« Tout le monde pense que le problème est réglé, mais pas du tout ! » s’agace Margot Turcat. Parent d’élève à l’école de Naujac, elle a, avec une trentaine de familles, créé une cagnotte pour « aider la famille Balakhadze à se loger et à se nourrir ».
« Nous venons de retirer les derniers 1500€ pour les remettre à la famille. Ils ont de quoi tenir jusqu’au 3 février pour payer l’hôtel et se nourrir. Et après ? Ça fait cinq semaines que ces cinq personnes sont à nos frais, c’est normal ? Quand le maire de Bordeaux dit qu’il veut aider les gens à la rue, qu’il veut d’abord les recenser… Là, ce sont des sans-abri à l’abri et ils ne vont pas être visibles dans ce recensement. »
Pas d’asile
La famille Balakhadze est sous OQTF (obligation de quitter le terroir français) depuis le 13 décembre 2021 où elle a vu son recours rejeté pour sa demande d’asile. Les enfants sont scolarisés : Mariame, 6 ans, en CP à l’école Albert-Barraud ; Nino, 4 ans, en moyenne section à Naujac ; et Georgi, né en France il y a 2 ans, à la crèche d’Albert Barraud.
La famille a été déboutée du droit d’asile une première fois en 2019 après son arrivée en France en 2018, et son expulsion du pays décidée en juin. L’hébergement dont bénéficiait la famille en attendant le jugement lui a été retiré le 13 décembre 2021 et, depuis, les solutions provisoires s’enchaînent : des nuitées à l’hôtel financées par les familles solidaires, une semaine d’hébergement par la paroisse catholique de Bruges… Le père de famille, David, envisageait même de faire dormir tout le monde dans la voiture pour alerter sur cette situation.
« Même s’ils ont reçu un refus du tribunal administratif à leur demande de titre de séjour, la préfecture doit les loger. On ne peut pas laisser trois enfants dehors par ce temps, ce n’est pas possible », estime leur avocate Delphine Gali.
Stress
David Balakhadze a une formation d’ingénieur et son épouse, Medeia, travaillait en pharmacie. Ils ont dû quitter leur pays, la Géorgie, menacés dans une affaire de corruption raconte le père.
« Je suis paralysé par le stress, poursuit-il. On veut rester à Bordeaux, les enfants ont leur copains ici, et ma femme a des problèmes de santé. Elle doit aller tous les 3 mois à l’hôpital de jour pour un rein. On n’est pas des animaux, si on dort dehors les enfants sont morts. Moi je ne suis pas un criminel, pas un trafiquant, je demande juste une carte de séjour, pour pouvoir travailler et être autonome. »
Depuis le 13 décembre, « il est terrorisé de sortir de l’hôtel, puis revenir et ne pas trouver ses enfants » rapporte Margot Turcat. Ayant épuisé tous les recours, la famille Balakhadze et ses soutiens, aidés par l’association Faire et Agir, ainsi que de Réseau éducation sans frontières (RSEF), comptent demander une nouvelle audience à la préfecture.
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