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30/04/2024 date de fin
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La préfète de la Gironde veut fermer « le plus de squats possible »

« C’est un objectif ambitieux » avance Fabienne Buccio. La préfète de la Gironde et de la région Nouvelle-Aquitaine a voulu rencontrer les journalistes pour expliquer les récentes expulsions et les actions qui les accompagnent. Les associations et les bénévoles qui encadrent les squats ne comptent pas baisser les bras.

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La préfète de la Gironde veut fermer « le plus de squats possible »

« La vraie humanité est de dire la vérité. » Fabienne Buccio donne le ton lors de sa rencontre avec les journalistes. La préfète de la Gironde a voulu faire le point sur les récentes expulsions des squats opérées à Bordeaux et sa métropole, et faire savoir surtout « qu’il n’y a pas eu d’erreurs ; qu’il n’y ait pas de doutes là-dessus ».

Le nombre de squat « a été l’une de [ses] premières surprises en arrivant en Gironde » précise-t-elle.

« Il y en a 150, avec 1500 occupants aux profils différents. 90% de ces squats son situés sur la métropole. Leur nombre commençait à grossir. Et pour éviter les situations de Toulouse et de Nantes où ça débordait dans les rues, j’ai voulu agir. »

Fabienne Buccio se targue de bien connaître le sujet. En effet, de février 2015 à février 2017, elle était la préfète du Pas-de-Calais où elle fut chargée notamment du camp de migrants à Calais :

« Les personnes n’arrivent pas ici par hasard. Ils arrivent par des filières. Il y a de la traite d’êtres humains et les personnes payent le prix. »

« Ce que permet la loi »

Bien qu’elle précise n’être « que l’exécutante des décisions des juges », la préfète se réjouit d’avoir pu faire hospitaliser des enfants retrouvés en mauvaise santé dans les squats.

« Nous faisons une évaluation des personnes qui occupent les lieux de manière à préparer les expulsions, précise-t-elle. Je le dis et redis : nous avons une solution pour chacune des personnes. C’est très sérieusement préparé et on prévoit même toujours plus large. »

Hormis le squat de la rue des Cordeliers à Bordeaux (le Gars rage), où « les services ont été empêchés d’entrer », elle assure que l’évacuation du squat de Saint-Médard-en-Jalles (La Zone du dehors) a été bien menée. Angélique Rocher-Bedjoudjou, la directrice de cabinet présente lors des opérations détaille :

« Nous avons eu à traiter les cas de 65 occupants, et non 120 comme il a été précisé par les associations et relayé par la presse. Nous avons trouvé 19 demandeurs d’asile, 3 familles de 16 personnes, 12 personnes de plusieurs nationalités européennes et les autres étaient en situation irrégulière ou avec des papiers irréguliers. »

Alors « je fais ce que permet la loi » reprend la préfète :

« J’ai une réponse pour tout le monde mais je n’ai pas dit que cette réponse convient à tout le monde. Certains la refusent. Parfois l’hébergement est proposé dans une autre ville de France, avec un déplacement pour s’y rendre pris en charge par l’État. S’ils refusent, ils s’exposent à la perte de l’allocation. »

« Pas question de baisser les bras »

Les détails que Fabienne Buccio apporte sur le déroulé des expulsions, le nombre de personnes expulsées, et leur prise en charge, surprennent par les grandes divergences avec les versions des associations qui œuvrent sur le terrain.

Aude Saldana-Cazenave de Médecins du monde, qui avait été reçue avec Maria Lefort de La Cimade et Shirley du squat La Zone du dehors par la directrice de cabinet de la préfète le 11 juillet dernier, avait affirmé à Rue89 Bordeaux qu’ « il n’y a pas eu les diagnostics sociaux en amont de l’expulsion à Saint-Médard […] et toutes les personnes n’ont pas eu une proposition de relogement ».

Sur ces écarts de chiffres, ainsi que sur les inquiétudes exprimées par les élus (députés, conseillers métropolitains ou encore les maires des grandes villes), Fabienne Buccio s’en tient à ses sources et son bilan, rappelant qu’elle représente l’État et applique ses lois.

Devant la préfecture, où sont rassemblés des militants, des associations et des représentations syndicales, on parle de « mensonges ». Une assemblée générale se tenait dans la soirée à la bourse du travail où sont toujours installés certains expulsés. Selon une militante associative, « il n’est pas question de baisser les bras, d’autres squats seront ouverts ». Un rassemblement est annoncé ce jeudi devant le conseil départemental à 11h30 « pour exiger des solutions de relogement ».


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