1 – Deux nouvelles visages pour l’exécutif bordelais
Séquence émotion ce vendredi au conseil de Bordeaux Métropole, présidé pour la dernière fois par Alain Juppé. Nommé au Conseil constitutionnel, sa démission sera effective à la fin de ce mois. Et ce matin, la majorité à la métropole, le groupe Communauté d’avenir, a désigné à l’unanimité Patrick Bobet pour lui succéder.
Le maire (divers droite) du Bouscat, vice-président de la métropole en charge des finances, devra être élu, ainsi que l’ensemble des vice-présidents, lors du prochain conseil de métropole, en mars. Un choix consensuel qui satisfait les maires socialistes – Alain Anziani, premier vice-président (PS) et maire de Mérignac, l’a assuré en séance de leur soutien.
« Il connait parfaitement les rouages de la métropole, c’est un homme de rassemblement, respecté de tous et bienveillant », souligne Alain Juppé.
« On est plus intelligents à plusieurs », estime Patrick Bobet, affirmant qu’il « n’y serait pas allé » sans le soutien unanime de ses collègues de la majorité. Tout en préparant les municipales de 2020, il devra en effet conserver l’équilibre de la cogestion à la bordelaise – cet accord entre la gauche et la droite pour diriger l’agglomération, en vigueur depuis l’époque de Chaban-Delmas et Sainte-Marie.
La taille du costume
Cet esprit de concorde – de consensus mou pour d’autres -, a particulièrement animé les échanges du jour. Le maire du Bouscat a notamment indiqué n’avoir « pas l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette » de différence avec Nicolas Florian, désigné ce jeudi par la majorité municipale de Bordeaux pour succéder à Alain Juppé.
L’actuel adjoint aux finances de la mairie de Bordeaux, toujours encarté Les Républicains, a en retour évoqué « son histoire d’amitié » avec Patrick Bobet, « soutien actif pendant les élections législatives » (Le Bouscat figure dans la circonscription remportée par Dominique David, de la République en Marche, NDLR).
Nicolas Florian a surtout dit sa « fierté » d’avoir été choisi par Alain Juppé et les adjoints au maire pour le remplacer, tout en affichant son humilité :
« On ne remplace pas Alain Juppé, nous n’avons pas le même costume. C’est un homme d’État, je n’ai pas cette prétention. La responsabilité est lourde, mais j’y suis prêt. Il faudra que j’impose un nouveau style. J’étais le type qui connaissait le fonctionnement de la maison et qu’on venait voir en cas de problème. Il faudra désormais que je sois chef d’équipe et animateur, que je prenne de la hauteur tout en restant accessible. »
Et Nicolas Florian veut croire que si on lui confie cette tâche, c’est pour la mener au delà de 2020, malgré l’hypothèse d’un parachutage de « son ami » – et autre fils spirituel de Juppé -, Edouard Philippe, après les élections européennes.
2 – L’hommage appuyé du conseil à Juppé
L’émotion de Nicolas Florian est toujours palpable alors que s’efface désormais Alain Juppé. L’annonce brutale de sa démission a tourneboulé tous les conseillers métropolitains, que le président a ce vendredi fait plus que remercier :
« J’ai consacré beaucoup de temps et de travail à la métropole, et le travail accompli a récompensé tous ces efforts, notre agglomération s’est transformée au point qu’elle est jugée trop attractive et trop rayonnante ! Mais un président ne peut rien sans la confiance des élus qui nous entourent. Majorité et minorité ont travaillé ensemble dans un état d’esprit de respect mutuel et de sens de l’intérêt général. une opposition s’est parfois exprimée avec vigueur et il m’arrive de réagir vivement mais c’est le jeu démocratique. (…) Sachez que pour moi l’amitié très précieuse. Vous êtes des collègues, vous êtes presque tous devenus des amis et je ne l’oublierai pas. »
Après les applaudissements debout de l’ensemble de la salle, plusieurs figures de la majorité comme de l’opposition ont rendu hommage à Alain Juppé.
« Cette institution métropolitaine aurait pu devenir un vaste champ de bataille, vous auriez pu choisir le rapport de force et imposer vos décisions à toute la métropole? Vous avez préféré le dialogue permanent et l’efficacité pour nos habitants. Lorsqu’on décide de faire tram, on ne va pas dire qu’il s’arrête à limite d’une autre commune parce qu’elle est de droite ou e gauche. »
Cartes postales
Jacques Mangon (maire de Saint-Médard) a témoigné de sa « reconnaissance » pour un homme qui a su « jeter des ponts », au propre comme au figuré, et redynamiser Bordeaux, « ville grise devenue ville du sud ». Même le moins conciliant élu écologiste Pierre Hurmic a apporté sa pierre:
« Nous nous sommes querellés ici et ailleurs. Le ton de nos échange est parfois monté mais j’ai toujours teinté mes propos du respect que vous m’inspirez, et je préfère vos coups de gueule au caractère émollient de la cogestion de cette assemblée. Nous vous enverrons au Conseil constitutionnel des cartes postales du grand stade, de Darwin et de la Jallère ! »
Vincent Feltesse, qui a cogéré 7 ans la métropole avec Alain Juppé, a salué une constance dans le parcours de ce dernier, l’ »honneur », illustré par ce choix « tête droite » de ne pas « faire le mandat de trop ».
« Vous êtes un honnête homme dans période qui n’est pas honnête. Dans cette période trouble où le pire peut arriver, le fait d’avoir des contre-pouvoirs forts avec des personnes comme vous au Conseil constitutionnel est une très bonne chose. »
« Merci d’avoir su trouver les mots justes », lui a répondu Alain Juppé, après avoir souhaité à Pierre Hurmic d’avoir un jour « la révélation footballistique »…
3 – Le départ de Virginie Calmels
Le maire de Bordeaux a également remercié sa Première adjointe pour son travail et sa « loyauté politique sans faille » : Virginie Calmels a confirmé ce vendredi au conseil de métropole son départ de Bordeaux et la démission de ses mandats.
« Alain Juppé c’est vous qui m’avez fait venir en politique, il est naturel au fond que le jour ou vous quittiez cet hémicyle j’anticipe ma décision de quelques semaines pour quitter en même temps que vous ces deux instances (mairie de Bordeaux et métropole, NDLR). Mon métier, celui de chef d’entreprise, me manquait et je suis heureuse d’y retourner dans les prochaines semaines. »
L’ex dirigeante d’Endemol indique qu’elle prendra prochainement la diretion d’un « beau groupe français », avec un « volet d’intérêt général fort dans ses prochaines fonctions ». Elle retournera s’installer à Paris, où vivent ses enfants et son compagnon. Si elle renonce à ses mandats exécutifs à la Ville et à la métropole, elle précise toutefois qu’elle continuera à animer son mouvement, DroiteLib, et gardera son siège d’élue à la région Nouvelle-Aquitaine.
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