La Bastide est aujourd’hui très prisée dans une ville qui se développe à vitesse LGV. Mais si les Bordelais sont de plus en plus nombreux à s’intéresser à son foncier, rares sont ceux qui connaissent le passé industriel du quartier et ses nombreuses curiosités à visiter.
Délaissé dans les années 1970 après la fermeture de son chantier naval côté Brazza, le quartier retrouve des couleurs depuis quelques années… et en particulier la couleur verte.
La rive verte
9h : A l’ombre
Jadis, il y avait des vignes. Aujourd’hui il y a deux parcs (aux Angéliques et des Berges) et un jardin (Botanique). La Bastide est revenue à ses premières amours avec la nature.
C’est aux Angéliques, au niveau du pont de pierre, que commence notre visite du quartier de la Bastide. Trait d’union entre passé et avenir, le nouveau parc relie l’ancien pont de pierre au tout design pont Chaban-Delmas.
Promenade particulièrement agréable lorsque le soleil inonde la ville de ses rayons, le chemin se parcourt à pied ou à deux roues, grâce à sa piste cyclable. Sur la route, on peut s’arrêter pique-niquer ou déjeuner dans l’un des établissements posés au bord de la Garonne, à l’image des Chantiers de la Garonne ou de la Ginguette Chez Alriq lors des beaux jours.
En remontant le fleuve, vous pourrez apercevoir sur la droite l’ancienne gare d’Orléans, devenue cinéma multiplexe après l’abandon total du trafic de passagers en 1990 – l’ouverture en 1860 de la passerelle Eiffel avait entraîné le déclin de l’ex gare Bordeaux-Bastide au profit de la gare du Midi, devenue Saint-Jean.
Au niveau de l’allée Jean-Giono, le Jardin botanique déploie ses nombreux spécimens sur 600 mètres de long et 70 de large. Après moult péripéties et plusieurs déménagements, le deuxième poumon vert de la Bastide n’est pas un simple jardin. Installé rive droite depuis 2001, il s’attache à faire découvrir les plantes, la diversité, la nature et la gestion durable des ressources naturelles au public.
Avant de quitter le coin, poussez un peu plus vers le nord en longeant la Garonne et jetez un coup d’œil à la version bordelaise des Grands Moulins de Paris. Née en 1892, la minoterie est l’une des plus importantes usines de la maison mère. Si l’usine ne se visite pas ou à de très rares occasions (comme lors ses changements de décennie) le bâtiment – que l’on peut voir depuis l’autre rive – vaut clairement le coup d’oeil.
Parc aux Angéliques – Quai des Queyries. Ouvert 24h/24.
Jardin Botanique – Esplanade Linné. Ouvert de 7h à 20h.
Les Grands Moulins de Paris – 38, quai de Brazza.
Chez Alriq – ZA quai des Queyries, Port Bastide. Tél. : 05 56 86 58 49. Ouvert de mai à septembre.
Les Chantiers de la Garonne – 21, quai de Queyries. Tél. : 05 47 79 84 70.
11h : la rue Paul-Camelle
Encore un peu de végétation avec cette rue posée à quelques enjambées du Jardin botanique. Du bitume aux fleurs, il n’y a qu’un pas, effectué par la mairie en 2010. Depuis neuf ans, la première rue-jardin de la ville voit ainsi la vie en rose(s). Trois années de conception et un an de travaux ont été nécessaires pour que la fine fleur des rues voit le jour.
Aujourd’hui, on y pénètre via des arches florales, puis on se balade entre pots en terre cuite géants, arbres et plantes des champs qui courent le long des façades. Avec ses différents aménagements (dont des lampadaires à basse consommation) la rue Paul-Camelle est la première rue classée « zone 20km » de Bordeaux.
Le rive ouvrière
11h30 : la Maison Cantonale
Sous les vignes, les pavés. Le raisin laisse progressivement sa place aux usines au XIXe siècle. Et la Bastide de se transformer progressivement en quartier ouvrier. Il faudra toutefois attendre 1865 pour que le quartier devienne officiellement bordelais. Aujourd’hui, les maisons cantonales typiques cohabitent avec des bâtisses des années 2010 qui poussent comme des champignons sur la rive droite.
Au début du XXe siècle, la population – grandissante – doit traverser la Garonne pour effectuer ses démarches administratives. Aussi, il est décidé d’ouvrir une mairie annexe. Les travaux sont confiés à l’architecte Cyprien Alfred-Duprat et au sculpteur Edmond Tuffet, et s’achèveront en 1925. Rares sont les autochtones à savoir aujourd’hui que le superbe bâtiment a été inscrit au titre des monuments historiques en 1994.
