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Barbara Schroeder, la création comme urgence d’une nécessité d’agir

Une triple actualité en janvier 2020 pour l’artiste Barbara Schroeder à Bordeaux : l’exposition « Knysna » dès le 14 janvier, 19h à la Galerie Tinbox place Camille-Jullian ; elle intervient dans le cadre du dispositif « Regards croisés » du Musée des Beaux-arts de Bordeaux le jeudi 23 janvier à 12h15 ; et sera intronisée le jour même à l’Académie nationale des Sciences, des Arts et des Belles lettres de Bordeaux.

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Barbara Schroeder, la création comme urgence d’une nécessité d’agir

Barbara Schroeder est une artiste européenne, franco-allemande, dont l’œuvre réticulaire croisera à la fois la mémoire de voyages en Patagonie, des résidences en Afrique du Sud, des souvenirs d’une enfance en Rhénanie du Nord-Westphalie qu’elle quittera à 19 ans pour s’installer à Bordeaux.

Barbara Schroeder, artiste peintre et sculptrice (© Gottfried Evers)

La sublimation comme passe-muraille

Profondément marquée durant sa jeunesse par la séparation des deux Allemagne, elle engage le mémoire de son Diplôme de fin d’Études Approfondies sur le sujet du mur de Berlin, ce mur de la honte qu’elle présentera comme une peinture sans fin empreinte des stigmates et souffrances d’un peuple. C’est au lendemain-même de sa soutenance à l’Université de Bordeaux III que ce mur de 155 km tombait.

Berlin a célébré récemment ce trentième anniversaire de la chute de ce mur et parallèlement, on compte encore aujourd’hui entre 60 et 75 murs dans le monde. Après avoir connu la fragilité de la liberté d’expression, les difficultés de la vie en Allemagne de l’Est, et la lourde culpabilité d’après-guerre, l’œuvre de Barbara Schroeder s’est peu à peu élaborée avec un ancrage profondément humaniste. La sublimation des travers ténébreux voire morbides de l’humanité demeure dans un enjeu profond, la matière de son inspiration.

Là où le monde divise, compartimente, Barbara Schroeder, relie. Elle relie, mais pas seulement par les scénographies singulières que forment ses installations ; elle relie en donnant du sens à l’essentiel, ou en questionnant la survie en milieu hostile. Elle dit :

« Je suis fascinée par les paysages de l’extrême, là où personne ne souhaiterait s’installer et pourtant des personnes continuent à y vivre jour après jour. Alors mon travail est une loupe sur l’écorce de ces paysages. »

L’énergie de l’action au cœur de la vie

La plasticienne travaille dans son atelier aux pieds des coteaux couverts de vignes de Teuillac, où elle réside, et dans un atelier partagé à l’Annexe B, un lieu d’expérimentation culturel mutualisé situé au Grand Parc à Bordeaux.

Elle est en contact direct avec la matière et emprunte autant à l’artisanat, qu’aux techniques des beaux-arts détournées à des fins contemporaines. En bleu de travail, elle installe ses outils, ses moules, ses récipients. Elle mélange, coupe, tranche, évide…

Elle organise ce temps de création à l’Annexe B dans un espace qu’elle partage avec deux autres artistes, Patrick Polidano et Laurent Valéra.

« C’est un lieu au creux de la vie, avec les cris des enfants en récréation, la mosquée, et parfois un corbillard sort de l’Ehpad voisin. Et j’ai besoin de ce mouvement de la vie pour créer. »

Elle poursuit également son travail de recherche dans le cadre de résidences internationales.

Knysna ou la mémoire d’une forêt carbonisée

Grâce à la SAFFCA (Southern African Foundation For Contemporary Art ) présidée et co-fondée par Pierre Lombart, elle a été invitée en résidence artistique avec Chrisel Attewel, jeune artiste sudafricaine pendant le mois d’août 2019 sur le site de l’Entabeni Farm au sud-est de l’Afrique du Sud au bord de l’Océan Indien.

