Une rentrée très spéciale s’esquisse en Gironde. Depuis ce jeudi, le département est l’un des 21 placés en zone rouge, ceux où la circulation du coronavirus est la plus active. Les vacances auront comme prévu favorisé un grand brassage de populations, diffusant la Covid-19 dans la région Nouvelle-Aquitaine, jusqu’ici épargnée.
« Mais l’épidémie n’écrase pas notre mission : l’élévation du niveau scolaire de tous », a expliqué ce jeudi Anne Bisagni-Faure. « Notre mot d’ordre, c’est accueillir et accompagner pour anticiper », a martelé la rectrice de l’académie de Bordeaux ce jeudi lors d’une conférence de presse.
Selon cette dernière, et malgré l’appel d’un syndicat enseignant à repousser la rentrée, les personnels sont « mobilisés et soulagés que la rentrée se tienne bien le 1er septembre », et ce pour tous les élèves de tous les niveaux.
« Car malgré l’engagement de tous, des inégalités se sont creusées, pas forcément au niveau scolaire mais aussi du fait de l’isolement ou des fragilités sociales et familiales. »
Le masque, « une règle claire » pour les parents
La semaine prochaine, donc, 734710 élèves et étudiants aquitains retourneront sur les bancs, dont près 255000 élèves du premier et du second degré en Gironde, dans des conditions particulières qui peuvent susciter l’appréhension.
Mais pour Anne Bisagni-Faure, l’obligation du port du masque pour tous les enseignants et tous les élèves de collège et lycée est « une règle claire, simple à expliquer aux parents ».
« Et c’est une mesure barrière majeure. Les enseignants ont beau respecter les distances physiques, ils ont besoin de bouger, et parfois se tenir près des élèves. Nous avons une réflexion pour doter dans les semaines qui viennent les enseignants de premier degré de masques transparents, pour des questions d’élocution », ajoute la rectrice.
Interrogée sur la mise à disposition gratuite de masques pour tous les élèves, écartée par le gouvernement, elle affirme que les établissements seront tous pourvus de « stocks prudentiels » :
« Si des élèves ont oublié le leur, il n’est pas question qu’ils ne rentrent pas dans l’établissement ou dans leur classe. Et je remercie les collectivités qui se sont engagées à leur fournir des masques réutilisables. »
Raccrocher les wagons
Du côté de l’enseignement, la rentrée sera chargée puisque des « tests de positionnement » – obligatoires au niveau national pour les CP, CE1, 6e et seconde – pourront être faits dans toutes les classes en septembre et octobre. Objectif : repérer rapidement les élèves « décrocheurs ».
Car malgré le lancement en juin d’un plan de prévention et de lutte contre le décrochage scolaire, et des « vacances apprenantes » qui ont bénéficié à 5000 élèves dans l’académie, le rectorat n’est pas, pour l’heure, en mesure d’estimer leur nombre précisément.
« C’est très inégal, répond Anne Bisagni-Faure. Des jeunes très peu répondants pendant le confinement sont ensuite revenus en classe le dernier mois pour se remettre sur les rails. D’autres, notamment les lycéens, ont au contraire peu suivi de cours en juin. Mais le pourcentage de décrocheurs est faible, probablement moins de 5%. On fera le point quand on aura le résultat des évaluations sur les entrées en CE1, en 6e, seconde et CAP. »
Pour permettre à tous les enfants de raccrocher les wagons, l’Éducation nationale invite les enseignants à « se concentrer pendant les sept premières semaines sur la maîtrise des fondamentaux », le français et les maths.
« En collège et lycée, nous avons mobilisé des moyens pour agir autour du renforcement scolaire et de l’accompagnement personnalisé. Nous avons augmenté de 8000 heures la dotation annuelle du dispositif Devoir fait (qui a bénéficié l’an dernier à 30889 élèves) et recruté dans ce but 38 assistants d’éducation. »
Parés pour le reconfinement ?
Pour mieux encadrer les enfants, et malgré le débat permanent sur les problèmes d’effectifs (lire encadré ci-dessous), l’académie mise aussi sur le plafonnement à 24 élèves des grandes sections de maternelle « en dédoublant les classes si nécessaire ». 90% des classes de l’académie rempliraient déjà cet objectif, quand 100% des classes de CP et CE1 sont déjà dédoublées dans les 31 collèges et 263 écoles classées en REP (réseau d’éducation prioritaire) et REP+.
Enfin, l’académie a un plan pour assurer la continuité pédagogique en temps de Covid, quel que soit le scénario – fermeture d’une classe en cas d’élèves malades, d’un établissement, voire reconfinement territorial ou national.
« On forme les professeurs et les élèves à l’utilisation des espaces numériques de travail, indique la rectrice. Et nous menons un recensement du matériel informatique des familles, pour être capables de prêter du matériel à celles qui en auraient besoin. »
Au 1er avril, 4200 familles de l’académie n’avaient ainsi aucun matériel, et la majorité d’entre elles aurait été équipée pour le confinement par le rectorat, assure ce dernier. Cette enquête va réactiver « pour savoir s’il y a des trous dans la raquette ».
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