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Exit le revenu de base, pour Macron « c’est le revenu universel d’activité et rien d’autre »

Présentée ce jeudi en commission de l’Assemblée nationale, la proposition de loi socialiste sur l’expérimentation d’un revenu de base a été rejetée sans débat, et ne sera donc pas discutée dans l’hémicycle. Entretien avec Jean-Luc Gleyze, président du Conseil départemental de la Gironde très investi dans ce projet.

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Exit le revenu de base, pour Macron « c’est le revenu universel d’activité et rien d’autre »

Le projet était porté par 18 départements dont la Gironde. Jean-Luc Gleyze, président PS du Conseil départemental de la Gironde, rappelle même l’engagement d’Emmanuel Macron à soutenir les projets d’expérimentation portés par les territoires. « Sa majorité vient aujourd’hui de trahir sa promesse », pouvait-on lire dans son communiqué qui a suivi le décision des députés République en Marche (LREM). Vingt quatre heures après la déception, Jean-Luc Gleyze répond à nos questions sur la suite de son initiative.

Rue89 Bordeaux : Avez-vous une explication au rejet de votre proposition de loi ?

Jean-Luc Gleyze : Les arguments qui ont été développés comme motifs de rejet étaient autour de certains principes : l’ouverture du revenu de base aux jeunes, l’inconditionnalité… Mais je pense en réalité que le gouvernement n’avait pas vraiment envie qu’il y ait un débat à l’Assemblée nationale sur un sujet comme celui-ci, éminemment sensible dans le contexte du mouvement des Gilets jaunes. Notre proposition, qui ne s’oppose pas à la valeur travail, s’adresse aussi aux travailleurs à bas revenus, et correspondait à certaines revendications des Gilets jaunes.

Votre proposition est donc mal tombée dans l’actualité ?

Je pense qu’elle est très bien tombée au contraire. Mais pas pour le gouvernement, qui du coup ne voulait pas du tout que ça passe.

Par ailleurs, les députés de la majorité ont envie de promouvoir leur revenu universel d’activité. C’est le revenu universel d’activité et rien d’autre. Je l’avais bien senti lors de l’audition auprès de la commission des affaire sociales : quoiqu’il arrive et quoique j’exprime, l’avis était déjà tranché.

Cette proposition était estampillée socialiste, est-ce que le rejet pourrait être d’ordre politique ?

La député Monique Iborra (LREM) a en effet présenté le projet comme étant proposé par des socialistes, mais il n’est pas proposé par tous les socialistes. Ce qui a été extraordinaire, c’est qu’on nous a dit dans les arguments que les 105 départements n’étaient pas unanimes. Comme s’il fallait, pour proposer une expérimentation, que les 105 départements soient d’accord.

En plus, il nous a été reproché un côté précipité. Ce sont des faux arguments. Ils savent très bien que nous avons travaillé deux ans et demi là-dessus. Donc, il y a forcément une vision politique derrière : imposer ce que le gouvernement a décidé, c’est-à-dire le revenu universel d’activité.

Vous vous êtes particulièrement investi dans ce projet depuis le début de votre mandat. Êtes-vous déçu ?

Je mesurais l’écart qui pouvait exister entre la conviction que nous portions et la chance qu’elle aboutisse au sein de l’assemblée nationale. Ce que j’ai trouvé pitoyable, et je ne suis pas le seul, c’est l’absence de débat. Les Républicains ont voté contre la motion de rejet proposée par la majorité parlementaire. Il est quand même dommage de ne pas ouvrir un débat sur ces sujets de fond.

Même s’il n’y a pas eu débat, les propos que j’ai entendus à l’Assemblée étaient intéressants. Les vrais sujets avaient été relevés : la question du rapport au travail, la façon d’accompagner les 25% des jeunes en-dessous du seuil de pauvreté, et d’aider ceux qui travaillent et qui ont des faibles revenus… On aurait pu aller plus loin et c’était sans doute l’occasion.

Y a-t-il un espoir que le projet soit repêché devant le Sénat ?

Je dois faire le point avec mes 17 collègues pour voir quelles démarches nous allons mener. Pour l’instant je n’ai pas d’informations à vous communiquer là-dessus. Mais c’est aussi une hypothèse que nous pouvons envisager.

Que peut-on espérer pour ce projet alors ?

Le gouvernement indique qu’il a engagé une grande concertation, nous allons voir ce qu’il en sera. Christelle Dubos (secrétaire d’État auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé) a bien dit qu’il s’agit d’une page blanche et qu’il est possible d’y inscrire tous les points que nous souhaitons voir aborder. Ils y seront : l’automaticité, l’ouverture aux jeunes, l’inconditionnalité… Nous verrons ensuite ce que deviendra cette concertation.

Vous êtes optimiste ?

Je suis encore combatif avec notre volonté d’élus de proximité de répondre aux questions de fractures sociales et territoriales. Nous avons des principes et des valeurs et nous allons continuer à les porter.


#Assemblée nationale

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