Le rendez-vous était donné à 21h à deux endroits différents de l’agglomération, mais l’objectif était le même. Dans la ligne de mire des militants opposés à la réforme des retraites, se trouve ce dimanche soir la zone industrielle de Pot au Pin à Cestas. La zone d’activités est un lieu stratégique qui emploie près de 5000 salariés et où se trouve notamment l’entrepôt logistique de l’entreprise Cdiscount.
Initié par des militants du syndicat FO transport et des gilets jaunes, c’est le neuvième blocage économique girondin depuis le début de la mobilisation. Alors que certaines actions avaient à peine mobilisé quelques dizaines de volontaires, celle-ci, avec près de 200, a un petit goût de victoire.
Visiblement, le discours la veille du Premier ministre, Édouard Philippe, et l’annonce du « retrait provisoire » du dispositif d’âge pivot n’a pas convaincu. Autour du feu, Davidov, un cheminot non syndiqué d’une quarantaine d’année n’est pas étonné du regain de mobilisation :
« Ce n’est pas l’âge pivot qui compte, c’est le reste. Les annonces, les négociations, c’est juste une façade. C’est le projet entier qu’il faut retirer. On est deux à trois fois plus nombreux que la semaine dernière, c’est dire ! »
Comme lui, des cheminots de Sud Rail et de l’Unsa Ferroviaire, mais aussi quelques étudiants et ex-salariés de chez Ford se sont joints à l’initiative. Et leurs avis sur les annonces récentes du premier ministre sont unanimes.
L’arbre qui cache la forêt
Une analyse dans le sens de laquelle abonde le député de la France insoumise Loic Prud’homme, venu soutenir les manifestants.
« C’est un enfumage de plus d’Édouard Philippe pour nous faire croire qu’il négocie. Mais c’est l’arbre de l’âge pivot qui cache la forêt de la baisse des pensions. C’est l’objectif écrit en toutes lettres. C’est de plus une mini clause du grand père qui concerne les gens qui vont partir entre 2022 et 2027. Ça ne change rien pour les autres. »
« La suspension de l’âge pivot c’est un non événement, surenchérit Philippe Poutou. Il ne faut pas qu’on passe trop de temps à commenter le pouvoir mais qu’on trouve les moyens de se renforcer et faire la bascule. »
En effet, beaucoup d’interrogations sur les moyens pour maintenir la mobilisation. L’ancien ouvrier de Ford Blanquefort et porte-parole du NPA ajoute :
« On est toujours partagé entre un mouvement qui nous surprend, qui est diversifié, qui fait réfléchir et nous interpelle et de se questionner pour savoir si malheureusement il va s’éteindre comme les autres… C’est la masse qui nous manque. »
A 2h du matin, et dès les premières sommations de la gendarmerie, le blocage est levé.
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