musée bordelais est formel : « S’il n’y a pas de règlement à l’amiable, il y aura des suites. » Le préjudice subi par le MMM s’établirait à hauteur de « plusieurs centaines de milliers d’euros ».
« Nous avons déjà payé le catalogue d’exposition, l’impression des billets, le régisseur, le scénographe, la communication, la publicité dans les journaux », se désole son propriétaire.
Les « 2 à 3000 » billets (15 euros pièces) déjà vendus ont intégralement été remboursés. Outre ces dommages collatéraux, le mécène s’exaspère de payer depuis 4 à 5 mois des « sommes très importantes » au musée Marmottan-Monet – la location des œuvres s’élèverait à 500 000 euros.
Afin d’établir un partenariat de confiance entre les deux instituions culturelles, le MMM s’est notamment engagé auprès d’un régisseur externe en lien avec Marmottan-Monet, chargé de toute la gestion et de l’aménagement de l’événement, l’établissement bordelais ne s’octroyant qu’un rôle d’accueil dans cette exposition clé en main.
« Tout ça a été fait dans le plus grand professionnalisme », insiste Norbert Fradin.
S’il critique « le fait du prince » d’une décision unilatérale de Paris, le promoteur immobilier reste ouvert au dialogue avec le directeur de Marmottan, Patrick de Carolis. Il espère encore un arrangement à l’amiable prenant la forme d’un report de l’événement à une quinzaine de jour, le temps « de répondre à leurs inquiétudes ».
Si la tenue de l’exposition Monet à une date ultérieure n’est donc pas exclue, tout reste encore à définir.
Le MMM lèvera l’ancre malgré tout
L’annonce du musée Marmottan-Monet est un coup dur pour le MMM. L’exposition Monet était attendue cet été comme un événement culturel majeur à Bordeaux, attirant les projecteurs sur le nouvel établissement. Toutefois, Norbert Fradin regarde vers l’avenir et cherche déjà une solution alternative pour la saison. Un nouvelle programmation pourrait être présentée dans les prochains jours.
« Nous voulons apporter la preuve que cette salle est fonctionnelle », indique-t-il.
Si cette annulation porte préjudice à l’image du musée, elle ne met pas pour autant en péril l’institution toute entière. Pour son initiateur, « il va se passer autre chose que l’exposition temporaire », dont l’espace dédié ne représente qu’un quart de la surface du musée. Les 13 000 m² dédiés à l’étude des fonds marins et à l’histoire de la marine seront comme prévu accessibles au public début 2019.
Chargement des commentaires…