« Nous sommes tombés des nues » assure Thomas Duroux en réaction à l’article paru sur le site d’information Público, et repris sur notre site. Le directeur général du Château Palmer nie toutes les maltraitances faites aux saisonniers espagnols que rapporte un témoignage, et tient à répondre aux accusations. Entretien.
Contestez-vous les témoignages de saisonniers espagnols employés pour vos vendanges 2020 faisant état de maltraitance ?
Totalement. Nous avons été avertis par nos importateurs espagnols de la parution de cet article dans la presse espagnole. Nous avons découvert des faits invraisemblables. Nous avons aussitôt mené une enquête interne auprès de notre personnel qui est constamment sur le terrain pour donner les directives de vendanges. Rien de tout ça nous a été confirmé.
Nous avons également interrogé la société Nord-Est [fournisseur de main-d’œuvre basé à Pauillac, NDLR]. Nous faisons appel à cette société pour nos travaux de printemps, comme pour nos travaux d’été. Auprès d’elle, nous faisons appel à 120 vendangeurs, c’est dire le sérieux de nos relations. Rien de ce qui a été rapporté dans ces témoignages nous a été confirmé.
La journaliste dit vous avoir contacté. Pourquoi n’avez-vous pas réagi ?
Madame Alejandra de la Fuente nous a écrit via notre formulaire de contact de notre site web. Je reconnais que, en cette période de vendanges et de vinification, nous n’avons pas été très réactifs. Je tiens à préciser que l’article est paru quelques heures après, c’est un délai que je qualifie de « médiatique » mais il ne correspond pas aux disponibilités dans notre travail.
Comment expliquez-vous ces accusations ?
Je n’ai pas d’explication rationnelle à vous donner. Ce que je comprends en lisant ce papier c’est que le témoignage ou les témoignages – ce n’est pas très clair –, sont anonymes. Je ne sais pas s’il s’agit d’une personne, ou de deux ou trois. Ce que je peux vous dire c’est que nous faisons des vendanges depuis des siècles à Palmer, c’est ma dix-septième vendange, il n’y a jamais eu des problèmes de la sorte.
La plupart des 120 vendangeurs ont travaillé trois semaines. Effectivement, trois ou quatre ne sont restés que trois jours. Je ne peux pas en dire plus dans la mesure où tout cela est assez obscur. En tout cas le papier, tel qu’il est rédigé, ne donne pas la possibilité d’évoquer clairement les faits.
Pour reprendre les accusations point par point, il est dit que les vendangeurs n’ont pas eu d’eau pendant leur travail.
C’est totalement faux. La société Nord-Est a acheté des quantités importantes de bouteilles d’eau minérale et les avait mises à la disposition des vendangeurs chaque matin.
Les repas étaient-ils aussi fournis, alors que le témoignage affirme l’inverse ?
Pendant les vendanges, la société Nord-Est a l’habitude de remettre un plateau repas aux vendangeurs pour le déjeuner. Compte tenu des circonstances sanitaires, les plateaux ont été supprimés. La société Nord-Est a versé à chaque vendangeur une prime de panier qui est de 9 euros. En plus du salaire qui est 18% supérieur au salaire minimum légal en France. C’est vérifiable sur les bulletins de paie.
L’article affirme que les conditions d’hébergement étaient déplorables et que certains vendangeurs dormaient dans une décharge.
La société Nord-Est dispose de 50 places toute l’année pour héberger des saisonniers qui travaillent pour les vendanges mais aussi pour d’autres travaux. Compte tenu de la situation sanitaire, la société Nord-Est a également assuré 50 places de camping en plus. Ces places ont été proposées aux saisonniers. Certains d’entre eux n’ont pas souhaité les utiliser. Chaque employé est libre de faire ce qu’il veut. On ne peut pas les contraindre.
Que pensez-vous des accusations de harcèlement et d’agressions sexuelles ?
Sur cette question, il y a un peu de confusion dans l’article, puisqu’il y a deux sujets. Le premier est la tenue de certains vendangeurs ou certaines vendangeuses. Celle-ci était difficilement compatible avec le travail : le soleil, les insectes… Nous leur avons signifié que la tenue n’était pas appropriée. Mais cette remarque était purement d’ordre professionnel.
Le deuxième sujet est celui des agressions. S’il y en a eu, nous n’en avons pas eu connaissance. En tous cas, ces agressions ne sont pas le fait du personnel de la société Nord-Est, ni du personnel du Château Palmer présent sur les lieux.
Envisagez-vous de porter plainte ?
Non, parce que il me semble que l’article se décrédibilise lui-même. C’est un article à charge et l’auteur n’a pas pris la peine de vérifier ses sources dans un temps raisonnable.
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