« Nous avons atteint ce site paradisiaque après une longue traversée du désert en voiture, à 1 800 kilomètres depuis Johannesburg. Après plusieurs jours de marche, nous comprenons qu’un drame s’est déroulé sur ces terres dont la nature était en train de se remettre tout doucement. L’incendie remonte au 7 juin 2017. Le plus grave que le pays n’ait jamais connu. De graves pertes en vies humaines et animales, la destruction des biens de plus de 600 personnes, et 20 000 hectares de forêt primaire anéantis, marquent le paysage dévasté avec un sol durablement endommagé par les fortes chaleurs. »


Derrière l’Horizon, 20×24 cm, béton coulé, 2019 (© B. Schroeder)

L’exposition « Knysna », initiée par la commissaire d’exposition Nadia Russel Kissoon, présente les productions de l’artiste sur les terres brûlées de Knysna au cours de sa seconde résidence en Afrique du Sud. L’exposition s’inscrit dans le programme « Il faut cultiver notre jardin » de l’Agence Créative et se déroule du 14 janvier (vernissage 19h) au 16 février dans la galerie Tinbox mobile, place Camille-Julian à Bordeaux. Cette exposition résonne particulièrement avec l’actualité des incendies qui ravagent les forêts d’Australie.

Barbara Schroeder a réalisé, suite à cette résidence, des sculptures « empreintes et empruntées aux arbres » moulées dans un ciment d’une apparence très noire pour immortaliser cette force vitale de la forêt primaire carbonisée, à la manière d’un mémorial. L’artiste a choisi de concentrer son attention sur les champignons lignicoles pour leur faculté de transformation et la part invisible, mystique que développe le réseau souterrain du mycélium. On y trouve d’étranges empreintes en silicone qui ressemblent à de grandes oreilles. Il s’agit de ce champignon saprophyte, le phellinus nigrolimitatus. Ces champignons sont les premiers dégradeurs de la matière organique et jouent donc un rôle essentiel de décomposeurs. Ils sont aussi appelés « langue de bœuf » en français ou Feuerschwamm « éponge de feu » en allemand).

Mehr Pilz – ou peut-être plus de champignons, Silicone, 48×42 cm, 2019 (© B.Schroeder)

De ces formes organiques jaillit une clarté au milieu de la noirceur des écorces. La plasticienne crée un choc visuel, existentiel. Elle dit :

« Mon paysage de fossiles devient viscéral. »

Si la présence humaine est indirecte, les notions de résilience et de rédemption du vivant sont à prendre au sens large. Sans être un fil conducteur, la blessure germanique fait encore écho dans ce travail avec toujours cette recherche du dépassement vissée au corps . Et la noirceur, à l’image d’un Phœnix, oiseau de feu qui renait de ses cendres, nous plonge dans une énergie méditative profonde.

« Mon approche de la vie par la nature passe par l’intention absolue d’affronter la matière. C’est une liaison physique, instinctive, débarrassée de toute conceptualisation. »

Si Barbara Schroeder se défend de toute théorisation de son travail, on ne peut s’empêcher d’y lire des parentés artistiques sur différents aspects de sa démarche. On pense d’une part à Anselm Kiefer et à ses paysages urbains contemporains en déréliction où s’enchevêtrent blocs de béton et ferrailles tordues qui ont fait fonction de catharsis du trauma originel. Et puis, à travers cette volonté forte d’extraire la lumière au creux de l’obscurité, on pense bien évidemment à Pierre Soulages, mais aussi en raison d’une liberté affirmée dans le process de mise en œuvre. Après plus de 60 années d’expérimentations plastiques, Soulages nous explique :

« C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche… Pour un peintre, les problèmes qui se posent ne précèdent pas les solutions. Ils naissent de l’œuvre, avec elle. »

Knysna Derrière l’Horizon, Installation sculptures en ciment et silicon, 20×24 cm et 20×48 cm, 2019 (© B.Schroeder)

Barbara Schroeder aborde au travers de « Knysna » une réalité apocalyptique au sens propre bien plus large, c’est-à-dire qu’elle prend indirectement en charge les questionnements concernant l’anxiété climatologique de l’époque, mais la poétique toute en finesse qu’elle propose ne rajoute pas à l’effondrement. Tout au contraire, la démarche au-delà de la splendeur, de la précision et de la méticulosité des pièces exposées, invite le visiteur à prendre conscience d’une certaine renaissance possible de la nature, d’une force de re-création plus forte que les catastrophes qui résonnent en nous.

C’est-à-dire qu’au-delà de l’étonnant rapport à la matière d’une intensité plastique et visuelle, l’intention artistique de l’artiste est porteuse comme d’un principe actif, d’une énergie viscérale de mettre en focus une magie toute réelle qui s’opère devant nos yeux et avec laquelle la plasticienne fait corps. De la forêt carbonisée jaillissent les prémices d’une vie nouvelle qui nous guide pour franchir le mur de la collapsologie. On vit des temps sauvages, des temps d’incendie mais plus qu’une espérance, Barbara Schroeder, en chercheuse déterminée, ne travaille pas seulement à ouvrir notre regard, elle crée une œuvre qui voit.

