Ce phénomène s’aggrave, puisque les mêmes associations décomptaient un millier de personnes dans cette situation il y a deux ans. Il est corrélé à l’augmentation des occupants de squats et de bidonvilles, passé de 800 à 1600 personnes depuis 2015, selon le recensement de Médecins du Monde (1125 selon la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement, DIHAL)
« On constate aussi l’éloignement des bidonvilles du centre de Bordeaux, et de plus en plus loin de la première couronne, observe Morgan Garcia, de la Mission squats de Médecins du Monde. Mais dans ces communes peu habituées à la grande précarité, avec peu de moyens et situées parfois dans des zones semi-rurales, comme Canéjan, il n’y parfois pas de canalisations à plusieurs centaines de mètres. »
L’ONG estime ainsi que plus de la moitié des personnes vivant en bidonvilles, soit 480 personnes concentrées sur trois sites, vivent dans des conditions sanitaires qui ne satisfont à aucun des standards du Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies (UNHCR) : présence d’un point d’eau en libre service à moins de 100 mètres du site, et bénéficiant à moins de 80 personnes ; moins de 20 personnes par toilettes raccordées au réseau d’assainissement…
« Cette absence d’accès à l’eau et à l’assainissement impacte fortement l’hygiène et la santé de ces populations, estiment les associations dans un communiqué. Elle favorise le risque de pathologies digestives, dermatologiques, buccodentaires et accroît le risque d’apparition de maladies à potentiel épidémique. »
Benchmarking de squats
De quoi démonter le « mythe de l’appel d’air », indique le rapport de Médecins du Monde :
« Les chiffres montrent que les personnes sans logement et contraintes de se réfugier dans des squats et bidonvilles, n’opèrent pas de «benchmarking des conditions d’accueil». Ainsi, 480 personnes survivent dans des lieux sans accès à l’eau et à l’assainissement et avec des difficultés pour la collecte des déchets. Cette simple réalité devrait dissuader les pouvoirs publics de mettre en oeuvre des politiques d’accueil restrictives et ainsi décorréler la question de la viabilisation des lieux de vie avec une logique de gestion de flux. »
Alors que près de 17000 personnes ont signé la pétition « Juste un accès à l’eau pour tous », les ONG, réunies dans le collectif Action Bord’eaux, estiment qu’ »il est urgent d’agir, en mettant l’accent sur les populations négligées ou marginalisées » et réclament un rendez-vous avec Patrick Bobet, nouveau président de Bordeaux Métropole.
Mission
Elles saluent donc la décision de la collectivité, prise ce jeudi en bureau de métropole, de se doter d’une Mission Squat à l’automne 2019. « Mobilisable sur l’ensemble des squats publics et privés, elle se donne 3 objectifs principaux : la prévention, la gestion des sites occupés et de la période consécutive à la libération d’un site ».
La métropole rappelle que le nombre de squats concernés s’élève à plus de 130 sur le territoire, abritant environ 2000 personnes. « Ce sont essentiellement des familles bulgares et roumaines (900 personnes environ dont près d’un tiers de mineurs), des migrants en demande d’asile ou déboutés, des jeunes en errance, des personnes se tournant vers les squats faute d’hébergement… »
Chargement des commentaires…