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Les bacs en inox des cantines bordelaises seront d’abord lavés à Avignon

Une convention signée par le Sivu Bordeaux-Mérignac avec la société Uzaje prévoit le lavage par cette dernière de bacs en inox, utilisés dans le cadre de la restauration scolaire. L’opération impliquera deux allers-retours entre Bordeaux et Avignon par semaine, en camion, pour transporter les bacs jusqu’à l’unité de lavage. Le groupe d’opposition au conseil municipal Bordeaux Ensemble critique un « non-sens écologique et économique », la municipalité évoque une expérimentation de seulement six semaines, avant l’installation de l’unité de nettoyage d’Uzaje en Gironde.

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Les bacs en inox des cantines bordelaises seront d’abord lavés à Avignon

« Le groupe Bordeaux Ensemble s’étonne du décalage flagrant entre les discours écologistes du maire et la réalité des décisions prises », a ainsi déclaré le groupe présidé par Nicolas Florian, ce lundi 17 février, par voie de communiqué.

Et pour cause, l’unité de nettoyage de l’entreprise Uzaje, spécialisée, entre autre, dans le lavage de bacs en inox, est localisée à Avignon. L’opération s’effectuera dans le cadre d’une convention, établie entre le Sivu – syndicat intercommunal gérant la restauration collective de Bordeaux et Mérignac – et cette entreprise de l’ESS, le 22 décembre dernier.

« Un bilan carbone largement négatif »

La mairie se félicitait alors de ce partenariat noué avec une entreprise qui opère la transition vers les emballages durables, le Sivu utilisant jusque récemment des contenants en plastique, suspects de diffuser des perturbateurs endocriniens après avoir été chauffés.

Ces bacs en inox devront toutefois être enlevés deux fois par semaine et transportés à près de 600 km de Bordeaux, à Avignon, pour leur nettoyage. Le transport s’effectuera en camion, poussant le groupe d’opposition Bordeaux Ensemble à crier au « non-sens écologique » :

« Il est manifeste que cette mesure annoncée par la municipalité comme un progrès écologique masque, en réalité, un bilan carbone largement négatif, à rebours des discours du Maire et de sa majorité. »

C’est aussi un « non-sens économique » pour le groupe de l’ancien maire Nicolas Florian, qui évalue le coût de l’opération à 100 000 euros, et le met en rapport avec le fait que « des milliers de familles bordelaises ont été contraintes à la préparation de repas froids jusqu’aux vacances de février. »

« Il faut qu’on passe au bac inox »

« Une fausse polémique », réplique la majorité. Elle explique qu’il s’agit là d’une expérimentation de seulement six semaines entre mars et avril. Et ce, afin d’être en conformité avec les lois, qui imposent d’utiliser du réemploi (des bacs inox ou des bac en verre) dans les cantines. Via la convention, et dans un objectif de santé environnementale et de réduction des déchets, le Sivu achète des bacs afin de pouvoir les tester.

Jusqu’à présent, la cuisine centrale cuisait sous-vide dans des poches en plastique, et distribuait les repas dans des barquettes, en plastique également. En 2020, celles-ci ont été remplacées par des barquettes en cellulose, jetables, qui ne peuvent donc être qu’une solution intermédiaire. Delphine Jamet préside le Sivu, et elle est catégorique : « Il faut qu’on passe au bac inox. »

Avec 23 000 repas par jour au Sivu, le nombre conséquent de bacs en inox nécessaire implique la présence, sur le territoire de la métropole, d’une petite usine de lavage. En attendant que celle-ci voit le jour si l’expérimentation est concluante, Uzaje utilisera sa chaîne de lavage d’Avignon, en capacité de répondre aux besoins du territoire de la métropole.

« L’expérimentation est faite de façon hyper globale et cohérente, pour faire en sorte d’avoir un processus qui soit complètement viable sur le long terme, explique Delphine Jamet. C’est une question de santé publique. »

Phase test

L’un des enjeux principaux de cette étape de prospective est l’implantation d’une usine en Gironde, et de faire en sorte qu’il n’y ait pas cette logistique urbaine qui aille jusqu’à Avignon. Une usine qui serait de la même nature que celle d’Avignon, d’où le choix d’y effectuer les tests. En effet, effectuer ces tests dans des laveries de plus petite taille n’aurait par exemple pas permis de réaliser autant de tests bactériens sur les bacs de conditionnement.

Par ailleurs, d’autres prestataires effectuant de la cuisine centrale, à l’instar du CHU, vont à terme devoir passer des barquettes jetables aux barquettes réutilisables, à laver. La métropole a ainsi été alertée sur ce sujet : le service de développement économique doit accompagner les porteurs de projet pour s’implanter sur le territoire, avant l’apparition d’un marché public d’externalisation du processus de lavage.

Delphine Jamet voit donc cette convention en recherche et développement comme une grande avancée vers un mode de consommation plus sain et sécuritaire pour les enfants, au sein des cantines.

« L’innovation va faire en sorte qu’on offre de meilleurs conditions à nos élèves, afin qu’ils mangent dans des choses plus saines. Je ne vais pas mettre la santé des enfants en risque pour quelques allers retours à Avignon sur une phase de test. »

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