« C’est une blessure par balle. » Cette phrase, la famille de la victime, Naël (un pseudonyme), n’est pas prête de l’oublier. Ce jour de Noël, le 25 décembre 2020, restera dans les mémoires. Tout comme la période qui a suivi, puisque depuis, la peur s’est installée :
« Quand j’ai entendu ça, heureusement que j’étais assise, raconte une proche de la victime. On n’imagine pas une seconde que ça puisse arriver un jour. Inquiétude, incompréhension et aussi de la peur… pourquoi lui ? »
Avec ce témoignage, voulu anonyme, la famille espère surtout que l’affaire ne tombe pas aux oubliettes. « Nous avons l’impression que les regards sont tournés vers les Aubiers [où le 2 janvier, un adolescent a été tué par balle, NDLR]. »
De son côté, le parquet affirme à Rue89 Bordeaux que « l’enquête est toujours en cours ».
A Chantecrit « pour la première fois »
Si le parquet assure par ailleurs que l’enquête « n’a pas été liée à celle des Aubiers », dans l’esprit de la famille, le lien est évident : une rivalité entre deux bandes des deux cités. C’est en tout cas, « ce qui se dit, les jeunes parlent entre eux ». Le jeune blessé de 23 ans préfère quant à lui ne pas s’exprimer.
A noter que la famille de Naël n’habite ni à Chantecrit, ni aux Aubiers, elle est installée dans une commune pavillonnaire de la métropole bordelaise.
« Le 25 décembre, il avait prévu un repas à midi avec ses amis. Il est parti vers 11h30 avec son ballon. Pour nous, il allait faire un foot et une raclette entre potes. »
A 15h, Naël et quatre amis entrent « pour la première fois » au city stade de la cité de Chantecrit.
« Dix minutes plus tard, un gros 4×4 noir a pilé devant. Trois hommes cagoulés, gantés et masqués, sont sortis de la voiture et ont tiré dans leur direction. »
Une heure plus tard, un des cinq jeunes est admis aux urgences avec une balle dans l’épaule. C’est Naël, « deux de ses copains l’ont emmené. »
« A 5 cm près »
« Il ne sait pas pourquoi lui, pourquoi eux, pourquoi ça s’est passé comme ça. Les policiers l’ont retrouvé à l’hôpital, l’ont interrogé, et l’ont raccompagné. »
Avec trois mois d’incapacité temporaire de travail (ITT), Naël est dans l’attente. Sa famille aussi. Beaucoup de questions restent en suspens et les réponses tardent à venir. « On ne prend pas une balle dans le dos sans avoir des explications. »
« On se demande pourquoi la police garde toujours son téléphone – son cadeau de Noël », poursuivent ses proches, qui déplorent également le manque de suivi psychologique :
« A 5 cm près, aujourd’hui, il n’était plus là, ajoute un membre de la famille. Au moindre bruit, ce matin encore, je me précipite pour faire le tour de la maison et voir si tout le monde va bien. »
Après une plainte contre X déposée dès le lendemain de la fusillade, la famille de Naël s’impatiente de connaître la vérité « pour se débarrasser de la peur » qui la pèse.
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