L’inquiétude n’est plus seulement sanitaire pour les salariés, dans l’agglomération bordelaise comme ailleurs. Avec le masque de rigueur, 850 à 2000 personnes ont défilé ce jeudi à Bordeaux, à l’appel de la CGT, de Solidaires et de la FSU, et avec le soutien de plusieurs mouvements de gauche. Objectifs : défendre les salaires, la réduction du temps de travail, et l’emploi.
« Beaucoup d’entreprises utilisent le Covid-19 comme prétexte et se saisissent de l’arsenal que les gouvernements successifs leur ont mis dans les mains soit pour licencier, soit pour contraindre les salariés à baisser leur salaire ou revoir à la baisse leurs conditions de travail », estime Stéphane Obé, secrétaire départemental de la CGT.
Selon le syndicat, c’est le cas en Gironde pour les salariés du secteur des commerces et services, de la filière aéronautique (sous-traitants d’Airbus, Air France), de la construction automobile et navale (GETRAG, CNB), « alors même que ces entreprises disposent de fonds propres très confortables et ont bénéficié d’aides publiques conséquentes ». `
« La Covid a bon dos »
Des centaines sont ainsi supprimés ou en sursis chez les sous-traitants de l’aéronautique implantés à Mérignac. Et 74 emplois sont directement visés par un plan social chez CNB (construction navale de Bordeaux), la plus grosse usine de la ville avec 1000 personnes. « La Covid a bon dos », estime Michel Petel, délégué syndical CGT de CNB.
« Certes le groupe Béneteau (dont CNB est une filiale, NDLR) a pris un sacré coup dans l’aile avec la crise – ils annoncent 120 millions d’euros de pertes nettes -, et le carnet de commandes de CNB a été divisé par deux, mais le marché du nautisme continue à avoir le vent en poupe, et on voit déjà un regain d’intérêt pour certains modèles. »
Béneteau « profite de la crise sanitaire pour licencier, afin d’accroitre la rentabilité du site », abonde Pascal Boiveau, de la CFDT, selon laquelle « CNB n’est plus » depuis les départs du fondateur, Dieter Gust, et du directeur Yann Masselot.
Vitesse supérieure
Des changements de gouvernance interne inquiètent aussi les 800 salariés d’une autre usine de la métropole (à Blanquefort), le fabricant de boites de vitesses Getrag, dont certains d’entre eux ont manifesté ce jeudi.
« En vendant ses parts à Magna, coactionnaire du site, Ford quitte la région part la petite porte, explique Thomas Faure, élu CGT au CSE. Or le constructeur se désengage mais sans donner aucune garantie sur le plan de charge au delà de 2024, alors qu’il reste le seul client de l’entreprise, et qu’elle doit négocier maintenant le virage de la voiture propre pour préserver le site. »
Après une journée de grève, les syndicats de Getrag « commencent à se mobiliser pour éviter la casse ». D’autres secteurs annoncent déjà leur mobilisation dans la rue pour les prochaines semaines, à commencer par celui de la santé pour une journée nationale, le 15 octobre.
« Les miettes pour les salaires, les moins de 4 emplois par établissement et les 4000 lits promis (lors du Ségur de la santé) ne pourront compenser les 4700 supprimés depuis le début du quinquennat d’Emmanuel Macron », prévient la CGT.
Chargement des commentaires…