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Ford : faudra-t-il des concessions pour garder la piste Punch ?

Une intersyndicale a été recomposée autour des ouvriers CGT-FO et des cadres CGE-CGC pour les négociations avec l’éventuel repreneur belge qui demande aux salariés de nouveaux efforts.

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Ford : faudra-t-il des concessions pour garder la piste Punch ?

Après d’âpres semaines sous tension, Philippe Poutou laisse éclater son enthousiasme devant les 600 manifestants réunis devant la mairie de Blanquefort :

« Même au pied du mur, on est toujours capable de se battre. c’est en étant tous unis avec les salariés et avec tous les élus qu’on pourra gagner ce bras de fer. Il y aura d’autres actions et si on peut le faire avec monsieur Juppé ou madame la maire de Blanquefort, on le ferra. Ça vaut le coup ! »

« Un beau et réconfortant message » disait pour sa part Jean-Marc Chavant, délégué Force Ouvrière se réjouissant de voir des actuels et des anciens de l’usine Ford tout comme le « bleu blanc rouge » des nombreux élus venus qu’importe les divergences politiques (de la droite, dont Alain Juppé, au communiste en passant par LREM et PS). Bref, une manif réussie mais surtout :

« On est là pour parler de la sauvegarde de 400 emplois insiste Jean-Michel Caille, cadre délégué CFE-CGC, car ici beaucoup tiennent à leur emploi, leur région et qui ont des enfants, des crédits. »

Il rappelle que Ford ne « fait pas de cadeau » alors qu’il « négocie encore » pour en recevoir renchérit Philippe Poutou, délégué CGT. Les discussions du moment sont décrites comme « terribles ». Etat, intersyndicale, Ford et Punch se voient, mais dans des réunions séparées…

Philippe Poutou, posant comme un soir de victoire (XR/Rue89 Bordeaux)

L’équipementier belge, Punch Powerglide a obtenu un délai de deux jours supplémentaires pour rendre son projet de reprise. La réponse de Ford est attendue pour ce mercredi 28 novembre. Ce projet serait consolidé, selon l’expert économique Secafi, par rapport à la première version écarté d’un revers de main par le géant de l’auto. Mais les détails restent confidentiels. Dans le même temps, Punch a confirmé que seuls 400 salariés seraient repris sur les 850 encore présents. Les autres seraient conduits vers des plans de départs, notamment en pré-retraite dont il faut assurer de bonnes conditions.

Arbitrage

Le groupe négocie également avec les syndicats des baisses de salaires de 17%, un gel de ces derniers pendant 4 ans et une suppressions de RTT, une modulation du temps de travail… Des propositions qui ont fait quitté la CFTC la table de négociations, provoquant une recomposition inédite de l’intersyndicale des ouvriers cégétistes et de FO avec les cadres de la CGC.

Sans aucun moyen de coercition et très peu de moyen de pression, « l’Etat tente de faire l’arbitrage » explique agacé Philippe Poutou. Son syndicat revient sur les réunions qui se multiplient et s’étalent (cinq heures lundi, dix heures jeudi dernier) avec une dégradation des discussions. L’objectif serait de créer un front soudé pour convaincre le géant américain.

« Comment tous ces gens-là peuvent-ils faire croire que nos modestes salaires et quelques RTT pourraient empêcher le sauvetage de l’usine et de 400 emplois directs ? Sachant que Ford, c’est plus de 7 milliards de dollars de bénéfices en 2017, que l’Etat donnerait près de 20 millions d’euros d’aides à Punch, sans parler de nouveaux aménagements que Ford n’oublie pas de capter au passage » commentait hier la CGT-Ford qui ne compte pas lâcher sur les conditions de travail.

La CFE-CGC dit qu’elle ne signera rien non plus tant qu’elle ne verra pas les projets précis du groupe belge.

Dès ce lundi, une nouvelle réunion à la préfecture réunira les syndicats, les élus locaux, le délégué interministériel à la restructuration d’entreprise Jean-Pierre Floris et la secrétaire d’Etat en charge de l’industrie Agnès Pannier-Runacher.

Pactole

Le 18 décembre, le plan de licenciements (autrement dit de sauvegarde l’emploi) sera scellé. Actuellement, le plan social prévu proposerait des conditions « honnêtes » pour les ouvriers.

Mais loin d’être suffisant, il perturbe une mobilisation qui pourrait être plus importante chez les salariés selon Jean-Michel Caille :

« Ford appâte avec un pactole, mais un pactole ça ne permet pas de vivre surtout quand il reste 10 ou 20 ans d’années à travailler après… »

Déjà, les syndicats et la maire Véronique Ferreira s’adressent aussi à l’usine voisine de GFT, propriété à moitié de Ford qui en est l’unique client et où 1300 emplois se trouvent. Il y a un mois, lors d’une précédente manifestation, Philippe Poutou usait d’une étonnante métaphore pour motiver ses collègues :

« Le potentiel repreneur c’est notre bébé. C’est parce que nous nous sommes bougés qu’on l’a. D’habitude quand on a un bébé on dit qu’il est mignon, le nôtre n’est pas top mais on va bosser pour l’améliorer. »

Un mois après, il en semble toujours convaincu. Ford peut encore éviter de le jeter avec l’eau du bain…


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