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Viré de Sud-Ouest, Marc Large Grand Prix du dessin de presse

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Viré de Sud-Ouest, Marc Large Grand Prix du dessin de presse

Le Club de la Presse des Hauts-de-France vient de décerner son Grand Prix du dessin de presse à Marc Large pour son dessin intitulé « Procès de Charlie Hebdo : Avant de commencer, je vous propose une minute de rire » publié dans Sud-Ouest.

Le jury a ainsi voulu « manifester le soutien aux dessinateurs de presse à travers un des leurs et l’attachement du Club à la liberté d’expression par des caricatures ». Pour Marc Large, joint par Rue89 Bordeaux, c’est aussi « un joli pied de nez » à la direction du quotidien régional.

Sud-Ouest a en effet mis fin le 18 septembre dernier à sa collaboration vieille de 13 ans avec le dessinateur, qui assurait un dessin un jour sur deux (en alternance avec Urbs) sous le statut de CLP (correspondant local de presse), rémunéré à la pige.

« Différend irréconciliable »

Selon la direction du journal, Marc Large aurait « tenté de [lui] imposer unilatéralement une évolution de la relation de travail », ce que le journal qualifie de « différend irréconciliable », parlant de « départ » plutôt que de licenciement. Le dessinateur, détenteur de la carte de presse depuis 2016, a fait valoir son droit à un contrat pérenne au titre de la loi Cressard, imposant que tout journaliste soit rémunéré en salaire.

« Marc Large a été écarté par la rédaction sans motifs valables en plein procès Charlie », se sont alors indignés les auteurs d’une pétition réclamant sa réintégration, et qui obtenu 6420 signatures. « Sans contrat pérenne depuis toutes ces années, Marc a demandé une régularisation mais la décision est tombée comme un couperet: Pas de contrat. Et exclusion immédiate sans préavis ni indemnités. »

Les syndicats de journalistes, dont le SNJ-CGT et le SNJ (syndicat national des journalistes), ont aussitôt apporté leur soutien à leur confrère. Les élus SNJ du quotidien avaient dénoncé ce renvoi « du jour au lendemain, sans préavis, sans entretien préalable à licenciement et sans indemnités », pour n’avoir « fait que réclamer les droits qui sont les siens ».

Direction prud’hommes

Selon eux, cette décision « s’apparente à une méthode d’intimidation ou d’exemple pour éviter que d’autres pigistes soient tentés de réclamer leur dû ». Le SNJ rappelait en effet que « la direction de Sud-Ouest tente de contourner la convention collective des journalistes dès qu’il s’agit des pigistes », et a été « à chaque fois » condamnée aux prud’hommes quand des pigistes ont porté leur affaire en justice.

C’est bien ce qu’entend désormais faire Marc Large, dont la tentative d’accord à l’amiable avec la direction du quotidien n’a pas abouti.

Le SNJ rappelait dans un communique de presse que son licenciement « a secoué les salariés de la rédaction de Sud-Ouest qui étaient attachés à la qualité de son travail », « ébranlé la communauté des journalistes et dessinateurs de presse au niveau national », et « terni l’image du titre ».

« Sans compter les lecteurs de Sud-Ouest qui sont désormais privés de ses dessins inscrits dans la ligne éditoriale du titre depuis toutes ces années », ajoute le syndicat.

Les amateurs de Marc Large pourront toutefois retrouver ses derniers dessins dans le livre « Le coup de crayon de 2020 », à paraître le 20 novembre aux Éditions Passiflore.


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