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Philippe Barre, fondateur de Darwin : « Droit dans mes Veja ! »

Subventions, extensions illégales, événements mal sécurisés… Philippe Barre signe une tribune pour répondre à Alain Juppé et défendre l’activité de Darwin qui « profite au territoire ».

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Philippe Barre, fondateur de Darwin : « Droit dans mes Veja ! »

Dans l’édition du Monde parue hier, Alain Juppé, dans une lettre ouverte, pose la question : « Amis de Darwin, que voulez-vous de plus ? »

La réponse est simple, limpide même et nous le répétons depuis des mois : Ni plus, ni moins que l’accord que nous avions esquissé lui et moi, le 24 octobre 2017, lors de son passage à Darwin (voir article sur Rue89 Bordeaux).

Le périmètre d’accord d’ailleurs énoncé dans sa tribune au Monde semble enfin se rapprocher étroitement de l’accord du 24 octobre 2017, je m’en réjouis et l’en remercie !

Je tiens également à redire ma satisfaction suite à la décision du magistrat du Tribunal de Grande Instance de donner du temps à la concertation par le biais d’une médiation judiciaire, ayant éloigné, voire soldé le risque d’asphyxie qui planait sur notre écosystème depuis plusieurs mois déjà.

En revanche après une séquence politico-médiatico-judiciaire chargée, où tout et son contraire se sont régulièrement télescopés, où les invectives, les accusations, voire les calomnies ont souvent volé, je veux ici dire, « droit dans mes Veja ! », la réalité de certains faits, las de lire et d’entendre sans cesse les mêmes contre-vérités.

Certains diront, « mais à quoi bon encore pinailler, alors qu’une issue favorable semble maintenant se profiler », certes ! Mais l’homme que je suis reste insurgé à vif devant les contre-vérités et la calomnie, je ne sais pas être autrement, en homme libre, je me bats pour ce que je crois juste.

Je veux dire à mes enfants qu’à travers ce combat, c’est d’abord leur intégrité que je défends. Puissent-ils apprendre cela pour leur propre vie !

Car si la vérité se compromet dans l’erreur, alors naît un vrai péril pour nos sociétés.

Si chacun de nous prend en charge la part de réel qui lui est confié, alors, en faisant sa part, c’est le monde entier que nous sauvons sans le savoir.

Enfin je veux dire qu’en tout temps, nous avons fait bloc, nous sommes restés debout et solidaires face aux manœuvres délétères de l’aménageur Bastide Niel. Nous avons eu le courage de ne jamais sacrifier nos valeurs au profit d’un modèle urbain spéculatif et obsolète.

Aussi, je veux remercier ici pour leur soutien indéfectible mes équipes, les Darwiniens, mes amis, ma famille, les signataires de notre tribune paru dans le Monde et du comité de soutien, tous ceux qui ont reconnu en Darwin, un phare dans l’archipel des consciences pour inventer un demain plus désirable. Dans ce combat, ils donnent force et tempérance. Leur soutien précieux reste déterminant dans l’issue à trouver.

Alors qu’Alain Juppé nous donne aujourd’hui les signes d’une main tendue pour sortir de la crise par le haut, comme nous l’avons toujours souhaité, l’entrepreneur que je suis se réjouit avec lucidité et réalisme de la perspective d’une issue apaisée où l’intégrité de Darwin serait enfin sauvegardée. Il semble que nous puissions aller dans ce sens, et je le remercie ici de son soutien retrouvé.

Pour autant, il reste à transformer les mots en acte et c’est là toute la difficulté du chemin. L’expérience m’a appris à garder réserve et distance.

Sur ce point, notre vigilance, notre détermination et l’esprit de résistance que nous avons bâti au fil des mois, resteront sans faille.

Engageons-nous donc sur cette voie de résolution sans rien lâcher de notre garde.

Aussi, sans polémique, avec la seule volonté de remettre la vérité à sa juste place, je veux ici revenir sur 5 contre-vérités qui ont été largement diffusées.

