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Jean-Philippe Sarthou, l’artiste nature

Il expose actuellement une série de sculptures et de peintures au musée de la Création Franche, à Bègles. Artiste au parcours atypique, son travail est d’une grande sensibilité. Portrait d’un homme pour qui créer est une façon de retrouver « un paradis perdu ».

Photos

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Jean-Philippe Sarthou est peintre et sculpteur depuis près de vingt ans. Mais aujourd’hui encore, ce n’est pas son métier. Après un DUT en carrière sociale à l’âge de 30 ans, il est directeur d’une maison de quartier à Saint-Michel à Bordeaux.

Autodidacte, il reconnait avoir eu un parcours atypique. Il a été prothésiste dentaire, comédien sur les planches ou régisseur plateau. Comme il l’explique :

« C’était aussi apprendre à devenir un homme en faisant plein de choses, comprendre le monde qui m’entoure. »

Jean-Philippe Sarthou travaille seul dans son atelier au fond du jardin. Bien qu’il soit professionnellement souvent en lien avec les autres, c’est seulement dans la solitude qu’il exerce son art. Grâce à sa pratique artistique manuelle, il transforme, se transforme et prend du recul sur le monde et les autres. Artiste compulsionnel ayant connu les aventures difficiles de la vie, l’art a sur lui une vertu cathartique comme il l’explique :

« Pour moi, c’est créer plutôt que consommer. Ne pas être écrasé par le monde et les systèmes dans lesquels on évolue. C’est contenir un rapport poétique au monde. »

Civilisation brute

Les sculptures de Jean-Philippe Sarthou sont en bois : marronnier, cerisier, bouleau, cèdre et bien d’autres. Héritage de l’enfance, il s’agit de garder un lien avec le vivant et la nature. Le bois, c’est aussi une matière particulière , à la fois dure et tendre, transformable, faite de veines et d’odeurs.

Avec comme objectif de se saisir du réel pour le transformer, il travaille le bois pour en faire des figures humaines qui tiennent debout, comme lui. Seules ou en couple, ses œuvres questionnent la solitude pour rencontrer celle des autres. Ses personnages sont nus, les yeux souvent fermés et les côtes saillantes. Sur le bois brut, les outils laissent des entailles où « passe l’usure de la vie ».

Bien qu’il se consacre essentiellement à la sculpture, sa peinture est animée par la même pensée brute et percutante, avec parfois, l’incrustation de l’écrit.

Son travail, affilié à l’art brut, une pratique un peu « marginale » comme il le dit lui-même, ne possède aucun concept préétabli. L’improvisation lui donne un élan de liberté où le surgissement d’un fait et d’une idée devient intéressant. Dans ce processus de création, c’est le geste qui fait l’intention, il n’y a aucune verbalisation. Très peu de ses œuvres sont d’ailleurs signées.

Si Jean Philippe Sarthou se reconnait dans l’art brut, c’est l’idée du « faire » plutôt que dire qui l’intéresse :

« Je sculpte aussi avec ma maladresse, avec mes limites. J’essaie de retrouver quelque chose d’avant la civilisation, avant que les choses se soient trop instituées. J’essaie d’avoir une communion avec le monde comme à un moment où la nature n’était pas dissociable de l’homme, un paradis perdu. »

L’exposition de Jean Philippe Sarthou au musée de la création franche, à Bègles (VB/Rue89Bordeaux)

L’exposition de Jean-Philippe Sarthou est visible à Bègles, au musée de la Création Franche jusqu’au 3 mars.
Le site internet du musée pour plus d’informations.


#paradis perdu

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