Sur le macadam gris, entre les immeubles bétonnés du parc Pinçon, elle est une invitation au jeu et à la déambulation. « Les yeux sur terre », c’est le nom de la fresque réalisée par le collectif de scénographes et d’architectes, Cmd+O, sous la direction artistique de Guillaumit.
Située non loin du centre d’animation Bastide Benauge, la fresque a vu le jour au terme d’un chantier participatif d’une semaine. Inaugurée dans le cadre de la Saison Culturelle Ressources, elle a été menée avec les habitants du quartier et les enfants du centre d’animation.
Entre stabilité et éphémère
Les fleurs, les soleils, les planètes et les autres dessins ont été imaginés par les enfants, comme l’explique Guillaumit, directeur artistique et résident à la Fabrique Pola :
« Nous avons fait des ateliers avec les enfants du centre d’animation pour leur expliquer le projet, mais aussi notre métier. De là, nous avons eu une banque d’images, à partir des dessins des enfants, sur le thème de la marelle réinventée. Par exemple, en tant que directeur artistique, j’aime la symétrie. Je me suis inspiré des créations des enfants pour imaginer et créer la cohérence de la fresque. Le choix des couleurs a aussi été réfléchi en fonction du lieu. Le parc est ainsi très vert, l’idée est de rajouter des couleurs chaudes. »
Loin de ressembler à la sempiternelle marelle des cours d’écoles, la fresque est une invitation libre à la déambulation et au jeu. Victor Garriou est architecte, il fait partie du collectif Cmd+O :
« Il n’y a pas de règles. Le départ se trouve vers le centre d’animation, et après chacun est libre de s’approprier la fresque comme il veut. Certains enfants vont sauter de fleurs en fleurs, d’autres vont imaginer d’autres choses. Nous avons aussi fait attention à intégrer le mobilier urbain présent dans la fresque. Un poteau devient ainsi le nez d’un personnage. Nous avons un espace et des contraintes, nous nous sommes adaptés. »
Si la fresque est amenée à rester dans le temps, elle est aussi un support de créativité éphémère :
« Le but est aussi que les enfants, et même les habitants, puissent réinvestir le parc autrement. La fresque devient une sorte d’alibi pour déclencher des ateliers à la craie, qui se dérouleront tout l’été avec le centre d’animation. L’objectif n’était pas de tout remplir et combler, mais aussi de laisser des espaces libres. »
Repenser l’existant
Réalisée la semaine du 5 juillet avec des peintres professionnels et aussi une quarantaine d’enfants venus prêter main-forte, l’œuvre a répondu à l’enjeu qui était aussi de créer du lien dans un quartier :
« Il y aussi eu un mix dans les âges avec des enfants et de jeunes ados, venus aider à la réalisation. Comme on travaillait de nuit et de jour, des habitants sont aussi venus nous voir et nous apporter du thé. Certains ont discuté avec nous, ils ont parlé de l’histoire du quartier. Au-delà du projet artistique, c’est aussi des échanges. »
La crise sanitaire et les confinements ont participé à repenser les espaces urbains. Victor Gourriou a fait part de ces transformations du quotidien dans la genèse du projet :
« Avec les gestes barrières, de nouvelles signalétiques sont apparues. Ce que nous voulions, c’était s’emparer du sol, mais pour créer des contraintes. C’est pour cela qu’il n’y a pas de règles du jeu, comme une marelle classique. »
La fresque est à découvrir, dès à présent, au parc Pinçon, côté rue Raymond Pointcarré. Les initiateurs du projet espèrent que le dédale chamarré donnera lieu à de nouvelles perspectives artistiques, et continuera, peut-être, de s’étendre.
Chargement des commentaires…