1- Darwin aurait reçu d’importantes subventions de la Mairie de Bordeaux

2- Darwin installerait ses activités sur le terrain d’autrui sans  aucune autorisation et grignoterait sans cesse du terrain sur la caserne Niel

3- Darwin ne respecterait pas la salubrité et la sécurité pour l’accueil des publics

4- Darwin empêcherait l’avancée de la ZAC en contestant les travaux censés passer dans l’allée centrale

5- Sur ma moralité en tant que dirigeant de Darwin

Désolé, c’est long, mais le rétablissement de la vérité nécessite toujours plus de précisions et d’efforts que la calomnie !

1- Darwin aurait reçu d’importantes subventions de la mairie de Bordeaux

On peut lire et entendre trop souvent : « Darwin coûterait cher à la ville et aux contribuables bordelais » et aurait touché notamment « une subvention de la Mairie de Bordeaux d’un million quatre cent mille euros à l’occasion de l’installation dans l’écosystème de la pépinière municipale “le Campement” »
(1 385 920 €, d’après Alain Juppé,  journal Le Monde du 19 octobre 2018).

Cette information est erronée.

Ni la foncière Darwin, ni l’incubateur Evolution n’ont reçu cette « subvention » et encore moins le Fonds de Dotation Darwin – car évidemment un fonds de dotation n’a pas le droit d’être subventionné.

Concernant le financement de la pépinière municipale, c’est même plutôt l’inverse qui s’est produit !

En effet, quand les élus ont souhaité créer une « Pépinière DD » (pour développer les filières et les métiers répondant aux principes du développement durable), ils se sont tournés vers nous afin de l’implanter à Darwin ; les élus estimant, à raison, que cela faisait sens. Il a fallu alors modifier notre modèle économique, au risque de le déstabiliser (basé sur du locatif) afin de leur vendre environ 1000 mètres carrés au sein de nos espaces de co-working. Je dis bien « vendre », car la municipalité souhaitait pouvoir bénéficier de subventions européennes et régionales pour financer cette pépinière, mais ces subventions étaient conditionnées à un achat de foncier, impossible pour la mairie d’en bénéficier dans un cadre locatif. L’institution nous a alors invités à vouloir lui vendre ce bien pour ces différentes raisons.

Nous avons ainsi accepté que ce bien immobilier, que nous venions d’acquérir et de ré-habiliter à haut-standard écologique, soit vendu à la municipalité, morcelant ainsi notre patrimoine. Nous trouvions que cela faisait sens d’accueillir une pépinière municipale au sein du programme, et 5 ans après, nous sommes très fiers du chemin parcouru ensemble, (les Campeurs, l’institution municipale, l’incubateur « Les Premières », la Conciergerie Solidaire, et l’incubateur Evolution).

La ville a donc perçu, elle, des aides pour cette opération (la Région et l’ancienne CUB) mais pas Darwin !

Nous avons même accepté de vendre à un prix déprécié : 2 280 euros par mètre2, travaux finis, équipés à hauts standards écologiques et dans du patrimoine ancien ré-habilité magnifiquement, alors que le prix de marché était plutôt, à cette époque, au moins autour de 2 800 € du mètre2

Chacun comprendra que lorsque l’on prétend que nous aurions été subventionnés pour cette transaction, c’est un peu gonflé !

2- Darwin installerait ses activités sur le terrain d’autrui sans aucune autorisation et grignoterait sans cesse du terrain sur la caserne Niel

Darwin aurait à plusieurs reprises « développé des activités sur des fonciers sans autorisation du propriétaire et sans droit ni titre ». Notamment afin d’installer une « brasserie de bière sans aucun titre d’occupation » et une ferme urbaine « installée sans titre sur un terrain qui ne lui appartient pas davantage ».

Aucune, je dis bien aucune installation menée par Darwin à la Caserne Niel ou sur les berges de la Garonne ne s’est faite sans l’approbation préalable de l’institution propriétaire et sans contrat de bail.

En 2010, la Communauté Urbaine et la mairie encouragent Darwin et la fédération de la 58e à s’installer dans le Hangar actuel du skate Park afin d’accompagner la dynamique culturelle et associative naissante sur le site.