Regards croisés au Musba, la question du feu

Ce n’est donc pas un hasard si jeudi 23 janvier 2020 à 12h15 dans le cadre du dispositif « Regards croisés » avec Isabelle Beccia, médiatrice culturelle au Musée des Beaux-arts de Bordeaux, Barbara Schroeder a choisi d’évoquer la question du feu et d’une renaissance possible après un incendie. Elle s’intéressera au cas de « La Chasse aux lions », une toile du peintre romantique Delacroix en 1855 empreinte d’une sauvagerie tempétueuse, sur commande de l’État, alors qu’il était au faite de sa gloire. La peinture a été intégrée à la Collection du musée, par transfert de propriété des œuvres de l’Etat déposées à Bordeaux avant 1910.

La Chasse aux lions, vers 1854, huile sur toile, 175×360 cm, Musée des Beaux-Arts de Bordeaux (cc Bernard Blanc)

« La Chasse aux lions est une véritable explosion de couleurs (que ce mot soit pris dans le bon sens). Jamais couleurs plus belles, plus intenses, ne pénètrent jusqu’à l’âme par le canal des yeux » écrivit Baudelaire dans un article du Pays le 3 juin 1855.

L’œuvre fut installée au Musée de peinture et de sculpture de Bordeaux dans l’hôtel de ville, comme « pendant » de la Chasse de Rubens. Malheureusement, lors d’un incendie du musée en 1870, la partie supérieure du tableau fut emportée par les flammes. En 1879 un choix de restaurer l’œuvre en l’état fut pris, mais en laissant en réserve la partie détériorée. Le tableau en partie tronqué par le feu est ainsi. Étrangement la partie amputée de la toile renforce la charge dramatique de cette scène cynégétique ainsi marquée par la quasi-absence de la figuration humaine et la présence des fauves imposants et des chevaux cabrés.

Si Barbara Schroeder, peintre et sculptrice, puise son inspiration plus dans le règne végétal qu’animal, le feu est aussi son moyen d’expression tant pour la peinture que la sculpture. Si le feu incarne la lumière, la connaissance, la combustion renvoie aussi à la transformation. Le feu est aussi son allié et passe par l’expérience empirique de la cuisson de la porcelaine. La température de fusion d’une « pâte dure » monte jusqu’à 1400° et met un jour à redescendre avec un risque d’éclatement des pièces toujours présent.

« Travailler avec le feu nécessite patience et humilité en raison de cette ambivalence qui fait que la porcelaine traverse les siècles tout en étant très fragile », confie la plasticienne.

La patate, cet obscur fruit défendu

Barbara Schroeder est attachée aux valeurs terriennes, aux personnes qui transforment la terre. On la connait principalement pour ses installations constituées de pommes de terre en porcelaine blanche.

Pour récolter ce fruit de la terre, il est encore question d’humilité. Il faut se baisser, puis ouvrir et fouiller la terre. La reproduction des pommes de terre est travail de génération en arborescence, en rhizomes qui se déroule dans l’obscurité et le tubercule-mère donne naissance aux tubercules-filles. La patate donne tout à sa progéniture. Chaque nouvelle pomme de terre apparait comme un miracle.

On pense à « L’Angélus » (1857 et 1859) peint par Millet, fils de cultivateur. On pense aussi aux Planteurs de pommes de terre (1884) peint par Van Gogh. On ressent à travers ces peintures combien la terre et le précieux fruit sont sources de vie. Il y a aussi cette dualité étonnante entre la partie toxique aérienne qui développe la chlorophylle et la partie comestible enterrée, cachée. Poison et plaisir sont séparés seulement par deux centimètres de terre. Bien et mal cohabitent.

Terre à Terre, Exposition Haus im Park, Emmerich Performance Pelure avec porcelaines 2015 (© Gottfried Evers)

Lors de la transformation en porcelaine, le contenu de la pomme de terre disparait et le feu en sublime la texture. En perdant de sa substance, la pomme de terre métamorphosée en céramique acquiert un mystère certain, un caractère habilement précieux. Ces patates sont maintenant comme des cellules en mutation, des cocons prêts à éclore.

La plasticienne œuvre dans un esprit de cohérence et d’authenticité. Elle a notamment reçu en 2015, le Prix Oenocentres remis par la Chambre d’Agriculture. Dégustatrice, Barbara Schroeder défend les vignerons, les vins simples. Loin d’être une fantaisie contemporaine, ce travail autour de la pomme de terre est marqué par un intérêt profond de l’artiste pour la terre, l’agriculture, la vigne.

