700 000 jeunes seraient chaque année victimes de harcèlement selon les chiffres de l’Education nationale. Des violences verbales, physiques ou psychologiques répétées aux conséquences plus ou moins sévères, subies en milieu scolaire mais également à l’extérieur : avec l’émergence des réseaux sociaux, le harcèlement se poursuit aussi en dehors des bancs de l’école.
Afin de lutter contre ces situations, le Conseil Départemental des Jeunes, qui réunit des représentants de chaque collège de Gironde élus en binômes paritaires le temps d’une année scolaire, a lancé il y a quelques jours une campagne Instagram avec le soutien de la dessinatrice de presse Cami.
La Bordelaise, qui a notamment réalisé avec Charline Vanhoenecker et Guillaume Meurice « Le cahier de vacances de Manu » en 2019 ainsi que le Guide du Réfugié en 2017, intervient également en milieu scolaire, centre d’animations et environnement carcéral, pour l’association Cartooning for Peace, et contribue au Crocnote sur Rue89 Bordeaux,
Ces symptômes qui doivent alerter
La dessinatrice a ainsi créé six vignettes qui évoquent les diverses formes d’harcèlement et invitent à en parler. « Sur chaque dessin, on retrouve trois fois le même personnage, à quelques signes distinctifs près », explique la dessinatrice Cami.
« On a voulu s’adresser au harcelé, au harceleur, et au témoin, explique Cami. Je me suis rendue compte en discutant avec les élèves auprès desquels j’interviens, que parfois, ces trois personnages peuvent être une même personne. Un élève peut en harceler un autre parce qu’il a lui-même été victime de violences. Mais dans ces dessins, on a également ce nom de super héros, « Harcel Man » qui peut être chacun d’entre nous à partir du moment où l’on choisit de réagir à la situation ».
Mauvaises notes, déprime, isolement : autant de signes qui peuvent alerter jeunes et adultes.
« On voulait avant tout faire passer un message simple qui puisse parler aussi bien aux grands qu’aux petits, et faire connaître le numéro d’écoute dédié », souligne Léo, élève en classe de 4ème dans un collège d’Andernos-les-bains, élu cette année au Conseil Départemental des Jeunes.
La campagne rappelle en effet que face à ces situations il est possible d’appeler le 3020, le numéro d’écoute gratuit contre le harcèlement scolaire mis en place par l’Education nationale, à destination des élèves, familles et professionnels. Le dispositif propose une écoute, des conseils et orientations aux appelants. Le 3018 est également un autre numéro permettant d’obtenir un soutien dans des situations spécifiques de cyberharcèlement.
« Les élus jeunes aimeraient que ça devienne viral »
« On veut faire comprendre que tout le monde peut être harcelé, reprend Léo. Parfois, les élèves n’osent pas en parler par honte, en se disant que s’ils ont besoin de l’aide de quelqu’un c’est qu’ils n’ont pas su se défendre tous seuls, que c’est un signe de faiblesse. Il faut au contraire en parler, prendre conscience que les adultes savent écouter. Et à l’inverse, il faut aussi que les enseignants et familles cherchent à installer une relation de confiance ».
L’objectif de la campagne Instagram est désormais d’atteindre rapidement les 1000 likes et de faire connaître le hashtag #NAH (Non au harcèlement), en proposant un petit jeu permettant de gagner un dessin dédicacé de Cami. Le tirage au sort des six vainqueurs aura lieu le 30 juin.
Mais les jeunes élus ne se sont pas arrêtés là : une vidéo de sensibilisation contre le cyberharcèlement, mettant en avant le 3018 a également été réalisée et postée sur Tiktok. En plus du dessin et de la vidéo, le support musical a lui aussi été choisi pour mettre en avant cette problématique. Une chanson a été réalisée avec le slameur Daïtoha, du collectif Street def records, sous forme de dialogue entre harceleur et harcelé, pour laquelle des collégiens ont prêté leur voix. Elle est dès à présent disponible sur le site du département, dans les réalisations du CDJ.
Chargement des commentaires…