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Après les repas de fêtes, vos coquilles d’huîtres s’offrent une nouvelle carrière

Pour l’alimentation des animaux ou encore la cosmétique, les coquilles d’huîtres prennent souvent le chemin du recyclage. De nouvelles solutions voient le jour. Le département de la Gironde les utilise ainsi pour combler les carrières souterraines menaçant 25 kilomètres de routes départementales. Une autre initiative bordelaise est expérimentée pour améliorer les propriétés du sol agricole.

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Après les repas de fêtes, vos coquilles d’huîtres s’offrent une nouvelle carrière

130 000 tonnes d’huîtres sont consommées chaque année en France, la moitié pendant les fêtes. C’est précisément à cette occasion que les opérations de collecte se multiplient car, comme le souligne un onglet sur le site du département de la Gironde, « l’huître est très difficile à incinérer et volumineuse dans les poubelles », sans oublier qu’ « elle représente un coût important dans le ramassage des ordures ménagères ».

Du 19 décembre au 3 janvier, une collecte exceptionnelle de coquilles d’huîtres est proposée dans les déchèteries autour du bassin d’Arcachon (liste ici). Celle-ci est habituellement à la charge des ostréiculteurs et assurée par le Comité régional de la conchyliculture. Avec cette opération, le département souhaite développer une nouvelle technique de comblement des carrières souterraines qui présentent un danger :

« 25 kilomètres de routes départementales sont concernés, explique Alain Renard, avec des niveaux de dégradation des sous-sols plus ou moins importants. »

Mercredi 16 décembre, la démonstration en a été faite à Prignac-et-Marcamps, où le vice-président du département de la Gironde chargé de la préservation de l’environnement et des infrastructures routières a présenté « une technique qu’on n’a pas voulu breveter pour permettre à d’autres territoires de l’utiliser ».

Une nouvelle carrière pour l’huître

Cette technique est le fruit de nombreux tests effectués en laboratoire. Sébastien Trebucq, du service des carrières souterraines du département (voir encadré), explique :

« Nous avons mené six tests avec six compositions différentes pour aboutir à un mortier dont la résistance est équivalente à celle d’un terrain naturel. Ce mortier nous a permis de remplacer 30% du sable habituellement utilisé par des huîtres concassées. Il n’en faut pas plus, et pas moins. L’ajout de la bentonite assure la liaison entre le ciment, le sable et le broyat d’huîtres, ce qui permet d’obtenir un mortier homogène. »

Ainsi, sous la départementale D133, 25 tonnes de ce coulis ont été versées pour combler les 65 m3 de plusieurs chambres de l’immense carrière Barboteau (en activité entre 1850 et 1914). Le mortier, suffisamment perméable pour assurer l’infiltration d’eau, respecte les critères de non-pollution pour les nappes phréatiques selon Sébastien Trebucq.

« Le gain avec ce procédé n’est pour l’instant pas financier mais environnemental, ajoute Alain Renard. D’une part on valorise ce type de déchets et on nettoie les parcs abandonnés, d’autres part on préserve les ressources naturelles en sable et on réduit l’impact carbone des transports, les huîtres étant concassées dans une société à Mérignac. »

Le coulis à base de coquilles d’huîtres pour combler les carrières souterraines Photo : WS/Rue89 Bordeaux

Après un comblement de carrières souterraines à Latresne en août dernier (10000 m3), et celui de Prignac-et-Marcamps en décembre, un autre chantier est programmé en juillet 2021 à Lugasson, une zone classée Natura 2000 dans l’Entre-Deux-Mers, où il faudra combler entre 3 et 4000 m³.

De la mer à la terre

Autant dire que le bivalve doit être la star incontestée des fêtes version Covid-19. Car, de ces reliques d’huîtres, il va en falloir aussi pour la nouvelle association bordelaise qui en a pris le nom : « Coquilles ». Celle-ci organise de son côté une collecte ouverte aux particuliers aux Halles de Bacalan. En partenariat avec Les Détritivores, l’association pourra ainsi mener son premier essai de valorisation du produit en amendement calcique des sols agricoles.

Au-delà de cette expérience, Coquilles vise dans un deuxième temps un volume de 25 tonnes qu’elle espère collecter sur 6 mois dès la réouverture des cafés et restaurants et pour voir revendre à prix coûtant à des maraîchers, viticulteurs, céréaliers et arboriculteurs locaux concernés par l’acidité de leurs sols.

L’association est accompagnée par la société Ovive, basée à Périgny en Charente-Maritime. Celle-ci, reconnue depuis 1988 dans le recyclage des coquilles, fournit ses transformations aux secteurs de l’alimentation minérale des volailles et de la valorisation agricole pour l’essentiel, mais fournit également des poudres particulières utilisées en parapharmacie et en cosmétique.


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