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A la Base sous-marine, Figures et « Funérailles » de Fassbinder

Sur une adaptation de « Fassbinder, La Mort en fanfare » d’Alban Lefranc, la Compagnie des Figures présente « Fassbinder (funérailles) » et continue d’inspecter l’univers de l’artiste allemand, démesuré et sans limites.

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A la Base sous-marine, Figures et « Funérailles » de Fassbinder

Ils sont tous nés après sa mort. Et, à en croire leur parcours, Rainer Werner Fassbinder s’impose comme source centrale du travail théâtral de ces jeunes artistes bordelais au sein de la Compagnie des Figures, fondée en 2013.

« La figure de Fassbinder est passionnante dans son rapport à l’autre, à la société, et à l’art, explique Matthieu Luro, acteur et co-metteur en scène de la compagnie. Il y a quelque chose qui est d’une extrême exigence, d’une altérité sans faille. Aucun cadeau n’est fait, ni à l’autre, ni à lui-même. C’est un regard incisif nécessaire. »

Liberté et incohérence

Toucher à Fassbinder et sa création riche et foisonnante, ce n’est déjà pas si simple quand on sait la liberté qu’il s’octroyait dans ces différentes pratiques artistiques. Cinéaste emblématique de l’Allemagne des années 1970, il a réalisé dans sa courte vie de 37 ans une trentaine de film pour le cinéma, une quinzaine pour la télévision. Il fut également auteur, acteur, et… paroliers de chansons. Matthieu Luro parle d’ « incohérence » où l’Allemand « se considère exempt de toute pureté objective ou morale ».

Adapter une biographie rédigée par Alban Lefranc, ce n’est pas non plus le moyen le plus aisé pour retracer la réalité de l’artiste allemand. L’auteur, spécialiste des biographies « fictionnelles » – tel que celles de Mohamed Ali, Steve Jobs ou Nico, la chanteuse du Velvet Underground –, raconte un Fassbinder fantasque spectateur de la fête de son propre anniversaire en 1982, année de sa mort.

« Ce texte est un long travelling-avant jusqu’à dans la tête du “gros homme indigne” comme l’appelle Lefranc, ajoute Matthieu Luro. C’est un angle d’attaque qui nous a semblé intéressant. On n’est pas là pour apporter une vérité absolue. »

Au plus proche

« On entre dans un mort comme dans un moulin. » Bienvenue donc dans l’univers de Fassbinder, ici dans la Base sous-marine. Dans une alcôve ouverte, les voix des comédiens résonnent. Les huit évoluent dans des dimensions gigantesques ; la scène est immense.

Les premières minutes se mesurent aussitôt à l’espace. Des scènes cinématographiques sont découpées dans la lumière et montées à taille et en temps réels.

« Comme on parle de cinéma, nous avons utilisé des moyens théâtraux en évitant d’avoir recours aux techniques habituelles de projection d’extraits. Nous, comédiens, nous avons voulu comprendre les gestes, l’amour et le jeu du désir. »

En effet, la pièce démarre sur la scène d’un meurtre passionnel tirée de la série « Berlin Alexanderplatz », réalisée par Fassbinder d’après le roman salutaire d’Alfred Döblin. Se déroule ensuite la vie, le temps et le contexte social et politique contemporain de « RWF ». De sa fascination pour la bande à Baader jusqu’aux amours bisexuels, les facettes multiples du réalisateur allemand sont incarnées par différents acteurs et actrices.

En presque deux heures, la Compagnie des Figures tente « de ramener au plus proche » la complexité du personnage. Démesures, grandeurs et décadences, témoignent s’il le faut de la fragilité du bonheur. Encore faut-il en vouloir.

« Funérailles », par La Compagnie des Figures
du 18 au 20 octobre 2018
à la Base sous-marine à Bordeaux
[COMPLET]


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