« Pour plus d’équité et de justice sociale », la Ville de Bordeaux a présenté ce mardi 9 novembre, lors du conseil municipal, de nouvelles règles d’attribution des places en crèche. Portée par Fannie Le Boulanger, adjointe au maire chargée de la Petite enfance, cette réforme prévoit la prise en compte des revenus des famille, « critère primordial pour l’accueil des enfants de milieux modestes » :
« Sur les 5500 places proposées en crèche, tous modes confondus – privé, public, associatif… – la Ville finance 2679 places. Cet ensemble sera concerné par la réforme. Un tiers se renouvelle tous les ans, c’est-à-dire 900 places. Pour la mairie, le coût annuel moyen d’une place est de 7300€, c’est au titre de cofinanceur qu’elle conduit cette réforme. »
Inclusion sociale
A l’heure actuelle, 40% des demandes d’attribution sont satisfaites. Elles sont régies par la Prestation de service unique (Psu) de la Caisse nationale d’allocations familiales (Cnaf), et prennent seulement en compte l’activité des parents et le taux d’effort (part des ressources consacrées à la garde des enfants). Le nouveau système proposé par la Ville sera, lui, basé, sur le quotient familial :
« Nous continuerons à demander les justifications d’activité des parents, mais la réforme permettra aussi d’intégrer les foyers au RSA et les parents à la recherche d’emploi avec bien sûr la revalorisation de cette recherche qui nécessite la garde de l’enfant. »
Actuellement fixé à 5% par la loi, le plancher de ces places réservées aux allocataires du RSA et aux personnes en recherche d’emploi sera relevé à 15%. La Ville entend, de cette manière, « faire des crèches des lieux d’inclusion sociale et agir pour l’égalité des chances dès les premiers pas », a indiqué Fannie Le Boulanger lors d’une communication au conseil :
« Pour la première fois à Bordeaux, on vient valoriser la situation du demandeur d’emploi, qui avait le même nombre de points qu’un parent en congé parental par exemple, et soutenir également les parents isolés par un complément de points. Un petit bonus sera accordé aux familles qui n’ont jamais eu d’accès à la crèche pour un de leurs enfants. »
L’adjointe au maire rappelle que « les enfants de familles modestes ont cinq fois moins de chances d’aller en crèche et dix fois moins d’avoir une assistante maternelle. Les femmes de ces milieux ont ainsi 5 à 10 fois moins de chance d’avoir une formation et donc un emploi ».
Classes moyennes lésées ?
L’expérimentation entrera en vigueur en mars 2022, et fera l’objet d’une évaluation au bout d’un an. Lors des débats en séance, les élues d’opposition (car ce sont uniquement des femmes qui ont pris la parole) ont dans l’ensemble salué cette mesure.
Anne Fahmy (Renouveau Bordeaux) et Géraldine Amouroux (Bordeaux Ensemble) se sont cependant inquiétées que le critère des revenus ne deviennent « prépondérant dans l’attribution des places » et puisse « léser les classes moyennes, trop riches pour bénéficier d’aides et pas assez pour pouvoir faire sans ».
La conseillère municipale LR (Les Républicains) a incité la majorité à poursuivre les ouvertures de places (700 sous le mandat précédent, contre 193 en 2021 pour 500 prévues sur la durée du mandat actuel), sur la même ligne en ce sens qu’Evelyne Cervantès-Descubes (Bordeaux en luttes). Cette dernière s’est toutefois inquiétée d’une « mode d’accueil à deux vitesses », le service public de la petite enfance accueillant moins de la moitié des 8000 jeunes Bordelais ayant besoin d’un mode de garde.
Fannie Le Boulanger et les représentants de l’ancienne majorité se sont néanmoins communément réjouit du fait que le taux de couverture (enfants bénéficiant d’un mode de garde) était de 75% à Bordeaux, contre 58,9% à l’échelle nationale.
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