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Covid-19 : 9 fois plus touchés, les jeunes Girondins se bousculent aux dépistage

Sur 30573 personnes testées en Gironde, 2164 sont positives au Covid-19, soit 7,1%. Les 20-30 ans sont les plus touchés par l’épidémie, et se pressent pour être dépistés. Reportage place Saint-Projet à Bordeaux, où environ 200 personnes attendaient ce mercredi.

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Covid-19 : 9 fois plus touchés, les jeunes Girondins se bousculent aux dépistage

Il est 15h45 ce mercredi, le dépistage débute dans quinze minutes et une queue de plusieurs mètres s’étend sur la place Saint-Projet et dans la rue des Trois Conils. La moyenne d’âge ne doit guère excéder 30 ans. Logique, souligne ce vendredi l’ARS (agence régionale de la santé) dans un communiqué :

« En Gironde, chez les jeunes de 20-30 ans le taux d’incidence s’emballe. Il a été multiplié par 9 en 2 semaines, passant de 54 cas/100 000 habitants en semaine 33 à 464 cas /100 000 habitants en semaine 35, il est également neuf fois plus élevé que le taux d’incidence en population générale en Nouvelle-Aquitaine (52,7) ».

L’ARS juge cette situation « préoccupante puisque les jeunes peuvent ensuite contaminer leur entourage et leurs proches fragiles ». Elle les encourage à « renforcer au maximum l’application des gestes barrières (port du masque, lavage des mains) et de distanciation physique ».

Beaucoup ont décidé de se faire tester. Place Saint-Projet ce mercredi, certains patientent assis au sol et discutent entre amis, d’autres prennent leur mal en patience en plein soleil. Le contraste est frappant avec, à quelques mètres seulement, une terrasse de café où des gens sont attablés sans masque, ainsi qu’avec le grouillement de la rue Sainte Catherine.

Des heures d’attente

« On est là depuis midi » explique Carole. Âgée de 23 ans et accompagnée de son ami, elle tente depuis très tôt ce matin de se faire dépister.

« On est allé aux Quinconces (l’autre centre de dépistage sur les quais, NDLR) à 7h, ça ouvrait à 8h30 et on s’est fait refouler car il n’y avait que 100 tests. On était une dizaine dans cette situation. »

Assis sur leur chaises pliantes, ils ont passé la journée entre les deux sites de dépistage et espèrent pouvoir être pris en charge cette après-midi. Bingo : une fiche de renseignement vient de leur être distribuée, signe qu’ils seront bien testés. Le couple rentre de deux semaines de vacances à travers l’Europe, et leurs compagnons de route ont été testé positifs. Tous deux ont mal au ventre et sont fatigués mais le compagnon de Carole veut surtout se faire dépister car il est assistant d’éducation dans un collège : il doit être négatif pour entamer la rentrée.

La file d’attente Place Saint Projet. Les premiers arrivés viennent de recevoir les fiches de renseignements. (ASE/Rue89 Bordeaux)

Un peu plus loin dans la file, Maïté, 22 ans est fataliste.

« On a quelques symptômes mais on a surtout été en contact avec des gens qui ont été testés positifs mardi, alors qu’on a fait une soirée lundi soir tous ensemble. Ma mère a été testée positive hier et elle a été en contact qu’avec moi. Donc je pense connaître le résultat…»

Pauline, 22 ans, a été un peu malade lundi, et passe le test pour éviter si elle est positive de contaminer son père, 65 ans et personne à risque. C’est la troisième fois qu’elle essaie de se faire dépister, et fait la queue pendant des heures, faute d’information sur les modalités des dépistages.

« J’ai un problème avec ma mutuelle donc je savais pas si en laboratoire j’allais être remboursée. J’ai choisi de venir ici, la facilité après avoir essayé deux fois aux Quinconces et il n’y avait plus de place à chaque fois. »

Deux jeunes filles, les premières devant l’entrée, annoncent qu’elles sont là depuis 11h30. Elles n’ont pas de stylo pour remplir la fiche. Une autre jeune fille leur prête alors le sien et le stylo fera le tour de nombreuses mains… Les gestes barrières n’ont pas encore été vraiment assimilés.