Éloge de la pomme de terre : de la fuite à la réconciliation

Ce travail autour de la pomme de terre recouvre aussi une dimension autobiographique. En effet l’artiste franco-allemande est née à Kleve en Allemagne au bord du Rhin, à 15 km de la frontière hollandaise, et la consommation de pomme de terre était comme le pain un aliment de tous les repas au quotidien. On connait le célèbre tableau de Van Gogh « Les mangeurs de pommes de terre » (1885) peint à Nuenen, aux Pays-Bas en hommage à la paysannerie. Barbara avait durant son enfance un rapport conflictuel avec la patate jusqu’à l’overdose !

Non sans un certain humour, Barbara Schroeder a clairement voulu régler ses comptes avec les solanacées tout en portant une réflexion sur nos habitudes culinaires. Barbara Schroeder en constante expérimentation, en observation et analyse continues du monde, aborde indirectement des questions sociales et politiques au travers de cet intérêt pour la pomme de terre, la relation à la terre et à l’agriculture qui façonne le paysage.

La pomme de terre est introduite en France dès le début du XVIe siècle mais elle reste longtemps boudée en France, et réservée à l’alimentation des animaux. Et ce n’est qu’au XVIIIe siècle, grâce à la ténacité et l’ingéniosité de Parmentier, pharmacien aux armées, que ses qualités sont enfin reconnues. Il les recommande donc pour sauver le peuple de la famine. Il va plus loin encore en plantant des champs de pommes de terre aux alentours de Paris et en obtenant du roi qu’ils soient gardés seulement le jour par des soldats. La nuit, attirés, les habitants dérobent les précieux tubercules. On raconte autour du « fruit interdit » la même anecdote outre-Rhin avec l’Empereur du Saint-Empire romain germanique pour populariser la consommation de la pomme de terre.

C’est dans ce désir de « réunification » avec le souvenir d’enfance que Barbara Schroeder en est venue à créer une œuvre par jour durant une année, un process de conjugaison calendaire autour de la pomme de terre avec pour limites : la durée (du 1 octobre 2014 au 30 septembre 2015) et le format (18×24 cm).

Ces 365 « pièces à conviction » au sein desquelles on trouve d’autres séries, ont donné lieu à un 366 élément, un livre Patates story ( éditions Confluences – 2017 ) accompagné d’un entretien avec Claire Jacquet, directrice du Fonds Régional d’Art Contemporain d’Aquitaine et d’un texte d’Alexander Grönert, commissaire de la Fondation Joseph Beuys.

Cette série comme une sorte d’épreuve recouvre un enjeu particulier autour de la pomme de terre avec différents langages, la peinture, la vidéo, des miniatures de toutes sortes et enfin la porcelaine pour la rendre éternelle. La porcelaine, c’est encore l’argile, la terre. 365 ! Comment ne pas se répéter ? On y trouve les terres froides, les terres chaudes, les champs en fleurs, le ciel… quelques délicieuses recettes poétiques et même le strip-tease de la pomme de terre !

Un champ de force en permanente reconstruction

Barbara Schroeder a commencé par la gravure, puis la peinture. La deuxième dimension ne la satisfaisait pas. Un jour, elle a décidé de mouler son pot-au-feu et l’expérimentation a commencé, souvent avec des formes rondes comme une matrice. Peu à peu, c’est un champ de pomme de terre qui est apparu. 1 500 pièces issues de 72 moules différents, toutes d’une blancheur éclatante, deviennent les éléments d’installations sans cesses renouvelées selon les contextes. Les pommes de terre en porcelaine viennent poétiser les endroits meurtris ou des espaces dominés par le chaos telles les constructions militaires de la seconde guerre mondiale ou les décharges.

Barbara Schroeder explique qu’elle circule en voiture toujours avec un bac de pommes de terre en porcelaine et si le paysage l’inspire, elle investi l’espace par des alignements, des cheminements, des circularités en expansion comme une onde, un écho, un vortex. L’installation peut apparaitre sous la forme de performance d’écriture land-art, ou plus ritualisée, ou bien encore plus scénarisée dans un lieu d’exposition. Les pommes de terre sont ici installées comme une chute en pluie, et là comme une vapeur avec une impression d’élévation perpétuelle entre obscurité et lumière dans une énergie méditative.

