Son premier voyage en solo, c’était à 17 ans, en cachette de ses parents. Aujourd’hui, Christina Boixière a 36 ans et plus d’une trentaine de pays à son actif. Avant de fonder « La Voyageuse », la jeune femme, originaire de Taiwan, était directrice commerciale dans de nombreuses multinationales.
C’est pendant ses voyages, entre bonnes et mauvaises rencontres, qu’elle a découvert l’hébergement chez des locaux. L’idée de mette en place un projet sécurisant pour les femmes a muri pendant de nombreuses années et a finalement vu le jour en avril 2018, à Bordeaux.
« Voyager en solo, ça me passionne. Si je peux combiner ma passion et mon savoir-faire pour aider les femmes dans le monde, pourquoi pas ! »
Développer sa plateforme à l’international
7000 personnes se sont inscrites sur la plateforme La Voyageuse, dont 400 hébergeuses en France. Pourtant le service n’est pas encore ouvert pour éviter que la plateforme ne soit saturée. Christina Boixière préfère attendre pour avoir 500 hébergeuses en plus (minimum 200 à Paris, 100 à Bordeaux et le reste réparti dans d’autres villes françaises). L’objectif étant d’accueillir, prochainement, 1000 voyageuses en France.
« Nous avons déjà une centaine de demandes de voyageuses qui ont hâte de tester cette plateforme ! Après leurs voyages, nous les encouragerons à devenir hébergeuses dans leurs pays, afin d’ouvrir le marché », explique Christina Boixière.
Dans 2 ans, la fondatrice et son équipe souhaiteraient s’étendre en Europe, mais aussi aux Etats-Unis, au Canada et en Asie. Le réseau s’élargirait, d’ici 3 ans, en Afrique, en Amérique du Sud et au Moyen Orient. Dans l’idéal, Christina aimerait travailler avec des associations et consacrer la moitié des bénéfices à des actions pour les droits des femmes dans le monde entier.
Pourquoi devenir hébergeuse ou voyageuse ?
Les plateformes de voyage et d’hébergement, ça existe déjà. En revanche, celles réservées aux femmes se font plus rares. Sur celle de Christina Boixière, les hébergeuses ne sont pas rémunérées. Pour la fondatrice, c’est la solidarité féminine qui rentre en jeu.
« Nos hébergeuses ne souhaitent plus passer par les plateformes comme Airbnb. Avec ce genre de site, elles ont l’impression d’être traitées comme des hôtesses. En réalité, elles cherchent du lien avec d’autres femmes. Souvent, elles aussi ont voyagé en solo et souhaitent partager leurs expériences avec les voyageuses. »
Quant aux globes-trotteuses, elles devront payer 119 euros pour des logements gratuits et illimités pendant 1 an. Un hébergement par des femmes, pour des femmes. Un projet nécessaire dans le contexte actuel, d’après la créatrice de la plateforme.
« De plus en plus de femmes cherchent leur liberté à travers les voyages en solo. Mais elles sont plus facilement en danger que les hommes. Nous avons réalisé un questionnaire auprès de plus de 600 voyageuses et la première préoccupation de 81% d’entre elles est la sécurité. Le moment qu’elles redoutent le plus est la recherche d’hébergement. »
Au niveau de la sécurité, l’équipe de La Voyageuse propose une vérification des profils en double temps. Une validation de la carte d’identité permet de devenir utilisatrice de la plateforme. Pour devenir hébergeuse, un entretien téléphonique de 10 minutes est effectué, révélant les motivations, la situation familiale de la future hébergeuse. Chaque profil possède un commentaire personnalisé, découlant de l’entretien téléphonique.
« Un projet sexiste »
Des critiques sur les réseaux sociaux, Christina Boixière en reçoit beaucoup. De la part des hommes, surtout. Dans son projet La Voyageuse, il lui est souvent reproché d’être « sexiste », d’exclure les hommes.
Au contraire, si Christina Boixière devait qualifier sa plateforme, elle dirait qu’il s’agit d’un « projet pour l’égalité des genres ». Elle ne revendique pas sa démarche comme « féministe », mais simplement comme un moyen de permettre au femmes de voyager aussi sereinement que les hommes, de « rétablir une certaine confiance ».
Dans l’idéal, elle souhaiterait que dans 10 ans, les femmes n’aient plus besoin de ce genre de plateforme, qu’elles ne se sentent plus en danger à l’autre bout du monde.
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