Masquée mais sans les distances

Au milieu de cette jeunesse, Patrick, 50 ans, est enseignant dans un lycée. Sa fille a la diarrhée (un des symptômes de la Covid-19) souhaite être dépisté avant d’accueillir les quelques 1300 élèves de son établissement. Il appréhende la rentrée et ne cache pas son désarroi devant l’organisation du dépistage :

« C’est la queue à la française, un peu n’importe comment. Le mètre de distance, il n’est pas là ».

Un des infirmiers procédant au tests est surpris du nombre de personnes présentes. C’est son deuxième dépistage dans des conditions « un peu précaire » dit-il en souriant, « mais les gens sont sympas ». De l’autre côté de la tente, Karine est infirmière libérale. C’est la première fois qu’elle participe et a pris sur son jour de repos pour donner un coup de main.

Un des quatre infirmiers effectuant les tests. (ASE/Rue89Bordeaux)

Le responsable du site, Etienne Dory travaille quant à lui pour la protection civile. Il souhaite dépister le maximum de personnes en quatre heures. Les patient recevront leur résultat entre 40 à 70h par sms et pourront les consulter sur internet.

« On a pas de nombre de tests limités mais moi je calcule le temps de prise en charge d’un patient qui est de 10 minutes. J’ai pour objectif de faire 150 tests aujourd’hui ».

Une semaine d’attente dans les laboratoires

Assis par terre, ce jeune homme de 28 ans attend également depuis deux heures. Il ne s’est pas senti bien lundi, son médecin traitant lui a donc prescrit le test.

« J’ai essayé d’aller en laboratoire et ils ont pas voulu car je n’avais pas de symptômes. Dans les hôpitaux à Haut-Levêque et Pellegrin, il n’y avait pas de rendez-vous possible avant le 8 septembre. »

Les patients se succèdent dans la tente et les visages crispés témoignent d’un moment pas des plus agréable – une tige doit être enfoncée profondément dans le nez. Mais une fois l’échantillon récolté, c’est un sentiment de soulagement qui se fait ressentir. Alicia . Elle rentre d’une semaine de vacances avec dix amis, dont cinq sont positifs. Employée dans les assurances, elle a posé une journée de congé pour se faire dépister car elle ne veut pas contaminer son entourage.

 « C’est super compliqué de se faire tester. J’ai dû appeler dix labos et aucun ne pouvait nous recevoir avant le 14 septembre et je trouve pas ça normal ».

Seuil d’alerte en Nouvelle-Aquitaine

Chez les jeunes entre 20 et 35 ans les symptômes sont légers et ne durent parfois qu’une journée. L’ARS rappelle la marche à suivre en cas d’apparition de ces derniers (difficultés respiratoires, toux, fièvre, courbatures, fatigue inhabituelle, perte de goût ou d’odorat, maux de gorge ou de tête, diarrhée) : rester à domicile ou s’isoler pour éviter les contacts et appliquer strictement les mesures barrières ; appeler un médecin afin d’organiser une téléconsultation et, en cas d’urgence ou de signes de gravité (difficultés respiratoires, essoufflements, malaises, etc.), composer le 15 ; effectuer un test en laboratoire, si le médecin juge que cela est nécessaire et vous fait une prescription.

Sur 30573 personnes testées en Gironde, 2164 avaient contracté la Covid-19, soit un taux de positivité de 7,1% bien supérieur à la moyenne nationale. La Gironde est toujours en « vulnérabilité élevée », tandis que la Nouvelle-Aquitaine franchit le seuil d’alerte. Le nombre d’hospitalisations dans la région est reparti à la hausse – 82, dont 13 en réanimation, contre respectivement 63 et 9 au 21 août -, tout comme celui des décès – 436, contre 430 il y a deux semaines.


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