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Féminicides : un die-in devant le commissariat de Bordeaux pour dénoncer les défaillances

Samedi 16 octobre, devant le commissariat de Mériadeck, un die-in a été organisé par l’AG féministe de Gironde. Ce rassemblement fait suite à la vague de témoignages exprimés sur Twitter avec le hashtag #DoublePeine, pour dénoncer la prise en charge des plaintes pour violences conjugales et sexuelles par la police. Les rapports officiels ont démontré la responsabilité de celle-ci dans la mort de Chahinez, à Mérignac.

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Féminicides : un die-in devant le commissariat de Bordeaux pour dénoncer les défaillances

Sandra et Chahinez avaient toutes les deux 31 ans. Toutes les deux avaient signalé des faits de violences conjugales à la police, à Bordeaux et à Mérignac. Et pourtant, elles ont été tuées par leurs ex-conjoints. Des violences signalées mais des femmes qui ne sont pas écoutées : c’est ce qu’a dénoncé, devant le commissariat de Mériadeck, l’AG féministe de Gironde, répondant à l’appel national du collectif #NousToutes.

Samedi 16 octobre, à 16h, des militants et militantes féministes ont réalisé un die-in pour dénoncer la mauvaise prise en charge des plaintes dans les affaires de violences conjugales et sexuelles. Plusieurs associations et collectifs bordelais ont répondu à l’appel, dont les Colleureuses, #NousToutes, ou encore le collectif féministe anarchiste Ovaires et contre tout.

Die-in devant le commissariat de Mériadeck Photo : VB/Rue89 Bordeaux

Plus de moyens

Des corps étendus au sol pour symboliser les femmes tuées par leurs compagnons ou ex-compagnons. Derrière la performance, c’est la défaillance de l’État et du système judiciaire qui est mis en cause. Une militante féministe témoigne :

« Des femmes subissent des violences conjugales ou du harcèlement sexuel, elles font la démarche de venir porter plainte au commissariat. Et là, elles ne sont pas écoutées. Quand elles ne doivent pas se justifier, on remet en cause leurs paroles. C’est une violence en plus. C’est ça, la double peine. Les conditions d’accueil et la prise en charge de ces femmes victimes doit évoluer. À Mérignac, le policier qui a reçu la plainte de Chahinez avait lui-même été condamné pour violences conjugales. Comment c’est possible ? »

Laurence, militante pour l’AG féministe de Gironde, cite en exemple l’Espagne, où une politique volontariste de lutte contre les violences faites aux femmes a été mis en place. Depuis 2004, les féminicides y ont chuté de 25% :

« Tout est une question de moyens. Tant qu’il n’y a pas d’investissements dans cette cause, les choses vont stagner. En Espagne, il y a un parquet spécialisé sur les questions de violences conjugales. »

Dizaines de témoignages à Bordeaux

Devant le commissariat, sans une banderole « Pas une de plus », Marie, militante dans l’AG féministe de Gironde, a lu des témoignages de femmes recensés sur le site #DoublePeine, créé à la suite de l’appel lancé sur les réseaux sociaux. Pour elle, comme pour les autres collectifs féministes présents, il faut passer aux actes :

« Il faut des centres où les femmes menacées de violence puisse être accueillies. Le suivi socio-judiciaire des auteurs doit, lui, être réellement assuré, ne serait-ce que par l’usage du bracelet électronique pour les conjoints violents. L’État parle tout le temps d’expérimentations, mais il s’agirait de faire vraiment les choses. Il faudrait aussi parler de la problématique des violences conjugales dès l’enfance, dans les écoles. »

Sur le site #DoublePeine, plus d’une dizaine de témoignages concernent Bordeaux et le commissariat central. Lorsque les plaintes ne sont pas déboutées, voire refusées, ce sont des remarques sexistes, de la part de policiers, auxquelles font face les victimes :

Témoignage d’une bordelaise sur le site #DoublePeine Photo : Capture écran

En France, le collectif #NousToutes demande qu’un milliard d’euros soit débloqué pour développer les politiques de lutte contre les violences faites aux femmes. En juillet dernier, le gouvernement a annoncé que 50 millions d’euros seront alloués à l’égalité entre les sexes en 2022. Un budget qui reste trois fois inférieur à celui de l’Espagne. « Ça coûte de l’argent, mais la vie des femmes ça coûte quoi ? », a lancé au micro une militante féministe à la fin du rassemblement.


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