Champ des Constellations, porcelaine de Limoges, dans le chai des Jasmins à Château Palmer Margaux, 2016 (© B. Schroeder)

Par l’installation, elle nous entraîne avec elle dans une échelle nouvelle en poétisant des espaces par une disposition, « dissémination » au sens de Derrida, qui semble innée, porteuse d’une certaine solennité, sérénité. C’est une façon d’exprimer ou de transformer l’énergie d’un lieu. Cette série a notamment été exposée à l’Institut Culturel Bernard Magrez de Bordeaux, et présentée dans son intégralité en 2017 à la Fondation Joseph Beuys, à Schloss Moyland en Allemagne.

Tout n’est pas tout noir ou tout blanc chez Barbara Schroeder. Son univers est tout en nuances, en force et en sensibilité. Ses œuvres sont habitées par une réflexion existentielle de fond, une philosophie intuitive pragmatique et une poétique humaniste. Il s’en dégage tout à la fois une sensation simple de consolation et une magie vagabonde autrement dit une puissance de recréation du monde. En travaillant avec plusieurs langages, la peinture, la sculpture, en reliant par l’installation avec des lieux existants, elle tisse quelque chose d’unique, labyrinthique et limpide.

Magnitudes, une résidence de création en Ehpad

Cette résidence organisée par l’Agence Créative s’est déroulée de septembre à mi-décembre 2019 auprès des résidents de l’Ehpad Marie Durant au Grand Parc.

L’exposition est réalisée dans le cadre de l’appel à initiatives « L’un est l’autre » du Conseil Départemental de la Gironde, pour lequel l’EHPAD Marie Durand et l’association L’Agence Créative pour l’art contemporain s’associent pour mettre en place un projet artistique sous le titre « DE LA CONSTANCE… » qui entre en résonance avec l’histoire et les actions de l’EHPAD et les travaux de Barbara Schrœder :

La recherche sur l’alimentation et l’interculturalité ;
– La faïence et la poterie traditionnelles et contemporaines, en lien avec la manufacture J. Vieillard & Cie.

Magnitudes, 2019 (© B. Schroeder)

Ce projet artistique propose une exploration de la pomme de terre, « une plante sans prétention », à partir d’œuvres en porcelaine de l’artiste Barbara Schrœder. Il se déclinera durant trois mois à l’EHPAD Marie Durand sous la forme d’ateliers de modelage, d’écriture de recettes de cuisine et de temps d’échange appelés « racontages ».

« Ce projet artistique propose une exploration de la pomme de terre, “une plante sans prétention”, à partir d’œuvres en porcelaine de l’artiste Barbara Schroeder. Il se déclinera durant trois mois à l’EHPAD Marie Durand sous la forme d’ateliers de modelage, d’écriture de recettes de cuisine et de temps d’échange appelés “racontages” ». Nadia Russell Kissoon Curator Tinbox Agence Créative.

C’est une poétique de la rencontre expérimentée entre la matière ductile, terre malléable humide qui s’étire sans se rompre et les sensations retrouvées, l’impression concrète de retrouver un certain pouvoir par le toucher. L’argile révèle des sentiments intérieurs par le « Gefühl », le toucher.

« Ce projet était d’une logique implacable. J’ai commencé par demander si chacun avait un souvenir à propos de la pomme de terre. Et tout a débuté dans cette simplicité avec des regards, des complicités. Nous avons expérimenté l’argile. La question du geste est essentielle pour moi. C’est très émouvant car il y a toute une vie dans les mains. »

Ce projet donnera lieu à un film documentaire et un livre réalisés par l’Agence créative.

Parcours

Barbara Schroeder s’installe à Bordeaux en 1984 et suit des études d’Arts Plastiques à l’Université de Bordeaux III et à l’Ecole des Beaux Arts de Bordeaux avec une formation en gravure.

Elle obtient son DEA de Communication Art et Spectacle sur le thème des Peintures du Mur de Berlin en 1989 et débute un 3e cycle à La Sorbonne.

On trouve ses œuvres sur différents édifices publics de la région Aquitaine : panneau monumental du vestibule de la Caisse des Dépôts et Consignation de Bordeaux, grandes fresques murales de la bibliothèque de l’Université Bordeaux II, dont une fresque de trente-cinq mètres de long.

Barbara Schroeder a publié quelques ouvrages, dont certains en coédition avec Michel Butor, grand poète philosophe, romancier et essayiste : « L’Arc en ciel bleu », « Art-ishow », « La Valse de choux » et « Tales from the Niederrhein ».

Après avoir reçu les insignes de Chevalier de l’ordre des Arts et Lettres, et le Premier prix sculpture du Grand Prix Bernard Magrez 2016, elle sera, ce 23 janvier, officiellement intronisée à l’Académie Nationale des Sciences, des Arts et des Belles Lettres de Bordeaux, grâce au parrainage du regretté Robert Coustet.


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