« Je suis prêt à apporter mon soutien à toute opération montée par les acteurs du vin et je le ferai avec enthousiasme. J’appelle donc mes collègues propriétaires à se réunir afin de préparer un projet de reprise des Girondins. »
Dans une tribune adressée à la presse, François Pinault, propriétaire de château Latour (et du Stade Rennais FC), lance une lettre ouverte aux propriétaires de grands crus bordelais se disant « ému à l’idée de voir les Girondins de Bordeaux en risque de disparaitre ». Le milliardaire breton « pense que l’existence du club mythique que sont les Girondins est importante pour Bordeaux, son rayonnement, son équilibre auxquels tous les propriétaires viticoles ne peuvent que s’identifier ».
« Quelle est la force économique qui, dans cette région, peut se donner l’objectif de sauvegarder les Girondins et de les développer ? » se demande-t-il et de répondre : « Le monde du vin et en particulier les propriétaires de grands crus. »
« Cela mérite intérêt »
François Pinault entend ainsi mobiliser le milieu du vin bordelais pour sauver le club lâché la semaine dernière par King Street. Il vise à créer un groupement précisant que, puisqu’il est actionnaire unique du Stade Rennais, « les règles légitimes en matière de possession des clubs [lui] interdisent de monter un projet de reprise des Girondins ».
Joint par Jean-Pierre Stahl, auteur du blog Côté Châteaux, Bernard Magrez, propriétaire de 4 grands crus classés à Bordeaux, se dit favorable à cette initiative et promet de répondre « positivement si son projet va jusqu’au bout car c’est un homme de qualité et les décisions que prennent les gens de qualité, cela mérite intérêt ! ».
L’appel de François Pinault est « un message positif qui j’espère va réveiller le monde du vin et des grands crus à Bordeaux », abonde dans Sud Ouest Philippe Castéjà, président du Conseil des grands crus classés en 1855 :
« J’espère que cette idée va désormais faire son chemin. Même si ce n’est pas juridiquement la mission de notre association, je souhaite que le Conseil des Grands Crus Classés en 1855 participe à fédérer les bonnes volontés, contribue à explorer ce qui est faisable pour le club et aide ceux qui seront les moteurs du sauvetage des Girondins de Bordeaux. C’est une question d’image de marque. Il faut reprendre le flambeau ».
Directeur du syndicat des Côtes de Bourg, Didier Gontier relève dans le quotidien régional qu’être partenaire du club est « un excellent investissement pour se faire connaître essentiellement auprès des chefs d’entreprises et des décideurs ».
15 points
Pour l’heure, deux candidats à la reprise, qui avaient déjà signalé leur intérêt à King Street, se sont manifestés, a indiqué vendredi Pierre Hurmic. Pascal Rigo avait proposé à l’ancien actionnaire de racheter une part du club pour 30 millions de dollars. Cet homme d’affaires girondin s’est enrichi aux Etats-Unis avec une chaîne de boulangeries revendue à Starbuck, avant de lancer en 2015 au Cap Ferret la « Ptite boulangerie », qui a essaimé ensuite partout, notamment à Bordeaux. Il a créé en 2019 le Bordeaux Impact Group (BIG), visant à développer des réseaux autour de l’emploi ou des énergies renouvelables.
L’autre investisseur intéressé est Bruno Fievet, fondateur de The Kay SA, une société de gestion de portefeuilles installée en Suisse. Grâce à son réseau, ce fan des Girondins (quoique natif d’Amiens) se déclarait avant la crise sanitaire capable de mobiliser 180 millions pour acheter le club et assainir les comptes. En septembre 2020, il avait soumis une offre de reprise de 70 millions d’euros, déclinée par à King Street.
Interrogé ce week-end par la presse, Bruno Fievet laissait entendre qu’il pourrait présenter avec Pascal Rigo une offre de reprise commune au tribunal de commerce. Il soulignait à Sud Ouest que c’était moins le montant du rachat que la dette et les comptes du club qui pourraient peser lourd dans la reprise :
« Le vrai problème qui va se poser, c’est que si King Street n’honore pas les salaires avant la fin du championnat, le mandataire pourrait déclarer un dépôt de bilan ou une mise en redressement judiciaire qui enlèverait de facto 15 points aux Girondins, qui se retrouveraient donc relégués sportivement en L2. Je pense que je serais alors toujours intéressé, mais il n’est pas sûr que tous les investisseurs suivent. »
Autrement dit si les Marines et Blancs quittent la Ligue 1, le projet des grands crus ou d’autres pourrait bien tourner au vinaigre.
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