« Avec le coronavirus, la piscine, c’est seulement trente minutes. Ici, on peut rester le temps qu’on veut. » Nicolas, lycéen, est venu se baigner au lac de Cantefrène, à Ambès, avec quatre de ses amis. Ils sont d’Ambès ou Carbon-Blanc, sont venus à vélo ou en trottinette, et assurent « ne pas venir souvent ». Les cinq amis savent bien que la baignade est interdite mais « il fait trop chaud ».
Même son de cloche du côté de Lormont au parc de l’Ermitage. Léo, Hanna, Félix, Damien et Manon, la vingtaine, sont venus « se rafraîchir » dans l’eau du lac. Trois d’entre eux sont parisiens, venus en vacances à Bordeaux pour voir leurs amis, qui n’habitent « pas très loin ». Ils concèdent :
« On ne sait pas ce qu’il y a dedans mais on est déjà venus une fois, et on n’a rien eu. Et puis les enfant se baignent sans souci, donc c’est que ça doit aller. »
Richard et Carine sont venus en vacances dans la région depuis le Finistère avec leur trois ados. Comment ont-ils fini dans l’eau du lac ?
« On a fait le parcours Geocatch de Lormont, et il finit dans ce parc. On a vu des gens se baigner, l’eau était belle donc on y est allé. C’est un espace Natura 2000 donc l’eau doit être de qualité. »
« L’eau n’est pas adaptée à la baignade. »
Le maire de Lormont, Jean Touzeau, reste ferme : « Ce n’est pas un lac de baignade, l’eau n’est pas adaptée. » Il explique que le parc de l’Ermitage se trouve sur une ancienne friche industrielle. « Ce lac est un trou qui a été remis en eau » détaille l’édile socialiste. La mairie l’avait alors pensé comme un espace de protection de la biodiversité, d’où son aménagement en 2005 et son classement Natura 2000.
« On a fait le choix d’une dimension environnementale et écologique. Il est classé en zone humide avec des espèces, oiseaux et batraciens, qui sont eux aussi classés. »
Face aux fortes chaleurs, le maire est-il prêt à autoriser la baignade sur le site ?
« J’ai un positionnement clair et pour longtemps, assume-t-il. Ce n’est pas parce qu’il fait chaud qu’on doit ouvrir dans nos communes des espaces non adaptés. Tant que je serai maire, ce lac aura une vocation écologique. »
Appelant chacun à la responsabilité pour « ne pas pulvériser le site naturel », le maire a rappelé les noyades dans les eaux de l’Ermitage. En effet, en 2014, la mort d’un jeune adolescent de 17 ans originaire d’Ambès avait marqué les esprits.
Piquer une tête à Ambarès ?
À la mairie d’Ambès, on joue la même partition concernant le lac de Cantefrène.
« La baignade a toujours été interdite et ça le restera, nous assure-t-on. C’est totalement dangereux, ce sont d’anciennes carrières et le lac est ouvert sur la Garonne. »
Dans la commune voisine d’Ambarès-et-Lagrave en revanche, on réfléchit à autoriser la baignade au lac de la Blanche. Cette possible ouverture devrait ravir Maxime, Léo, Sarah et Axel venus se baigner avec leur chien depuis Lugon.
« C’est un bon spot, calme, et comme il y a peu de monde, on peut faire du kayak sans déranger personne, expliquent-ils. On sait qu’il y a un risque, donc on fait attention. »
Ce lac est déjà ouvert aux activités de type paddle ou kayak, mais il est pour l’heure interdit de s’y baigner. Le maire d’Ambarès, Nordine Guendez (PS) a « le projet de pouvoir rendre accessible à la baignade » le lac de la Blanche. Seulement, « c’est très compliqué, il y a beaucoup de critères ».
Si la baignade est à l’heure actuelle interdite, c’est parce que le lac ne satisfait pas les critères en termes de « qualité de l’eau » et de « renouvellement de l’eau, car c’est un lac statique » explique l’élu socialiste.Il sait que ce sera « un aménagement de long cours ». En attendant, « dès l’été prochain », le maire envisage de faire de la Blanche un lieu de vie « familial et culturel », avec un « programme culturel » et « une guinguette ».
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