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Grand contournement autoroutier : Bordeaux Métropole veut pousser le bouchon plus loin

La création d’un « groupe de travail et d’influence sur la problématique du grand contournement » autoroutier de Bordeaux a déclenché un débat virulent ce vendredi en conseil de Bordeaux Métropole. Certains élus plaident pour des mesures d’urgence pour la rocade.

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Grand contournement autoroutier : Bordeaux Métropole veut pousser le bouchon plus loin

Quoique non retenu par le projet de loi sur les mobilités, la métropole veut bordelaise relancer à tous prix son idée de barreau autoroutier entre Langon et Mussidan. Soit près de 87 km de nouvelles voies sillonnant l’Entre-Deux-Mers, présentées comme une alternative au grand contournement ouest de l’agglomération, projet enterré par le Grenelle de l’environnement en 2007.

La collectivité bordelaise le fait à travers un protocole de coopération avec les villes de Limoges et Mont-de-Marsan, soumis ce vendredi au conseil.

« Un barreau autoroutier Limoges-Périgueux-Mussidan-Langon permettrait (…) de désengorger les autoroutes A10 et A63 (et la rocade bordelaise), de réaliser un contournement au large de Bordeaux (sans impact sur les vignobles), tout en constituant une opportunité d’apporter la fibre optique à très haut débit vers Limoges ».

Clément Rossignol-Puech, vice-président en charge de la nature, a dégainé le premier pour fustiger un texte « inacceptable », que le groupe écologiste auquel il appartient « ne pouvait accepter », et refuserait de voter.

« Le grand contournement revient le jour de la marche mondiale pour le climat, après la révélation d’une étude sur l’élévation possible de 2 mètres du niveau des mers, ce qui mettrait la métropole bordelaise sous les eaux (…). Or nous le savons les infrastructures routières fonctionnent comme des aspirateurs à voitures et camions, et nous allons ainsi développer le transport routier. Il faut lutter contre les causes ».  

Monopole du coeur

Les élus écologistes soulignent en outre la « contradiction » flagrante entre une telle infrastructure et l’objectif national de « zéro artificialisation des sols », et appelle la métropole à « la cohérence ».

« J’ai le sentiment qu’on vit sur une autre planète, insiste Pierre Hurmic. Le rôle du politique c’est de montrer que nous avons entendu les scientifiques. Avec cette délibération censée favoriser l’esprit de coopération entre les territoires, on apparaît comme encore plus égoïste, on met la poussière sous le tapis, on veut envoyer les camions dans les campagnes. « Qu’ils passent dans vos lotissement, pas dans les nôtres », je trouve ça scandaleux. »

Réplique courroucée de Patrick Bobet, président de la métropole :

« Vous n’avez pas le monopole de protection de la planète ! Nous avons lu les mêmes rapports et sommes tous convaincus. Mais je suis plus pragmatique que vous, le yakafaucon ça ne marche pas ! »

Dans un tunnel

« Prouvez le ! », lance Pierre Hurmic. Patrick Bobet minore toutefois l’importance de la délibération (finalement votée à la majorité, moins le vote contre des écologistes et l’abstention de quelques élus communistes et socialistes) :

« On s’engage à initier un groupe de travail et d’influence la sur problématique du contournement, ce n’est pas tout à fait la même chose (que de lancer ce projet, NDLR). Je défends ceux qui souffrent tous les jours dans les bouchons sur la rocade, ce n’est pas raisonnable de dire on ferme les yeux ».

Il est soutenu en ce sens par les maires de la rive droite :

« Si le grand contournement permet d’améliorer la qualité de l’air, il ne faut pas l’écarter », indique ainsi Alain Turby, le maire de Carbon-Blanc, qui propose au passage, plutôt que d’éviter Bordeaux, « de faire passer par en-dessous » les 25000 poids-lourds empruntant chaque jour la rocade…

Option « inaccessible », écarte Patrick Bobet, évoquant les 300 millions d’euros au kilomètre le tunnel. Egalement favorable au grand contournement, le maire de Lormont, Jean Touzeau appelle lui à « un plan d’urgence pour la rocade, pour prendre avec le préfet des décisions immédiates et radicales avec le préfet ».

Que fait la police ?

Il plaide notamment pour le stockage des camions sur des aires en amont de la rocade, afin d’interdire leur circulation aux heures de pointe. Un peu las, Gérard Chausset, président de la commission transport, rappelle lui que la métropole demande depuis 2003 cette interdiction à l’Etat, propriétaire de l’infrastructure, en vain.

« Toutes les semaines, nous avons des accidents de camions liés au non respect des consignes de sécurité, rappelle l’élu mérignacais. Il faudrait qu’une répression soit mise en oeuvre par les services de l’Etat, avec des amendes par vidéo-surveillance pour les poids-lourds qui ne respectent pas les distances de sécurité ou roulent trop vite. »

Plus généralement, Gérard Chausset et Pierre Hurmic plaident pour une coopération entre Bordeaux et les territoires voisins portant sur des alternatives à la route : le RER métropolitain pour les passagers, le fret ferroviaire pour les camions, en déshérence depuis des années, pointe l’élu communiste Max Guichard (sa part dans le trafic de marchandises a baissé de moitié, représentant 10% de celui-ci).

« 80% de la production maraichère marmandaise part en camion vers Rungis, et une part revient ensuite à Bordeaux par camion, rappelle Pierre Hurmic. Les premiers produits qui circulent autour de la rocade sont alimentaires parce que notre système est centralisé à Rungis, ne croyez vous pas qu’il faut remédier à ça ? »

Une tentative est aujourd’hui à l’étude, répond Mylène Villanove, élue métropolitaine en charge des coopérations décentralisées : un accord entre les producteurs de tomate marmandais et le marché d’intérêt national (MIN) de Bordeaux pour leur éviter ce transit absurde par la région parisienne. Un antipasti qui reste à concocter…


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