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Le squat pour ados exilés La Ruche ne « lâchera rien »

Les occupants de La Ruche, squat qui accueille depuis septembre 2017 des mineurs étrangers isolés, ont manifesté ce jeudi à Bordeaux. Ces jeunes, ainsi que les associations et les étudiants à l’origine de ce squat, ont lancé un appel aux autorités pour « une vraie prise en charge » de ces mineurs non-accompagnés. Il y a urgence.

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Le squat pour ados exilés La Ruche ne « lâchera rien »

12h, devant l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), sur l’esplanade Charles de Gaulle. Sous l’œil de la police, un petit comité d’une cinquantaine de personnes s’est donné rendez-vous pour faire le point sur le squat de La Ruche.

Valentine Cohen, comédienne et engagée auprès des migrants, lit les derniers rapports du Saemna (service d’accueil et d’évaluation des mineurs non-accompagnés). Cette institution départementale est chargée d’évaluer si ces jeunes sont mineurs, au travers de leur histoire et de leur parcours.

En première instance, 80 % de ces derniers sont reconnus comme majeurs. Après un recours, 80 % de ces mêmes jeunes sont évalués mineurs – méthode qui permet de repousser l’échéance de la reconnaissance de cette minorité. Mais entre les deux instances, le jeune évalué majeur est livré à lui-même, dans la rue, avec pour seul point de chute le 115. Or d’après le département, en charge de l’aide à l’enfance, environ un millier de jeunes mineurs isolés sont arrivés en Gironde en 2017.

« Apparence juvénile liée à ses origines ethniques »

C’est de ce constat qu’a été initiée La Ruche. Depuis septembre 2017, ce squat situé Rue du Mirail, en plein centre de Bordeaux, a hébergé une cinquantaine de jeunes, majoritairement en attente des résultats de leurs recours. 28 d’entre eux ont été évalués mineurs. Le lieu appartient à la région, qui accepte l’occupation du bâtiment dans l’attente d’une solution proposée par le département.

La Ruche est épaulée par de nombreuses associations, comme l’ASTI (association de solidarité avec tous les immigrés).

« Sur les 180 jeunes que nous avons aidé, environ 70 ont été pris en charge après recours », détaille Françoise Astruc, présidente de l’association.

« Son apparence juvénile est probablement liée à ses origines ethniques » ; « sa venue en bus atteste une certaine maturité » : les arguments de la Saemna pour justifier la majorité font rire jaune l’assemblée.

« Je n’ai que la France »

Voix à peine audible, Alex Loïc Wanji, jeune camerounais résidant à La Ruche, lance un cri d’alarme :

« Sans eux (La Ruche, ndlr) nous ne sommes rien […] Je n’ai plus de famille, je n’ai que la France ».

Alban Damery, assistant social à Médecins du Monde, explique que ces ados ont souvent connu un parcours chaotique avant leur arrivée en France. Un passé nourri de traumatismes auquel vient s’ajouter celui de la rue, rend ces jeunes extrêmement vulnérables.

« On ne demande pas que ce squat reste ouvert, mais simplement que tous les jeunes là-bas aient une vraie prise en charge adaptée entre ces évaluations », explique-t-il.

La région a proposé la date butoir du 13 août avant de reprendre possession des lieux. Une décision prise en accord avec le conseil départemental qui suggère d’attendre la fin des recours devant le juge des enfants de tous les jeunes actuellement présents sur les lieux.

Les manifestants se sont rendus ce jeudi au siège du conseil départemental. Le cabinet du président du département leur a promis d’organiser une réunion mercredi prochain avec les parties concernées.


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