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Les enseignants sanctionnés du Lycée François-Mauriac préparent un recours

Ce mercredi, les enseignants grévistes du lycée François-Mauriac ont reçu blâmes et exclusion, suite à la procédure disciplinaire engagée par l’Académie de Bordeaux après leur participation à la grève contre la réforme du bac. Ils comptent déposer un recours au tribunal administratif pour faire annuler les sanctions et obtenir des dommages et intérêts.

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Les enseignants sanctionnés du Lycée François-Mauriac préparent un recours

Mardi 15 décembre à 13h, le proviseur du lycée François-Mauriac à Bordeaux est chargé de remettre un courrier signé par la rectrice, Anne Bisagni-Faure, à chacun des trois enseignants sanctionnés. Véronique Capin, professeure d’histoire-géographie, Zoé Puech, professeure en sciences de la vie et de la terre, et Jean Hourcade, professeur de sciences économiques et sociales, étaient en janvier 2020 parmi les grévistes (enseignants et lycéens) opposés à la réforme du bac et la mise en place des épreuves de contrôle continu (E3C). Ainsi, tous les trois se sont retrouvés sous le coup d’une procédure disciplinaire.

Trois jours d’exclusion pour Véronique Capin, un blâme pour Zoé Puech et Jean Hourcade. La première sanction a pris effet immédiatement à compter de ce mercredi et jusqu’à la veille des vacances de fin d’année. Ces mesures disciplinaires sont inscrites dans le dossier de l’enseignant jusqu’à leur effacement automatique au bout de trois ans si aucune sanction n’est intervenue entretemps.

Comme elles peuvent être prononcées sans consultation du conseil de discipline, les trois enseignants cherchent encore à comprendre :

« Trois jours d’exclusion pour des nuisances sonores, s’étonne Véronique Capin. Alors que 70% des enseignants étaient en grève et moi comme d’autres, on chantait dans le hall. »

« Nuisances sonores » et « propos outrageants »

« Nuisances sonores », mais également « propos outrageants et menaçants envers une personne que je connaissais pas » ajoute Véronique Capin. Ce 20 janvier, se tenaient au Lycée François-Mauriac des E3C des élèves de 1ère sous la surveillance d’un personnel envoyé par le rectorat pour suppléer les grévistes. « Je me suis adressée à une personne extérieure au lycée » poursuit l’enseignante, qui s’avérait être une inspectrice pédagogique régionale.

Dans le courrier d’engagement de la procédure disciplinaire, elle peut lire : « Il apparaît que vos positionnements professionnels constituent un manquement à l’obligation de réserve du fonctionnaire et une atteinte au principe d’obéissance hiérarchique. »

« Aujourd’hui, on se retrouve avec des sanctions, qui ne sont pas les mêmes pour tous, sans savoir pourquoi. Pourquoi être sanctionnés alors qu’on était grévistes ? »

Pour comprendre, les trois enseignants, soutenus par leur syndicat Sud-Solidaires, préparent un recours « pour que les sanctions soient annulées et avoir des dommages et intérêts » :

« Depuis la réception du courrier qui engage la procédure, nous avons pris contact avec une avocate. Depuis la réception de la sanction, nous avons décider de porter l’affaire devant le tribunal administratif. On veut comprendre ce qui motive ces sanctions, alors que les dossiers contre nous sont maigres. Ce qu’on a fait ne mérite aucune sanction. »

Rassemblement devant le rectorat pour soutenir les enseignants Photo : WS/Rue89 Bordeaux

Levée des sanctions

Les marques de soutien aux trois enseignants se multiplient. Lors de la consultation des dossiers administratifs au rectorat le 27 novembre, ils étaient plus d’une centaine devant le rectorat. « C’est la brutalité de la procédure qui nous perturbe » explique une enseignante qui se dit « menacée » et préfère garder l’anonymat.

Loïc Prud’homme, député France insoumise de la 3ᵉ circonscription de la Gironde, pointe du doigt le « ruissellement de l’autoritarisme et de la répression qu’inspire la politique de Blanquer ». L’élu fait même le parallèle entre « le vrai syndicalisme des enseignants qui est brutalisé » et « la corruption de mineurs entretenu par le ministre dans les syndicats de lycéens« . Son groupe des 17 députés insoumis a par ailleurs « signalé cette affaire de corruption au procureur de la République ».

En plus de l’abandon des procédures engagées à l’encontre des enseignants demandé par une quarantaine d’établissements, une pétition intersyndicale a recueilli plus de 20 000 signatures. Elle a été remise au cabinet de la rectrice ce mercredi 16 décembre par les syndicats qui ont également demandé à être reçus pour obtenir des explications. Au même moment, 300 personnes s’étaient rassemblées à l’extérieur : enseignants, élèves et parents d’élèves « surpris et choqués » par la situation.

« Ma fille a eu une de ces trois enseignants et tout ce que je peux dire, c’est que cette femme fait son métier avec passion, qu’elle est très proche de ses élèves et, chose très rare, qu’elle est toujours disponible pour eux. Nos enfants peuvent la joindre par mail, même le soir bien après les heures de cours. »


#anne bisagni-faure

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Photo : SB/Rue89 Bordeaux

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