Dimanche 16 mai, dans la cour de la Rock School Barbey, occupée depuis presque deux mois par des intermittents et des précaires, l’action se prépare. Banderoles, scotch et ficelle sont déposés dans les coffres des voitures. Le groupe, une trentaine de personnes, se divise en deux. Une partie ira déployer des banderoles sur le pont François-Mitterand à Bègles, l’autre part vers Lormont, direction le pont de Mireport.
En coordination avec le mouvement Occupons Partout, né de l’occupation du théâtre parisien de l’Odéon, le collectif Occupation Bordeaux 2021 a participé à l’appel national lancé contre la réforme de l’assurance chômage.
Sensibiliser les citoyens
A 16h30, les militants sont sur place. A Lormont, les bouchons attendus ne sont pas au rendez-vous. Pour autant, les banderoles sont déployées au dessus de la rocade avec une revendication claire : le retrait définitif de la réforme de l’assurance chômage, qui devrait entrer en vigueur le 1er juillet prochain.
Les automobilistes ont ainsi pu lire des messages tels que « Droits sociaux pour tout.es » ou encore « Réforme Macron = 1 million de chômeurs en plus ». Une sensibilisation essentielle, comme le détaille une membre du collectif Bordeaux Occupation 2021 :
« Cette réforme concerne tout le monde, pas seulement les travailleurs du monde de la culture et les intermittents. C’est un système d’aides et de droits qui est en péril. Nous nous faisons les porte-voix, mais une convergence des luttes est nécessaire pour faire retirer la réforme. »
Après 30 minutes d’action, un fourgon de police débarque sur le pont de Mireport. Le motif de risque d’accidents est invoqué. Dans le calme, les banderoles sont décrochées et rangées. Mais pas de quoi décourager les militants présents. Décision est prise de rejoindre l’autre partie du groupe, à Bègles. Entre les coups de klaxon et les quelques promeneurs du dimanche, l’action se poursuit sur le pont François-Mitterrand jusqu’à 18 heures.
Des actions similaires se sont déroulées sur tout le territoire français. Dans le Sud-Ouest, des opérations « péage gratuit » ont été menées à Bayonne, Pau, Auch et Mont-de-Marsan.
Faire durer l’occupation
En fin d’après-midi, les militants rejoignent la Rock School Barbey. Ces derniers comptent occuper le lieu le plus longtemps possible, malgré la réouverture prévue le 9 juin prochain. Ils jugent insuffisantes les dernières mesures du gouvernement, parmi lesquelles figure la prolongation de quatre mois de l’année blanche pour les intermittents du spectacle. Pour les occupants, la prolongation devrait se faire sur une année entière. Car la « galère » continue pour beaucoup, comme Aurélien, musicien, intermittent depuis 14 ans :
« La réouverture des lieux culturels et des bars le 19 mai, ça ne veut pas dire que tout va repartir comme avant. Aucune mesure n’a été annoncée pour les concerts dans les salles des bars ou des restaurants. Beaucoup de festivals n’auront pas lieu. »
Le report sur un nouveau lieu d’occupation est une piste envisagée par le collectif Bordeaux Occupation 2021 avec le mot d’ordre « Pas de réouvertures sans droits sociaux ». Pour l’heure, aucune décision n’a été prise. L’occupation est votée de façon hebdomadaire lors d’assemblées générales.
A Paris, au théâtre de l’Odéon, des tensions ont éclaté entre la direction et les occupants. Ces derniers souhaitent une cohabitation, avec des aménagements d’espaces pour rendre possible l’accueil des spectateurs, en vue de la réouverture du lieu le 19 mai. Des négociations avec la direction, qui demande le départ des intermittents, sont en cours avec la CGT.
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