« Il fait partie des plus anciens » précise Nicolas Guyamier, le jeune président du Club municipal Floirac Rugby. Et pour ceux qui ont mis un pied dans ce milieu sportif, le terme « ancien » est synonyme de respect et confère à la personne concernée une reconnaissance indiscutable pour son dévouement au club. Si Jeannot Plisson est de ce rang, il l’est d’autant plus que c’est le dernier « vrai » Floiracais du staff.
« Mes parents et mes grands parents sont de Floirac et j’ai vécu toute ma vie ici », confie Jeannot Plisson. « J’ai travaillé à l’AIA jusqu’à ma retraite » ajoute-t-il avec un regard par dessus son épaule, l’Atelier Industriel de l’Aéronautique est visible par la fenêtre du Club house à la Maison des Sports et Culture.
Le goût du sport
Né en 1951, 70 ans tout rond cette année, Jeannot Plisson est bénévole au club depuis 25 ans. Son parcours sportif est nourri de plusieurs disciplines où le rugby est loin d’être le premier sur la liste :
« Je n’ai même jamais fait de rugby à Floirac, le club est trop jeune ! En réalité mes parents ne voulaient pas que je fasse du rugby. A l’âge de 21 ans, à la majorité, j’en ai fait pendant deux ans à Bègles, au temps des Jameau et des Trillo. J’ai ensuite rencontré ma femme. Elle faisait du handball, alors j’ai fait du handball… », raconte-t-il le sourire en coin.
1974, c’est justement l’année où le club floiracais du ballon oval est fondé en septembre. Jeannot Plisson pratiquait alors le sport au gré des rencontres.
« J’ai goûté à beaucoup de sports. J’ai fait du handball jusqu’à l’âge de 30 ans, puis du vélo avec mes beaux-frères, ensuite de la course à pied avec ma femme. Nous avons fait ensemble des marathons, des triathlons. Et puis j’ai eu l’envie d’aider, de faire connaitre le sport à d’autres et aux petits. »
Dans les années 1990, Jeannot Plisson devient bénévole pour la municipalité et rejoint l’école de rugby en tant qu’éducateur des benjamins et des minimes le mercredi après-midi, « sur le temps de travail à l’entreprise pris sur les congés ».
« Ma vie c’est Floirac »
A la retraite à 55 ans – « j’ai choisi de partir avec 65% du salaire » –, Jeannot Plisson décide de « donner encore plus de temps ». La semaine s’organise et s’écoule au rythme des activités du club.
« On s’occupe des repas, des services, du nettoyage. Le repas du vendredi après l’entrainement. Le casse-croûte du samedi pour les cadets et les juniors. Le repas et le casse-croûte du dimanche pour l’équipe A et la réserve, des fois ça monte jusqu’à 100 couverts. »
A cette cadence, Jeannot ne compte pas ses heures, « jusqu’à 30 heures par semaine ». « Ma vie c’est Floirac » résume-t-il. Et dans cette « vie », à l’entendre, il n’y a que du bonheur. Inutile de chercher les déceptions, même pour les matches perdus. « C’est le sport, il faut un esprit sportif », dit-il, philosophe.
« Il y a dix ans, on est descendu en honneur [niveau de compétition dans le championnat de France, le club est actuellement en Fédérale 1, NDLR]. Il fallait tout remonter, on l’a fait », se souvient l’ « ancien ».
Et puis des moments de fierté. Quand un certain Thierry Paiva, jeune de l’école de rugby de Floirac, est repéré par « un grand club », l’Union Bordeaux Bègles. « C’est mon petit jeune » s’emballe Jeannot tout sourire devant une coupure de presse consacrée au joueur et encadrée au club house, se remémorant les trajets en voiture pour transporter « les trois frères Paiva » entre leur domicile et le stade de la Burthe.
« Une patte »
« Dans toute association sportive, le bénévolat est le plus important et je n’ai de cesse de le répéter », commente Nicolas Guyamier.
« Ce sont eux qui font vivre le club, poursuit le président. Jeannot, il n’y a pas besoin de lui poser la question, il est là, toujours disponible pour les joueurs. Et les joueurs sont heureux d’être entourés par des gens comme ça, ce sont les repères. Malgré un problème de santé l’année dernière, Jeannot est revenu immédiatement, dès son rétablissement. C’est une deuxième famille. »
Surtout que Jeannot Plisson est tout aussi volontaire que son épouse pour les tâches du club. « Quand ils ne sont pas à la maison, je sais où les trouver » abonde leur fille qui énumère ses « dimanche sur le terrain, les déplacements, les anniversaires, les fêtes des mères ou des pères… tous passés au club ».
« Ces mecs, s’ils ne sont pas là, le club ne tourne pas » souligne Jean-Philippe, éducateur des -14 à l’école du rugby.
« Un type comme Jeannot, c’est ce qu’on appelle une patte. Il fait les choses sans compter et sans attendre un merci. On ne l’entend jamais lever la voix, ni se plaindre. Ça fait 7 ans que je suis au club, et toujours le bonjour et le sourire. »
En France, 4 millions de bénévoles donnent au milieu sportif le plus fort engagement de tous les domaines d’activité avec l’équivalent de 117 000 temps pleins. A Floirac Rugby, un de leurs ambassadeurs s’appelle Jeannot.
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