Depuis une semaine, l’académie de Bordeaux est en vacances. Si, si. Mais « le confinement, ce n’est pas les vacances », martelait la préfète de Nouvelle-Aquitaine pour justifier les contrôles visant les brebis égarées sur les plages ou les quais de Bordeaux en pleine pandémie.
Et le déconfinement du 11 mai risque fort de ne pas ressembler non plus aux congés payés, a prévenu ce vendredi Fabienne Buccio :
« Je ne voudrais pas d’un effet coupe du monde sur les plages, ce serait terrible », répond-elle ce vendredi, interrogée sur éventuel feu vert pour la grande bleue.
Sous la pandémie, la plage
Car les pressions des élus locaux se font de plus en plus vives. Laurent Peyrondet, le maire de Lacanau et président de l’Office de tourisme Médoc Atlantique, a ainsi réclamé ce jeudi que « très vite la préfète lève ses arrêtés d’interdiction des plages et des locations saisonnières », afin que celles-ci soient disponibles à partir du 15 juin.
« Il faudra y aller progressivement, réorganiser les plages, rencontrer ceux qui font des activités dessus, discuter avec les élus », estime pour sa part Fabienne Buccio. Elle indique bénéficier de la compréhension d’acteurs comme le président de la fédération française de surf, qui cherchent la meilleure solution possible pour nettoyer les combinaisons d’éventuelles traces du virus entre deux cours.
Mais surtout, les règles du déconfinement, accès aux plage compris, ne sont pas fixées à Bordeaux, mais à Paris. La préfecture, comme les communes et les entreprises qui vivent de près ou de loin du tourisme, sont suspendues au plan du gouvernement, espéré dans les prochains jours.
La région Nouvelle-Aquitaine est pourtant la moins touchée par l’épidémie – selon les premières projections de l’Institut Pasteur, 1,4% de ses habitants seront potentiellement infectés par le Covid-19 le 11 mai, contre 5,7 % pour la moyenne nationale. A cette date, les hôpitaux régionaux pourraient ne plus avoir de patients atteints du virus en soins intensifs ou en réanimation.
« L’immunisation de la population est très faible mais elle ne demande qu’à flamber si on ne tient pas des mesures extrêmement strictes, avertit le professeur Patrick Dehail, de l’Agence régionale de santé Nouvelle-Aquitaine. Jean Castex (le M. Déconfinement de l’Etat, NDLR) réfléchit à limiter la mobilité interrégionale, c’est essentiel. Si cet été des patients infectés arrivent dans notre région, cela peut-être une allumette dans un champ de blé ».
Circuit court
Voilà de quoi inquiéter le secteur néo-aquitain du tourisme, qui mise sur les visiteurs français cet été pour compenser l’effondrement des voyages internationaux. L’ODT Médoc Atlantique prévoit par exemple « une grosse campagne de communication dans différents médias » afin d’ « aller chercher ces 10 à 12 millions de Français qui partent tous les ans à l’étranger et qui vont rester dans le pays cet été ».
Le Comité régional du tourisme en Nouvelle-Aquitaine a lui déjà lancé sa campagne Solidarité Tourisme pour cultiver « l’attachement » à la région, et encourager les touristes de ne pas annuler leurs vacances. Il s’agit aussi de faire la promotion du « locatourisme », en rappelant aux habitants de la région ses atouts – une politique de circuit-court que tente de promouvoir Bordeaux Métropole, rappelle l’entretien de ce dossier.
Cette stratégie devrait être facilitée par les incertitudes planant sur le secteur des voyages, ce qui ne signifie pas que tous les horizons sont bouchés, comme l’explique l’autre article que vous propose Rue89 Bordeaux dans cette nouvelle série.
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