Construire au moins 6000 logements étudiants conventionnés entre 2020 et 2030, soit 12 places pour 100 étudiants en 2030 contre 8,5 aujourd’hui (et 10 au niveau national) : c’est l’ambition du plan adopté ce vendredi en conseil de Bordeaux Métropole, et qui sera présenté dans les mêmes termes au conseil régional de Nouvelle-Aquitaine.
Il entend répondre à la grave crise qui secoue depuis quelques années le campus bordelais, avec des cas extrêmes d’étudiants contraints de dormir à la rue ou dans leurs voitures. Leur nombre a il est vrai considérablement augmenté – 30000 étudiants en 20 ans, et 4000 uniquement entre les rentrées 2017 et 2018, pour un effectif total de 105800 étudiants -, sans que l’offre d’hébergement suive.
60% des ressources consacrés au logement
La métropole compte ainsi seulement 8647 logements conventionnés (sociaux), hébergeant 17% des étudiants bordelais qui ne vivent plus chez leurs parents. 10% se tournent vers des résidences dédiées privées, et 73% dans le parc diffus privé, où une part importante des petits logements est réservé aux touristes, via Airbnb.
Les prix ont augmenté en conséquence – de 250 euros pour une chambre CROUS à Pessac à 726 euros pour un studio à Bordeaux Saint-Genès -, et les étudiants de la région doivent consacrer aujourd’hui 60% de leurs ressources au logement.
Avec l’Etat, le CROUS, la Région et les bailleurs, la métropole veut donc « construire 600 logements conventionnés par an pendant 10 ans, contre 200 à 300 actuellement » souligne Fabien Robert, vice-président de la métropole chargé de l’enseignement supérieur. Une bonne partie du soutien public (non chiffré) passera par de la « mobilisation foncière » (dons de terrains, notamment sur le campus) et de l’ajustement de programmes de logements dans les grandes opérations d’aménagement.
Mettre le privé dans la boucle
Les collectivités entendent aussi « agir sur le parc privé » en rendant « visible et accessible 20% du parc actuel et disposer d’une offre de 1000 places logements étudiants « alternatifs » (colocation solidaire, intergénérationnel…) » en 2030.
Les élus du conseil ont approuvé ce plan à l’unanimité, avec quelques bémols pointés notamment par l’écologiste Sylvie Cassou-Schotte : elle a regretté que les écoles d’enseignement supérieur privées soient « les grandes absentes » du tour de table, alors qu’elles « s’implantent avec de grandes facilités, tout en pratiquant des droits d’inscription prohibitifs ». La conseillère métropolitaine a aussi déploré que la métropole se prive pour l’instant d’un autre outil de régulation du marché, l’encadrement des loyers.
L’élue communiste Odile Blein a quant alerté sur « l’état d’insalubrité important » d’une partie du parc du CROUS, celle des chambres à moins de 250 euros. « Nous attendons donc beaucoup d’ouvertures en PLUS (logements très sociaux) offrant aux étudiants des logements de qualité », a-t-elle ajouté.
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