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Covid-19 : le CHU de Bordeaux sous la pression de la cinquième vague

Les responsables du centre hospitalier de Bordeaux ont fait part ce vendredi 7 janvier des difficultés causées par le rebond de la pandémie, avec notamment 127 patients hospitalisés pour Covid-19, proche du pic atteint lors des vagues précédentes, dont 45 en réanimation. 70 à 80% d’entre eux sont non-vaccinés. Aussi, alors que l’épidémie accroît l’absentéisme des soignants et les déprogrammations d’opérations, les médecins du CHU réitèrent leur appel à la vaccination.

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Covid-19 : le CHU de Bordeaux sous la pression de la cinquième vague

« Quand j’entends parfois dire que les hôpitaux ne sont pas surchargés, je m’étonne », euphémise Didier Gruson, du département réanimation du CHU de Bordeaux. Lors d’une conférence de presse ce vendredi 7 janvier, les responsables de l’établissement ont fait état de la tension y régnant actuellement.

Car avec un taux d’incidence de 492 cas pour 100000 habitants en Nouvelle-Aquitaine, et même de 681 en Gironde et de 1100 chez les jeunes adultes, le CHU de Bordeaux est percuté de plein fouet par la cinquième vague. Il enregistre 200 passages aux urgences par jour chez les adultes, 180 chez les enfants, et 1300 appels par jour.

« Ce matin au CHU de Bordeaux, nous avions 127 patients hospitalisés pour Covid-19, proche des 130 connus au plus haut connu lors des cinq vagues, dont 45 sont en réanimation et en soins critiques », indique Yann Bubien, directeur du CHU.

70 à 80% de non vaccinés en réanimation

Si les médecins bordelais ne souhaitent pas s’avancer sur l’efficacité des mesures sanitaires actuellement en vigueur, ils constatent, comme Didier Gruson, que plus de la moitié des services de soins critiques de l’établissement, et même plus de 80% à l’hôpital Saint-André, sont occupés par des patients Covid :

« Car cela veut forcément dire que les patients souffrant de pathologies cardiaques, des personnes qui ont fait des tentatives de suicide, des patients qui ont des défaillances vitales pour cause de cancer ou de leucémie, n’ont malheureusement pas le même accès en réanimation que d’habitude. »

Ces personnes en réanimation, « 70% à 80% sont non-vaccinées », assure Didier Gruson. Le CHU ne donne pas de chiffre sur les personnes ayant usé de faux passes sanitaires, renvoyant à l’étude flash qui, au niveau national, l’estime à 4,5%. Quant aux 20 à 30% patients restants, ce sont « des immunodéprimés ou n’ayant pas de parcours vaccinal complet ».

« Ce qui est important à dire et transmettre, c’est que nous n’avons jamais eu en réanimation de patients qui ont eu trois doses », ajoute le professeur Gruson.

Un vaccin « sûr » pour les enfants

Cet appel à la vaccination est relayé par les autres médecins du CHU de Bordeaux, estimant qu’il faut faire preuve de bienveillance et de pédagogie pour convaincre des personnes inquiètes, et loin d’être toutes antivax. Brigitte Llanas, cheffe du pôle pédiatrie, l’encourage pour les 5-11 ans :

« La moitié des 800 enfants soignés de la Covid-19 dans ses services depuis avril 2020 se situent en effet dans cette tranche d’âge. Les complications de la maladie peuvent être importantes, avec les syndromes inflammatoires multi-systémiques pédiatriques (Pims, 700 cas recensés en France). Le vaccin, qui permet de réduire ce risque, est sûr, fiable et sans effet indésirable grave. »

À l’entrée du Tripode, à Pellegrin Photo : SB/Rue89 Bordeaux

Pour l’infectiologue Denis Malvy, le vaccin prémunit aussi d’Omicron, à l’origine de l’emballement actuel de l’épidémie :

« Nous vivons aujourd’hui une superposition entre ce que fait toujours le variant Delta, responsable des hospitalisations en soins critiques, et ce que fait Omicron. Celui-ci est remarquable par sa capacité de transmissibilité inédite. Mais la nouvelle de poids, c’est qu’il est conjurable grâce à l’expérience des gestes barrières et de la vaccination. Les épidémies précédentes ont toutes duré entre trois et quatre ans, la fin de celle-ci est donc une certitude. Mais nous entrons dans une sixième vague, et rien ne s’oppose à une septième ou huitième vague. Il faudra assumer le poids de cette crise sur les chances perdues pour les autres patients et regarder le taux de mortalité global. »

Des lits toujours fermés

Car la Covid accentue les difficultés de l’hôpital : le nombre de cas chez les professionnels du CHU a été multiplié par 5, aggravant l’absentéisme. 16% des soignants en réanimation chirurgicale ont la Covid, entraînant la fermeture de 30 à 50% des salles de bloc opératoires, souligne Nicolas Grenier, chef du service d’imagerie diagnostique et interventionnelle adulte.

« Cela a un impact très important puisque cela veut dire des reports de programmation médicale et chirurgicale, même en chirurgie cardiaque, en cancérologie ou en transplantation, qu’on essaye de maintenir. Nous avons des réunions avec les cliniques à l’échelle de la métropole pour organiser ces interventions. »

Ce manque de personnel avait aussi entraîné des fermetures de lits – entre 500 et 600 pendant la période de vacances. 260 rouverts depuis « ont été saturés en une semaine », signale Nicolas Grenier, selon lequel le CHU est toutefois « loin de faire du tri » entre les patients.

Pour remédier à ces problèmes d’effectifs – 57 postes vacants actuellement –, et soulager des équipes sur le pont et fatiguées après deux ans de pandémie, l’établissement bordelais a lancé une campagne de recrutement : 334 aides-soignantes, ou encore 452 infirmiers et infirmières.

Et ce « directement en CDI », et « titularisés d’emblée fonctionnaires, sans passer par la période de stage, sur les postes en tension », avec une rémunération valorisée de 7000 euros bruts supplémentaire par an, indique Yann Bubien. Si les responsables du CHU de Bordeaux estiment avoir enregistré « très peu de départ ou de démissions liées à la Covid », ils pourront mesurer ce mardi 11 janvier, journée d’action nationale dans la santé, le degré d’impatience du personnel.

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