« C’est un totem », résume ce vendredi Alain Rousset. En conférence de presse, le président de la Nouvelle-Aquitaine se dit « heureux » que la Méca, cette grande arche plantée entre gare et Garonne, soit « la première chose que l’on voit en train ou en TGV en arrivant de Bordeaux ».
De 36 mètres de haut, et 120 mètres de long, la Maison de l’économie créative et culturelle, inaugurée ce vendredi 28 juin à Bordeaux, est érigée près des anciens abattoirs de la ville. L’équipement doit donner « une impulsion » à Euratlantique, l’opération d’aménagement pilotée par l’Etat autour de l’arrivée de la LGV à Saint-Jean.
C’est dans ce quartier alors mal famé – « celui des boîtes de nuit, de la prostitution et de la drogue », résume Frédéric Vilcocq, en charge du projet à la région –, qu’en 2008 la région arrête son choix. Elle a investi 96% du budget de la construction – 60 millions d’euros –, le reste venant de l’Etat.
« Avec la Cité du Vin au nord de Bordeaux, nous voulions un signe architectural puissant, d’où le choix du projet monumental de l’architecte danois Bjarke Ingels ; et celui de l’arche ouvrant enfin un accès à la Garonne pour les gens du quartier », poursuit Frédéric Vilcocq.
Un pont au bord du fleuve
L’architecte danois imagine un « hub culturel » pour les trois agences culturelles que le bâtiment va accueillir : l’Alca (livre, cinéma, audiovisuel) et l’Oara (spectacle vivant), sont installées dans les deux piliers de l’arche, et reliées entre elles par le Frac (art contemporain) logé dans le pont.
En déménageant des Bassins à flot, ce dernier triple sa surface d’exposition, avec 1200 m2 de salles ouvertes au public, et 900 m2 de réserve pour sa riche collection (1200 œuvres, dont un Jeff Koons, le seul détenu par une collection publique en France).
Outre le Frac, d’autres espaces seront librement ouverts aux visiteurs, offrant quelque aérations dans un quartier en manque de places publiques – le café au rez-de-chaussée, spectaculaire terrasse panoramique au 5e étage, le parvis avec vue sur la Garonne et ses escaliers où trône l’œuvre du 1% culturel, une demi-tête d’Hermès en bronze signée Benoît Maire, un artiste pessacais.
Rendez-vous publics
Mais c’est une petite partie des 12000 m2 que comptent la Méca, car celle-ci « n’a pas de vocation grand public », rappelle Frédéric Vilcocq. L’arche sera avant tout un outil de travail pour les artistes accueillis lors de résidences rémunérées dans ses ateliers, son auditorium, sa salle de danse, ou encore sur la Méca scène, le plus grand plateau de création de la région (360 m2).
« On va aider le monde de la culture à créer, martèle Alain Rousset. Si vous voulez faire émerger de nouveaux acteurs culturels et des artistes, il faut bien qu’ils puissent en vivre. L’économie du livre est compliqué, sauf si vous êtes Fred Vargas. Et tant qu’une troupe de théâtre n’est pas en tournée ou conventionnée avec un théâtre, elle n’a pas de recettes. »
La Méca prévoit toutefois 35 rendez-vous par an avec le public : sorties de résidence, cartes blanches, concerts sur le parvis, à l’instar de celui programmé vendredi pour l’inauguration…
« Le lieu est à Bordeaux, mais il n’est pas réservé pour Bordeaux, insiste Alain Rousset. C’est une base arrière pour la grande région. Plus de 250 compagnies sont ainsi passées par l’Oara et diffusent dans la plupart des villes de la région. Les deux tiers des expositions du Frac sont présentées hors les murs. »
« Faisons de l’aménagement culturel du territoire une ardente obligation dans notre cher pays », abonde Bernard de Montferrand, président du Frac, soulignant que sa collection est déjà « une des plus montrées de France ».
Reste à ce que la Méca soit accaparée par les futurs habitants et usagers du Euratlantique. Alain Rousset se réjouit que le bâtiment soit « un train d’union entre la ville et le fleuve ». Mais quand on lui demande ce qu’il pense du reste du nouveau quartier, il répond « joker » : « Je déteste les concentrations urbaines, si vous voyez ce que je veux dire. »
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