C’est à cette date et dans ce but que les premières AOT (autorisations d’occupation temporaire) ou baux précaires ont alors été délivrées à Darwin.

Darwin n’aurait pu mener ces activités sans l’aval d’une part de la métropole, qui a autorisé l’occupation du site à cette fin, et de la ville de Bordeaux qui a participé au développement de ces missions, avant que l’aménageur BMA n’y mette brutalement fin au printemps 2016, posant une barrière au printemps 2018 puis assignant Darwin pour expulsion des parcelles associatives.

Concernant la Brasserie artisanale

Fin 2013 l’incubateur Evolution a racheté les Chantiers de la Garonne à côté de la Guinguette Alriq, la Mairie de Bordeaux ayant autorisé cette reprise (avenant du 8 novembre 2013).

Au printemps 2015 la ville de Bordeaux nous autorise à réaliser des travaux de transformation de ce hangar et à y installer une brasserie artisanale (permis de construire accordé le 27 avril 2015).

Un an plus tard, la ville de Bordeaux a souhaité faire valider cette autorisation en conseil municipal en faisant passer une délibération afin de procéder à la réitération de l’AOT en vue de l’installation imminente des activités sur le site (validation à l’unanimité le 29 mars 2016).

A l’été 2016 la Mairie nous informe qu’à la suite d’une erreur administrative commise par ses services, la délibération doit re-passer en conseil municipal. Ce qui n’aurait dû être qu’une « simple formalité », va en réalité prendre près d’une année.

La nouvelle délibération intervient le 6 mars 2017 (à l’unanimité également) grâce à l’intervention directe d’Alain Juppé qui avait été alerté par son adjoint Nicolas Florian sur ce mauvais traitement sans fondement dont nous étions alors victimes.

Nous n’avons donc jamais occupé ce terrain « sans aucun titre d’occupation ».

Sur la supposée démarche expansionniste de Darwin

Alain Juppé est dit que Darwin « exagère » et passerait son temps à « grignoter du terrain sur la Caserne Niel ». Or ici on ne grignote que du bio !

Loin de s’étendre, depuis 2016, Darwin a libéré plus de 20 000 m² d’emprises foncières de la friche, sur lesquelles se développait jusqu’alors la ZAUE, Zone d’Agriculture Urbaine Expérimentale : Les Détritivores, Nature et Potager, Urban algue (Spiruline), l’Essaim de la Reine, Baroque… ces associations perdant ainsi leur lieu d’expression et d’expérimentation sur le site.

3- Darwin ne respecterait pas la salubrité et la sécurité pour l’accueil des publics

On entend encore que les dirigeants de Darwin seraient des irresponsables et que le public serait exposé à des risques inconsidérés.

Il a été dit que les Tétrodons seraient des « cabanes en planches, boîtes insalubres et indignes ».

Ou « On a beaucoup de mal à leur faire admettre la visite de la commission de sécurité ».

Loin de ces contre-vérités, nous nous félicitons de la qualité du travail constructif mené avec les services concernés de la Mairie.

Pour rappel, 8 ans d’activité et d’accueil de public, près de 1 000 manifestations publiques, des millions de visiteurs cumulés : zéro incident grave à déplorer. Dans l’enceinte de Darwin, le public est accueilli dans des lieux aux normes de sécurité, les ERP (Établissement Recevant du Public) sont d’ailleurs régulièrement validés par les services instructeurs, avec qui Darwin travaille depuis de nombreuses années.

Ces services ont tout particulièrement félicité les équipes de Darwin des mesures de sécurité mises en place à l’occasion de la préparation du festival Climax de septembre 2018, qui a accueilli près de 35 000 personnes.

Depuis plusieurs années, et en partenariat étroit avec les services sociaux et techniques de la ville, seuls les tétrodons en très bon état ont été utilisés pour l’accueil et le logement d’urgence, au cœur d’un éco-système entrepreneurial et citoyen bienveillant et solidaire. Ces conditions de mise à l’abri particulièrement favorables ont permis aux travailleurs sociaux d’effectuer leur mission d’accompagnement et de réinsertion avec des résultats probants.

