C’est un triste anniversaire. Le 4 mars 2020 signait la date du premier décret interdisant les rassemblements de plus de 5000 personnes. Un an plus tard, le spectacle vivant à l’arrêt, les salles de concert et de cinéma fermées, les professionnels de la culture font entendre leurs voix.
A l’appel national des syndicats et organisations du secteur, ils dénoncent des « mesures cosmétiques » de la part du gouvernement. Le message est clair : si ceux qui font vivre la culture n’ont plus les moyens de travailler, c’est la culture qui est en péril, affirme le tract du SAMNA-CGT (syndicat des artistes et musicien·ne·s de Nouvelle-Aquitaine) :
« 2021 est l’année de tous les dangers : budgets des collectivités territoriales en berne – ils sont les premiers financeurs de la Culture – et gouvernement qui réduit, mois après mois, son soutien au secteur culturel dont les restes à charge vont encore augmenter. Les perspectives de ressources propres pour l’ensemble des structures (billetterie pour les lieux et festivals, cession du droit d’exploitation pour les équipes artistiques) sont atones et les volumes d’emploi s’effondrent, aggravant le phénomène de précarité et de manque de visibilité. »
« Dégager les financements nécessaires »
En début d’après-midi, avec les températures estivales, la place Gambetta avait pourtant un air de fête. Quelques musiciens ont donné un concert, rythmé par les danses et les applaudissements de la foule. Côté revendications, rien de nouveau sous le soleil. Timo Metzemakers est secrétaire général de la SAMNA-CGT :
« Des musiciens ne travaillent plus depuis un an. Les mesures proposées par le gouvernement sont insuffisantes, il est temps de dégager les financements nécessaires. Il y a urgence : certains artistes-auteurs n’ont pas pu ouvrir des droits à un congé maladie ou à un congé maternité. Hier, on eu une rencontre avec le cabinet de Roselyne Bachelot. On eu des réponses d’une nullité totale. »
Les professionnels du monde du spectacle demandent, notamment, un calendrier clair pour un protocole de réouverture, et la création d’un fonds pour l’emploi direct dédié au secteur culturel. Interrogée par Rue89 Bordeaux, la députée Dominique David, rapporteure spéciale de la mission culture au gouvernement, confirme toutefois qu’aucune mesure ne sera annoncée avant le mois d’avril.
Un horizon incertain
Ce jeudi à Bordeaux, la jeune génération est bien présente, à l’instar d’un groupe de danseuses qui réalise une performance. Lors de l’assemblée générale, une étudiante en théâtre prend la parole :
« Dans ma licence, je n’ai eu que 10 heures de cours en présentiel depuis le début de l’année. J’aimerais pouvoir retourner dans les lieux culturels. Les supermarchés restent ouverts, il faut que les lieux d’arts et de spectacle le soient aussi. »
Thomas est jeune diplômé d’un master dans la filière musicale :
« En Espagne, des concerts-tests ont été menés avec succès. Ici, on nous propose des festivals assis, limités à 5 000 personnes. Qui a envie de ça ? En France, c’est réunion sur réunion, sans rien de concret derrière. Il faut des actes, plus seulement des paroles. »
A 16h, un cortège s’est dirigé vers la préfecture. Une délégation syndicale a été reçue. Déterminée à ce que la fête puisse reprendre.
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