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Pourquoi Bordeaux Métropole et la Gironde veulent puiser de l’eau potable dans le Médoc

La concertation sur le champ captant des Landes du Médoc a été lancée ce mardi 26 octobre. Jusqu’au 8 décembre 2021, les Girondins peuvent s’exprimer sur ce projet à 60 millions d’euros, initié par Bordeaux Métropole. Les forages doivent permettre à l’agglomération et au sud Gironde de pomper 10 millions de m3 dans une nappe qui se recharge plus rapidement que celles sous l’agglomération, actuellement surexploitées.

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Pourquoi Bordeaux Métropole et la Gironde veulent puiser de l’eau potable dans le Médoc

« Aujourd’hui on puise beaucoup trop dans l’Eocene, si on veut éviter une catastrophe écologique d’ampleur, il faut aller puiser notre eau potable ailleurs », résume Alain Anziani, président de Bordeaux Métropole.

L’agglomération et les territoires voisins (rive droite, Entre-Deux-Mers…) prélèvent en effet chaque année 48 millions de m3 dans leur nappe souterraine profonde soit 10 millions de m3 de trop par rapport à son rythme naturel de renouvellement. Or cette eau est de très grande qualité – la profondeur de la nappe Eocène fait qu’une goutte met plusieurs années à l’atteindre, et est ainsi bien filtrée.

Pour sécuriser l’approvisionnement en eau potable pour 905000 habitants, soit deux Girondins sur trois, sans mettre en péril ce bien commun, la Métropole et le Département comptent prélever ailleurs 20 millions de m3, dont 50% issus du champ captant des Landes du Médoc, entre le Temple et Saumos, invoquant la « solidarité entre les territoires ».

14 puits de forage

Ce projet suscitant l’inquiétude de certains élus et sylviculteurs du Médoc, la Métropole a décidé d’ouvrir une concertation, non obligatoire, avec la Commission nationale du débat public. Depuis ce mardi 26 octobre, une plateforme est ouverte pour recueillir les observations, et plusieurs réunions publiques se tiendront jusqu’au 8 décembre, notamment le 9 novembre à Lacanau et le 2 décembre à Saumos.

Ce jeudi à Bordeaux, la préfète Fabienne Buccio s’est engagée « au nom de l’Etat à ce que les conclusions des études et de la concertation soient prises en compte », et à mettre en place un observatoire. Les élus de la Métropole et du Département se sont employés à présenter les enjeux d’un projet « d’intérêt général », chiffré à 60 millions d’euros, dont 56 à la charge de Bordeaux Métropole.

« Pour donner une image, ce champ captant occupera la superficie de trois terrains de foot, explique Sylvie Cassou-Schotte, vice-présidente en charge de ce dossier. 14 puits de forages vont aller puiser à 250m de profondeur. L’eau sera épurée ensuite dans une station sur place. Ce n’est pas pour consommer plus d’eau, mais pour économiser nos ressources sous nos pieds. »

Rassurer les forestiers

Pas question « de déplacer le problème, ce ne serait pas cohérent », précise Guillaume Choisy directeur général de l’Agence de l’eau Adour Garonne.

« La nappe de l’Oligocène littoral dans laquelle puisera le champ captant se renouvelle suffisamment [NDLR : on estime à 22 millions de m3 par an le volume maximal prélevable dans cette nappe pour garantir son renouvellement naturel]. Il faut simplement prélever l’eau au bon endroit. »

Les nappes souterraines en Gironde Photo : DR

Le responsable de l’Agence de l’eau tient également à rassurer les forestiers :

« Les forages provoqueront peut-être au maximum une diminution de 5 cm des nappes de surface. Cela n’entraînera pas un ralentissement de la croissance des pins, dont les racines savent s’adapter pour aller chercher de l’eau plus profondément. »

Plus d’économies

Pour Sylvie Cassou-Schotte, la concertation permettra de « recueillir les questionnements des forestiers mais pas seulement ».

« Nous leur apporterons des réponses dans le mois qui vient. Cela peut amener à améliorer le dossier et poursuivre des études qui n’auraient pas été suffisamment poussée. Mais c’est bien parce que nous avons la conviction que ce projet aura peu ou pas d’impact que nous nous engageons dans cette piste là. »

Par ailleurs, si les Girondins sont parmi les moins consommateurs d’eau potable par habitant en France (50m3 par an dans le département), la métropole et le département comptent faire davantage d’économies. Le passage de l’eau en régie doit notamment être l’occasion de lutter contre les fuites dans le réseau – un tiers de perte d’eau, que la métropole entend faire passer à 10%.


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