4 – Darwin empêcherait l’avancée de la ZAC en contestant les travaux censés passer dans l’allée centrale

On parle beaucoup des travaux de réseaux et de l’obstruction que ferait Darwin dans leur réalisation. Mais comment concevoir que les espaces exploités du site de Darwin soient la seule alternative possible pour le passage de ces réseaux ? De part et d’autre de la caserne, les espaces libres font l’objet de travaux de même nature en vue de la réalisation du programme de la ZAC.

Cette option de bon sens semble bien plus favorable aux coûts et à la sécurité. Ces travaux d’importance, que l’aménageur présente comme complexes, peuvent aisément être conçus en s’adaptant aux aménagements existants et non l’inverse. Ce qui nous a paru d’autant plus choquant, c’est l’absence de concertation avec les activités de l’écosystème pour réaliser ces travaux dans les meilleures conditions.

Faut-il croire que les règles, à l’égard des usagers et visiteurs de l’écosystème, sont moindres que pour toutes les autres rues de l’espace public ?

Pire encore, dans le cadre de l’expertise judiciaire sur le sujet, l’aménageur et ses mandataires techniques ont très largement minimisé l’impact des travaux prévus dans l’écosystème et ont évoqué des modes de réalisation incohérents avec la typologie des travaux.

Nous fondons un grand espoir dans la nomination d’un médiateur judiciaire indépendant par le juge du TGI.

Il instaurera nous l’espérons un dialogue éclairé et contradictoire, car jusqu’à présent, l’opacité régnait sur les besoins et les modalités de réalisation.

Des cheminements de réseaux plus simples évitant Darwin avaient été envisagés avant d’être écartés arbitrairement par l’aménageur. Je note qu’Alain Juppé ces derniers jours réouvre la porte à cette option et nous nous en réjouissons !

5- Sur ma moralité en tant que dirigeant de Darwin

Il est dit que je ferais du business avec le bien d’autrui, en « manipulant les associations » le tout « sur le dos des contribuables bordelais » et que l’équilibre économique de la ZAC serait déséquilibré au profit seul de Darwin.

Pour rappel, l’incubateur Evolution que j’ai fondé et ses partenaires financiers qui portent Darwin ont fortement investi sur le territoire de la Caserne Niel, contribuant ainsi au dynamisme économique, à la création d’emplois (plus de 1100 emplois soutenus sur la métropole, dont 700 sur site – Étude Utopies 2018), à la fiscalité locale et au rayonnement considérable de Bordeaux sur des enjeux d’avenir. Evolution, l’incubateur du Darwin Eco-système, porte une politique très active de mécénat à la vie associative, collective et au non-marchand qui a permis le développement de dizaines d’associations sans subvention dans le champ du sport, des cultures urbaines, de l’écologie, de l’éducation et de la solidarité.

Plusieurs millions d’euros ont ainsi pu être économisés par la collectivité depuis 8 ans : skatepark indoor, accueil gratuit des associations sociales et sportives dans le Hangar Dépôt, lycée Edgar Morin, développement de la Ferme, Club nautique des Marins de la Lune, festival Climax (50 associations, 8000 adhérents, 600 bénévoles)…

L’une des vertus principales de Darwin est d’avoir très peu recours à l’argent public (moins de 4% des sommes injectées dans le projet pour son fonctionnement) alors que son activité profite directement au territoire (120 millions d’euros de retombées économiques sur le territoire dont 60 millions d’euros de contribution au PIB de la Métropole – Étude Utopies 2018).

Loin de vouloir entretenir un esprit polémique, mon souhait est ici d’en finir avec ces tensions délétères et de trouver une sortie par le haut avec le maire de Bordeaux qui, semble-t-il, aspire à cet objectif commun. Le dialogue constitue toujours la réponse la plus intelligente et la plus sage.

« Il n’y a aucun mal à changer d’avis, pourvu que ce soit dans le bon sens. » (Churchill)

Philippe Barre, fondateur de Darwin
Pétition du Comité de soutien


#Cauchemar de Darwin

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