Sur la très fréquentée place des Capucins, plusieurs blocs de béton provisoirement installés par la Mairie redéfinissent depuis jeudi midi la circulation. Les quatre voies de circulation et de stationnement du milieu de la place ont été fermées afin de permettre le passage des piétons et des cyclistes, tandis que les automobilistes sont désormais invités à prendre les contre-allées adjacentes aux restaurants.
Dansons les capucins
Sur place, Olivier Cazaux, le maire-adjoint de Bordeaux Sud, précise que l’aménagement est expérimental et réversible :
« Nous voulons réhabiliter la circulation piétonne. A l’heure actuelle, la place est occupée à 90% par les voitures. Le centre de la place va dans un premier temps devenir un espace piéton dédié aux déplacements doux, puis on verra comment les usagers se répartissent l’espace et feront évoluer les aménagements en fonction : c’est ça l’urbanisme pragmatique. On verra à la consultation avec les habitants, c’est eux qui décideront de ce que va devenir cet endroit ».
A terme, les voies centrales devraient disparaître pour laisser place à un pavage du sol. Le maire de Bordeaux Sud ne précise toutefois pas le calendrier, mais table sur « au moins trois quatre mois minimum avant que les gens s’habituent et que de nouveaux usages apparaissent ». Il souligne par ailleurs que les études de réseaux n’ont pas encore été initiées et que la phase d’expérimentation durera plusieurs mois.
« Des petites Ramblas »
L’aménagement devrait favoriser un îlot de fraicheur, en renforçant la végétalisation de la rue par l’agrandissement des fosses des arbres.
« On va dégager les souches pour qu’elles puissent continuer à croître et que la canopée puisse se rejoindre d’un bout à l’autre de la place », explique Olivier Cazaux, optimiste.
La place pourra également accueillir des animations culturelles et des petits spectacles, une sorte de « petites Ramblas », souhaite-il.
L’adjoint à la mairie de Bordeaux affirme également que le nouvel aménagement a été favorablement reçu par les commerçants et riverains, rencontrés le 20 mai dernier. S’il n’a pu réunir qu’une dizaine de personnes – Covid oblige – Olivier Cazaux affirme avoir rencontré « les têtes de réseau » dont plusieurs restaurateurs comme le Wanted Café, mais aussi le délégataire du Marché, et les associations de quartier comme « Elie ta rue ». 2500 newsletters ont également été envoyées ce matin dans les boîtes mail des habitants du quartier pour les informer de ces changements.
Mais… « une galère » côté livraisons
Si les commerçants du marché, bénéficiant de leur propre parking au sous-sol, ne devraient pas trop être impactés par ces nouveaux aménagements, les restaurateurs de la place s’interrogent, les contre-allées servant d’habitude au stationnement provisoire des livreurs et clients.
« Ça va être une galère » déplore un employé de la boucherie El Bahia.
« Tous nos clients et les livreurs ont pris l’habitude de se garer une quinzaine ou vingtaine de minutes en général dans les contre-allées pour venir dans nos commerces, où est-ce qu’ils vont aller ? La voie est petite, comment les camions vont passer ? »
De son côté, la Mairie assure que « ça passe », mais qu’il faudra un peu plus manœuvrer. En attendant, il faudra prendre le temps de s’habituer au changement explique une serveuse d’un restaurant de la place.
« Il faut le temps de s’habituer, j’ai peur qu’au début il y ait des petits accidents car les gens continuent de marcher n’importe où. J’espère que ça ne bouchonnera pas, beaucoup étaient habitués à stationner ici », explique une employée de la pizzeria IT.
Elle désigne une fourgonnette qui arrive au même moment dans la contre-allée. « Elle a l’habitude de se garer tous les jours ici, là elle ne pourra plus. »
D’autres voient au contraire dans la piétonisation une aubaine pour étendre leur terrasse :
« On est content, c’est une nouveauté, on est prêts à tester si cela peut améliorer la place, explique Fabio Arlia, gérant du restaurant Boccacia. Notre restaurant espère pouvoir demander une terrasse au milieu ».
Il n’y aura « pas de terrasses » prévient la Mairie
« Les espaces et places piétonnes manquaient à Bordeaux, j’ai vécu dans d’autres villes en France et en Italie qui ont fait ce choix plus tôt. Les commerces ont peur au début de changer leur quotidien et de perdre leurs clients mais à long termes cela crée du mouvement », ce réjouit le restaurateur italien.
Malgré tout, la Mairie précise qu’elle n’autorisera pas de terrasses supplémentaires, rappelant que les restaurants ont déjà bénéficié d’extension sur les trottoirs lors de la crise. Au contraire, elle aimerait dédier le lieu à des activités culturelles qui devraient selon elle créer du mouvement, et bénéficier au commerce local.
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