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A Pôle Emploi, une grève sur fond de boom des radiations de chômeurs en Nouvelle-Aquitaine

L’ensemble des syndicats du personnel de Pôle Emploi avait lancé un appel à la grève pour le mardi 1er février. L’intersyndicale réclame une revalorisation des salaires et dénoncent un surcroît d’activité dû aux réformes gouvernementales, notamment celle de l’assurance chômage, et au durcissement des contrôles, illustré par la forte augmentation des radiations (+42,7%) dans la région. Derrière les chiffres flatteurs du chômage, AC! Gironde, solidaire des agents, souligne qu’elles témoignent d’un découragement des demandeurs d’emploi, confrontés à la précarité du marché du travail.

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A Pôle Emploi, une grève sur fond de boom des radiations de chômeurs en Nouvelle-Aquitaine

La grève à Pôle emploi a été bien suivie ce 1er février en Gironde, où 29% des agents ont cesse le travail à l’appel de l’ensemble des organisations syndicales (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, SNAP, SNU, STC, SUD, UNSA). Une agence, celle de Blaye, est restée fermée, tandis qu’un tiers des grévistes ont opté pour un débrayage d’une heure.

L’intersyndicale demande une hausse générale des salaires, qui n’ont pas été augmentés depuis 2017 pour les 54400 agents (4000 en Nouvelle-Aquitaine), et dénonce des conditions de travail difficiles. Elle pointe du doigt la succession de plan d’actions (contrat d’engagement jeune, renforcement des contrôles…) et réformes gouvernementales, à l’instar de la réforme de l’assurance chômage, qui a conduit à une augmentation de l’activité de l’opérateur public.

+42% de radiations en un an

Dans un communiqué publié le 30 janvier en solidarité avec les grévistes, l’association AC ! Gironde (association de défense des droits des chômeurs et des précaires) met en avant les « 250 000 contrôles auprès des demandeurs d’emploi, soit 25 % de plus qu’en 2019 » que devront effectuer les salariés de Pôle Emploi « d’ici les six prochains mois ». L’association girondine rappelle également que « Pôle emploi aura obligation de baisser les allocations de 40% voire parfois de les supprimer ».

Ainsi, en Nouvelle-Aquitaine, le motif de sortie des inscrits à Pôle emploi qui observe la plus forte progression (+19,9% sur le dernier trimestre, et 42,7% sur un an) est la radiation administrative. Cela représente 4 780 sorties, soit près de 10% des 49 870 fins d’inscriptions dans les catégories A, B et C, personnes tenues de chercher un emploi, soit 479 890 personnes dans la région au quatrième trimestre 2021.

Et le premier motif de sortie de Pôle Emploi n’est pas la reprise d’activité déclarée (12910 sorties), mais le défaut d’actualisation, une tendance en hausse de 3,7% sur un an pour représenter 18 570 fins d’inscriptions. Pour Joëlle Moreau d’AC! Gironde, c’est symptomatique du « découragement face à la recherche d’emploi parce que les personnes ne trouvent rien ».

Photo : DREETS Nouvelle-Aquitaine

Précarité

Un autre phénomène inquiète les associations et syndicat : l’augmentation en Gironde, comme aux niveaux régional et national, des inscriptions en catégorie B (demandeurs d’emploi ayant travaillé moins de 79 heures sur le mois précédent) et C (ayant travaillé au moins 79 heures), qui représentent près de la moitié des 140310 chômeurs girondins (-7,6% sur un an).

Alors que le nombre d’inscrits en catégorie A (personnes n’ayant pas travaillé le mois précédent et à la recherche d’un emploi quel que soit le type de contrat) a baissé de 15,5% sur un an, pour représenter 76 730 personnes, la catégorie B est en très légère hausse sur un an (+0,1%, soit 21 050 demandeurs d’emploi), et la catégorie C en augmentation significative de 6,4% sur un an, pour représenter 42530 personnes.

Une partie des chômeurs inscrits en catégorie A ont ainsi versé dans les deux autres catégories, selon un effet de vases communicants.

Chômeurs responsables ?

Cela illustre pour les syndicats l’explosion des contrats précaires : ces catégories, en particulier la C, « rassemblent des personnes en emploi à temps partiel subi ou ayant des conditions de travail défavorables, qui les conduisent à se maintenir comme demandeur d’emploi et à la recherche d’un autre poste », voire même des CDD sans perspective durable, expliquait au Monde Anne Fretel, maîtresse de conférences à l’université Paris-VIII.

Face à l’augmentation des radiations et à une « très large détérioration des emplois proposés », AC! Gironde demande « l’arrêt immédiat des contrôles et des radiations », « l’indemnisation de toutes les formes de chômage », un « revenu garanti inconditionnel à hauteur du Smic avec ou sans travail », ainsi que la réduction du temps de travail à 32 h.

Le 9 novembre 2021, lors d’une allocution télévisée Emmanuel Macron a au contraire annoncé le durcissement des contrôles des chômeurs, arguant de la suspension des allocations pour ceux « qui ne démontreront pas une recherche active d’emploi et l’acceptation d’une offre raisonnable d’embauche ». Une décision politique qui, pour Joëlle Moreau d’AC! Gironde, laisse « croire que les chômeurs sont responsables du chômage ».

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