Si l’on ne peut le visiter qu’en quelques rares occasions – comme les Journées du patrimoine – ou d’y pénétrer que lors d’événements et des réunions publiques, on peut toutefois admirer le vestibule circulaire, les frises en grès de Gentil et Bourdet, ainsi que les sculptures Art déco lors de ses horaires d’ouverture. Notez que l’extérieur, ses pignons sculptés et sa haute toiture ne sont pas mal non plus…
Maison Cantonale de la Bastide – 20 Rue de Châteauneuf.
12h : les bains douches (Théâtre Poquelin)
Au XIXe siècle, l’arrivée de travailleurs impose l’installation d’équipements pour la population. C’est ainsi qu’ouvrent la première crèche et les premiers bains douches en 1892. Postés à deux pas de la Maison Cantonale, les anciens bains conservent l’inscription d’origine sur leurs briques.
A deux pas de là, les deuxièmes bains douches ont fermé leurs portes en 2001. Depuis 2012, ils ont amorcé en virage à 360° en devenant le plus petit théâtre bordelais et le seul de Bordeaux rive droite. On peut toujours admirer l’ancien guichet et son carrelage bicolore. Bonne nouvelle pour les curieux : l’endroit se visite sur demande. Sinon, on ne peut que vous encourager à aller voir un spectacle.
Théâtre Poquelin – Les bains douches, Aquitaine, rue Etobon-Chenebier, 33100 Bordeaux. Tél. : 06 87 54 96 05.
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Pause casse-croute
Rendez-vous place Stalingrad ou dans les rues adjacentes pour un déjeuner sur le pouce dans l’un des bars du coin. Si le temps le permet, installez-vous en terrasse pour manger en tête-à-tête avec le pont de pierre. Sinon, retour au parc de ce matin pour un pique nique avec vue sur la place de la Bourse.
Quelques bonnes adresses :
Bistrot Niel – 7 Avenue Abadie. Tél. : 05 56 67 52 30.
La Mona – 1 Rue Sainte-Marie. Tél. : 05 40 24 61 11
Café du Port – 1 Quai Deschamps. Tél. : 05 56 77 81 18.
La rive industrielle
14h30 : Le 308+
Totalement réhabilité en 2009, le bâtiment accueillait jadis une usine d’électricité. Aujourd’hui, il abrite le 308+, fédérant le Conseil de l’Ordre des Architectes, la maison de l’architecture en Aquitaine et le centre de formation des architectes d’Aquitaine. Cet ouvrage fait fièrement partie du patrimoine industriel de la région. On peut toujours admirer sa façade de facture industrielle début XX°siècle et ses exposition régulières (et gratuites) organisées par la maison de l’architecture.
308+ – 308 avenue Thiers. Tél. : 05 56 48 83 25
16h : la rue Fourteau et ses entrepôts historiques Lasserre
A une poignée de minutes de la place Stalingrad, la petite rue Fourteau ne paye pas de mine à première vue. Il faut lever le nez et les yeux pour constater que la façade des anciens établissements « Lasserre, Rhums et Cacaos » n’a pas bougé une oreille depuis 1863. Si l’endroit ne se visite malheureusement pas, le coup d’œil sur la devanture en pierre sculptée suffit au déplacement.
17h : la caserne des Pompiers
Conçue par les architectes bordelais Claude Ferret, Yves Salier et Adrien Courtois entre 1950 et 1954, sur le terrain de l’ancienne gare de Bordeaux-État, avec des éléments en aluminium sur la façade imaginés par Jean Prouvé, la caserne de la Benauge vit probablement ses derniers moments. Les pompiers devraient en effet intégrer un nouveau local dans le quartier d’Euratlantique dans les mois (ou années) à venir.
Labellisé « Patrimoine du XXe siècle » en 2008 et inscrit « Monument historique » depuis 2014, le bâtiment lui, devrait être exempté de démolition. Une école d’hôtellerie a été pressentie pour prendre la relève mais rien n’est encore acté aujourd’hui.
Si l’on ne peut y pénétrer en dehors des Journées du patrimoine, on peut en revanche admirer ses lignes, ses couleurs et sa taille qui ne passent pas inaperçues au bord de la Garonne. Son organisation fait référence à la célèbre école du Bauhaus et à la théorie de Le Corbusier qui met en avant le fonctionnalisme des bâtiments.
Caserne de la Benauge – 1 rue de la Benauge.
18h : Le pont de pierre
La visite se termine ici ! Inscrit monument historique depuis 2002, le pont de pierre a été construit entre 1810 et 1822 par les ingénieurs Claude Deschamps et Jean-Baptiste Basile Billaudel.
Long de 487 mètres entièrement dédiés aux piétons et aux transports doux, le pont de pierre s’apprécie à toute heure et en particulier l’heure du coucher de soleil avec, au premier plan, la rive droite qui n’a désormais plus rien à envier à sa sœur de l’autre rive.
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